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- in 2010 with funding from
- University of Ottawa
- http://www.archive.org/details/ilfiorepomeitaOOdant
- IL FIORE
- Montpellier^ Imprimerie centrale dii Midi .
- 1^^\t>s,
- PUBLICATIONS SPÉCIALES
- DE LA SOCIÉTÉ E^OUR L'ÉTUDE DES LANGUES ROMANES
- NEUVIEME PUBLICATION
- IL FIORE
- POÈME ITALIEN DU XIIl'^ SIÈCLE, EN CC XXXII SONNETS
- IMITÉ DU ROMAN DE LA ROSE
- PAR DURANTE
- Texte inédit publié avec fac-similé. Introduction et Notes
- PAR FERDINAND CASTETS
- Professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier
- Membre de la Société pour l'Étude des Langues romanes
- MONTPELLIER
- AU BUREAU DES PURLICATIONS
- DE LA SOCIÉTÉ POUR l'ÉTUDE DES LANGUES ROMANES
- M DCCC LXXXI
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- IL FIORE
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- Montpellier, ImprimenV centralp du Midi.
- IL FIORE
- POEME ITALIEN DU XIII'' SIÈCLE
- En ce XXXII Sonnets
- IMITÉ DU ROMAN DE LÀ ROSE
- PAR DURANTE
- Texte inédit publié avec fac-similé, Introduction et Notes
- PAR FERDINAND CflSTETS
- Professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier
- Membre de la Société pour l'Etude des Langues romanes
- PARIS
- MAISONNEUVE ET 0% ÉDITEURS
- 25. Quai Voltaire, 55
- M DCCC LXXXl
- PRÉFACE
- La bibliothèque de la Faculté de médecine de Mont-
- pellier possède un manuscrit provenant du fonds du prési-
- dent Bouliier, coté H 438 et intitulé « Bornant de la Rose,
- par M. Jean Mehun. — Sonnets et chansons en vers du dict
- Romant, » C'est un petit in-4o de 139 feuillets. Il est formé
- de deux cahiers d'origine différente. Le premier (parche-
- min), comprenant 110 feuillets, est un texte du Roman delà
- Rose écrit sur deux colonnes, sans autre ornement que des
- lettres coloriées au commencement des chapitres ; il est
- tout entier d'une même main, est à peu près complet et
- paraît dater du XIV siècle. On a relié et paginé à la suite
- le manuscrit italien (vélin) dont je reproduis le texte. Les
- 232 sonnets y sont contenus à raison de quatre à la page ;
- l'écriture est élégante plutôt que régulière, en général
- lisible, bien que jaunie par le temps. Chaque sonnet com-
- mence par une majuscule coloriée et porte un titre dis-
- tinct, sauf le premier et les vingt-quatre derniers, où la
- place pour le titre est restée en blanc. L'écriture semble
- du XV^ siècle. L'ouvrage n'a pas de titre ; j'ai proposé celui
- de II Fiore, parce que dans le texte il est toujours question
- d'une fleur et jamais d'une rose. Trois vers entiers et une
- fin de vers, dont la lecture offrait sans doute trop de diffi-
- culté, ont été laissés en blanc.
- On trouve dans le catalogue général des bibliothèques
- •les départements quelques détails sur ces sonnets qui suf.
- firent à M. A. d'Ancona, Tillustre auteur de publications
- concernant les premiers siècles de la littérature italienne,
- pour reconnaître que le manuscrit 438 contient une rédac-
- tion italienne, un rifacimento du Roman de la Rose. D'autres
- indications que lui fournit M. de Andreis, consul du royaume
- d'Italie à Montpellier, le confirmèrent dans cette opinion,
- et il songea à éditer un texte dont personne avant lui
- n'avait soupçonné l'importance. Mais, si la bibliothèque
- est ouverte à tous, le règlement ne permettait pas que les
- manuscrits fussent prêtés au dehors, ni surtout exposés aux
- dangers d'un voyage. M. d'Ancona, ne pouvant venir à
- Montpellier, s'entendit avec M. le professeur E. Monaci,
- directeur du Giornale di filologia romanza^ auteur de la
- précieuse édition du Canzoniere 'portoghese^ en vue d'ob-
- tenir une copie des sonnets par l'intermédiaire de la So-
- ciété pour l'étude des langues romanes. C'est ainsi que
- le Comité décida, sur la proposition de son secrétaire,
- M. Roque-Ferrier, non seulement d'offrir à MM. d'Ancona
- et Monaci une copie de ce texte, mais encore de le faire
- paraître à ses frais dans ses publications spéciales. En at-
- tendant, M. Monaci publia dans le Giornale di filologia ro-
- manza {jnìWet 1878), un article oìi, après avoir dit ce qui
- précède et annoncé qu'une fois la copie reçue il en prépa-
- rerait l'édition en collaboration avec son ami M. d'Ancona,
- il donnait les titres de tous les sonnets et le texte des trois
- premiers et du dernier, texte fourni par M. le professeur
- Boucherie.
- Nouveau venu à Montpellier et dans la Société, j'ignorais
- ce projet dont diverses circonstances avaient ajourné la réa-
- lisation, et c'est ainsi que je me suis engagé dans la publi-
- cation d'un texte qui me semblait mériter d'être rendu à la
- lumière,mais dont la lecture et la reproduction n'étaient pas
- VII
- sans offrir des difficultés nombreuses. Une fois renseigné,
- je me suis empressé de me mettre en rapport avec MM.
- d'Ancona et Monaci. Si par un scrupule devant lequel j'ai
- dû m'incliner, ils n'ont pas consenti à reprendre une part
- principale dans une publication déjà commencée en dehors
- de leur concours, ils n'ont pas refusé de s'j intéresser.
- La lecture du texte a suggéré à M. d'Ancona des remar-
- ques qu'il a bien voulu me communiquer, et auxquelles
- M. Monaci a eu l'obligeance d'ajouter les siennes: ils
- m'ont autorisé à publier ces notes avec les miennes, et l'on
- trouvera naturel qu'elles soient restées en italien. Il est à
- peine besoin de dire que les corrections proposées ne ten-
- dent point à résoudre incidemment la question encore pen-
- dante des rimes qui nous paraissent inexactes; la critique
- se décidera, quand elle aura sous les yeux un plus grand
- nombre de documents où les leçons des manuscrits soient
- fidèlement reproduites ; mais c'est rendre service au lecteur
- que d'indiquer, dans un texte qui lui est complètement nou-
- veau, les points qui présentent quelque difficulté, et de lui
- offrir d'abord une solution acceptable.
- Qu'il me soit permis d'adresser ici mes remerciements à
- MM. d'Ancona et Monaci pour leur collaboration officieuse
- à la publication de ces sonnets, qui, inspirés à un Italien,
- il y a six cents ans, par la lecture d'un roman français,
- reparaissent aujourd'hui en France avec l'appui et les
- encouragements de la science italienne.
- Montpellier, 20 février 1881.
- INTRODUCTION
- En dépit de fautes matérielles dues à l'inattention du copiste ou
- au mauvais état du manuscrit qu'il avait sous les yeux, le texte des
- Sonnets de la Fleur est évidemment toscan. C'est une œuvre du
- bon siècle, et ni les archaïsmes, ni les gallicismes qu'elle contient,
- ne surprendront les amateurs de l'ancienne littérature italienne.
- Le plan que s'est tracé l'auteur est fort simple : tandis qu'un An-
- glais, qui n'est probablement pas Chaucer, entreprend une traduc-
- tion complète et la laisse inachevée, le poëte italien condense en
- 3248 vers l'histoire de la conquête de la Fleur. Les descriptions,
- les récits mythologiques, les digressions philosophiques disparais-
- sent, mais les discours et les dialogues, cette partie vraiment dra-
- matique et de beaucoup la plus intéressante du grand poëme,
- sont traduits ou résumés sans que rien d'important soit omis. Ami,
- Faus-Semblant, la Vieille prennent tour à tour la parole et nous ex-
- posent leur célèbres théories. Le discours de Faus-Semblant me
- semble traité avec un soin tout particulier, soit que l'auteur ait
- cru devoir cette faveur à l'habile homme qui trompe et occit Ma-
- lebouche, soit qu'il ait cédé au plaisir de reproduire, en le modifiant
- d'après ses préoccupations personnelles, ce long plaidoyer contre
- l'hypocrisie et les Frères mendiants. Les personnages sont d'ailleurs
- tous conservés, à l'exception de Nature et de son chapelain Genius.
- Bel-Acuel devient une jeune fille, Bellacoglienza, et gagne sûre-
- ment à la transformation.
- L'emploi du sonnet pour une œuvre aussi étendue paraît d'abord
- une sorte de gageure dont le résultat ne semble qu'à demi satis-
- faisant. I\Liis il ne faudrait pas s'en tenir à cette première impres-
- sion. Les Italiens, quand ils ont voulu sortir du genre lyrique, ont
- éprouvé d'abord quelque embairas. Les laisses monorimes de nos
- Chansons de geste n'avaient rien qui pût les séduire; les vers ri-
- mes deux à deux ne les satisfaisaient pas davantage. Ils ont, dès
- l'origine, voulujoindre à l'effet de la cadence et de la rime, dont les
- Français se sont contentés, celui d'un système de vers plus ou
- moins développé, ou de la strophe : de là les tercets de Dante et
- l'octave épique. Les sestine de Durante da Gualdo, l'auteur de la
- Leandra, dérivent également du besoin de remédier à la pauvreté
- prosodique de la langue : il est trop évident que rien dans la poésie
- moderne ne saurait être assimilé à la richesse de l'hexamètre an-
- tique. Le sonnet, ce genre italien par excellence, dont l'histoire
- remplirait des volumes, est une des premières combinaisons mé-
- triques qui furent essayées quand on voulut faire autrement que les
- Provençaux. La symétrie, la variété, une juste étendue, recomman-
- daient cette forme aux versificateurs habiles. Le mérite de la diffi-
- culté vaincue y est encore assez grand pour que les admira-
- teurs, alors si nombreux, du tour de force n'eussent point à récla-
- mer, et, d'autre part, les chaînes imposées à la pensée ne sont pas
- tellement lourdes qu'elle ne puisse les porter avec une certaine
- aisance. Nous y voyons le cadre d'une pensée forte ou tendre, une
- courte peinture : l'habitude des formes lyriques amena les Italiens
- à traiter en sonnets toutes sortes de sujets. « Guittone d'Arezzo a
- composé un dialogue de six sonnets entre le Poëte et sa Dame, qui
- n'est qu'un échange d'invectives, et avec sa prolixité ordinaire il a
- déroulé toute une longue histoire d'amour en 32 sonnets (Son.
- 5-1-85), où s'entremêlent les dialogues avec la Dame, les protes-
- tations et les lamentations. Les dialogues dans un même sonnet,
- comme dans Valeriani 1, 312 ; II, 19 et 21, répondent aux coblas
- tensonadas des Provençaux (A. Gaspary, Die Sicilianische Dich-
- terschule des dreizehnten Jakrhunderls, p. 96). » Le même Guit-
- tone a tracé tout un art d'aimer en sonnets (173-198, sauf 183-185,
- qui ont été placés à tort en cet endroit : 185 est une répétition du
- son. 86 d'après un autre manuscrit ) ; on y trouve les règles de
- Taiiiour, la conduite que l'Amant doit tenir avec la Dame et son
- entourage, les moyens de gagner sa faveur, etc. ( Gaspary, 1. 1,
- p. 104-105). Le sonnet, d'ailleurs, sert à exprimer non-seulement
- la passion amoureuse, mais aussi des pensées et des sentiments
- d'une nature plus énergique. Dans le manuscrit 3793 du Vatican,
- que MM. D'Ancona et Comparetti ont pris pour base de leur re-
- marquable édition des Antiche rime volgari, l'on a toute une col-
- lection de sonnets politiques dus à des Florentins du XIIl*^ siècle
- (v. Gaspary, 1. 1, p. 22-23 ). C'est surtout en Toscane que le son-
- net est ainsi employé à des usages si divers, et c'est aussi un
- XI
- Toscan qui a eu l'idée d'écrire une imitation du Roman de la Rose
- en deux cent trente-deux sonnets.
- Je n'irai pas jusqu'à dire que le succès ait complètement justifié
- l'entreprise. Ce n'est pas que cette strophe de quatorze vers soit
- par elle-même d'une monotonie trop fatigante, mais elle est un
- cadre tantôt trop long, tantôt trop court, et, quand l'auteur tra-
- duit, elle ne s'adapte pas toujours exactement au texte français
- correspondant. En général, chaque sonnet contient la matière d'un
- développement indépendant : si elle ne suffit pas à remplir les
- tercets, le poëte amplifie, ajoute ou bien emprunte ailleurs, et
- quelquefois fort loin. Un coup d'œil jeté sur les notes permettra
- de constater des exemples nombreux de l'emploi de ces divers
- procédés.
- J'avais cru d'abord n'avoir affaire qu'à une simple traduction
- du Roman de la Rose ; mais j'ai été détrompé, dès que j'ai voulu
- établir la concordance des sonnets et de l'original français. 11
- est à remarquer que, dès le commencement du poëme, l'auteur
- italien semble tenir à affirmer sa prétention à une certaine indé_
- pendance. Guillaume de Lorris débute ainsi :
- Aris m'ert que il ere mains.
- Il a jà bien cinq ans hui mains,
- Qu'en May estoie, si sonjoie,
- El tenz amourous plein de joie, etc.
- Au contraire, dans le premier sonnet, il n'est parlé aucunement
- d'un rêve :
- Lo dio d'amor con su' arco mi trasse, etc.,
- et au sonnet 111 il est dit, peut-être par allusion à un souvenir per-
- sonnel du poëte :
- Del mese di Gienaio e non di Magio
- Fu, quand' i' presi Amor a signioria, etc.
- 11 y a bien quelque originalité et quelque mérite à refuser de
- commencer un poëme allégorique par un songe et à s'interdii'e
- une description du printemps .
- L'auteur italien possédait admirablement l'œuvre qu'il voulait
- faire passer dans sa langue ; il n'est pas une expression saillante,
- un trait heureux qu'il n'ait notés et qu'il n'ait essayé de s'approprier.
- Les fréquentes transpositions dont j'ai parlé déjà en sont la
- preuve ; je les ai indiquées partout où j'ai pu les constater; ainsi,
- VI, 1 ; Vlll ; XXVll, 5-8, 12-14 ; XXXIII ; LI, 5-14, etc. La
- xn
- langue est celle des premiers poètes italiens, formée à l'école des
- troubadours, et d'autant plus propre à traduire le Roman de la
- Rose, dont la phraséologie amoureuse est certainement d'origine
- provençale, Cà et là j'ai relevé des formes grammaticales, des
- locutions, des détails de style, qui sont la marque du XIII^ siècle:
- j'ai souligné telle pensée qu'avait exprimée déjà un troubadour, ou
- que l'on rencontre chez quelque poëte italien ancien. Je n'ai pas
- voulu multiplier à l'infini ces remarques et ces rapprochements.
- Qu'il me suffise de dire que j'aurais pu reproduire à peu près
- toutes les notes du premier volume du recueil de Nannucci. Je me
- permets d'insister sur ce fait, parce qu'à lui seul il me paraît
- prouver que ce texte date certainement du XIIP siècle.
- Les rapprochements de nature littéraire sont plus fréquents dars
- les premières notes; en voici la raison. Je crois que l'on peut dis-
- tinguer dans les sonnets deux parties fort différentes. La première
- répond au poëme de Guillaume de Lorris et se termine à peu près
- avec le S. XXXIII. Les idées et les sentiments appartiennent au
- genre erotique, et l'auteur y parle tout naturellement la langue des
- poètes provençaux, siciliens et toscans, qui ont célébré le fin et loyal
- amour. Dès que commence l'œuvre de Jehan de Meung, les pen-
- sées et la langue de l'original présentent à l'imitateur un modèle
- dont il n'était pas facile de conserver, surtout dans une suite de
- sonnets, l'aisance spirituelle et railleuse. Il n'avait guère autour
- de lui d'exemple de cette sorte. Les discours d'Ami, de Faus-Sem-
- blant et de la Vieille remuent un monde d'idées et de sentiments
- pour lesquels il fallait trouver pour la première fois en toscan l'ex-
- pression convenable et juste. Reproduire en vers des développe-
- ments aussi considérables et de nature si complexe, ne pouvait
- être tenté avec quelque chance de succès que par un homme con-
- naissant à fond toutes les finesses du français et toutes les res-
- sources de l'italien. Pour apprécier à leur juste valeur les efforts
- que l'auteur a dû s'imposer, il faudrait comparer son style, non à
- celui de la Divine Comédie, mais à celui du Tesoretto .On a là deux
- imitations du Roman de la Rose, l'une indépendante, l'autre plus
- fidèle. La partialité d'un éditeur l'aveugle trop aisément pour
- qu'il me soit permis de déclarer mes préférences. On comparera
- sûrement ces deux œuvres etl'on jugera. Avec tous ses défauts, ses
- lourdeurs, ses gallicismes, ses constructions pénibles, le Roman
- de la Fleur n'en est pas moins une œuvre dont l'histoire littéraire
- de l'Italie devra désormais tenir compte. Sila langue rappelle sou-
- XIII
- vent celle de l'Intelligenza, Tauteur des sonnets est un autre es-
- prit et un autre écrivain que celui à qui l'on doit cette fastidieuse
- composition.
- Nul plus que moi n'apprécie le charme de Guillaume de Lorris,
- la vigueur et la variété de Jehan de Meung. Mais je ne puis m'em-
- pêcher de voir daus Fitalien des sonnets une allure facile et natu-
- relle, une harmonie et une délicatesse qui dénotent un poëte. Le
- trente-troisième me paraît le plus remarquable; le sujet est le dé-
- sespoir de l'amant :
- Quand" i' vidi i marosi si 'nforzare
- Per lo vento a Provenza che ventava,
- C alberi e vele e ancole fiachava,
- E nulla mi valea il ben governare.
- Fra me medes(i)mo comincia' a pensare
- Ch' era follia se più navicava,
- Se quel mal tempo prima non passava
- Che dal buon porto mi faciea lungiare.
- Si eh' i' allor m'ancolai a una piagfgjia,
- Vegiendo eh' i' non potea entrar in porto :
- La terra mi parea molto salvaggia.
- Ivi vernai co[n] molto disconforto.
- Non sa che mal si sia, chi non asaggia
- Di quel d'amor, ond' i' fu' quasi morto.
- Tout ce sonnet est conçu en vue d'amener les deux derniers
- vers, qui traduisent un beau passage du texte français :
- Nulz n"a mal qui amors n'essaie :
- Ne cuidez pas que nulz connoisse.
- S'il n'a amé, qu'est grant angoisse.
- Mais la comparaison de l'amant à un marin emporté par la
- tempête et jeté sur une plage déserte, appartient en propre à l'au-
- teur italien.
- A certains endroits, au milieu d'un développement assez terne,
- le poëte jette un mot qui peint. Ainsi, là où Jehan de Meung, après
- avoir tâtonné, résume sa pensée en un proverbe :
- La robe ne fait pas le moine,
- l'italien fournit un équivalent qui n'est pas sans mérite :
- E ciascun dicie eh" è religioso
- XIV
- Perchè vesta disopra grossa lana,
- E '1 morbido bianchetto tien nas'oso ( S. XC }.
- Quand l'abominable Vieille fait la leçon à Bel-Acuel et lui
- peint la sécurité de l'amant trompé, on est tout surpris de ren-
- contrer ces deux vers :
- Ne non si givarderà de la fallacie
- In che la volpe .91 riposa e giacie ( S. CLXXXU ).
- Le second est d'une tournure épique et fait songer au vers
- gi-andiose de Dante:
- A guisa di leon quando si posa.
- Dans le combat entre les partisans et les adversaires de TAniant
- (S. CCXIII), la mêlée est décrite avec une vigueur extr-ème :
- E gli altri, eh" eran tutti lassi e vani,
- Ciascun si levò suso, e sì s'aferra
- A quella zuffa, come fosser cani.
- L'ordre des rimes est A B B A : fra Guittone n'en offre qu'un
- exemple authentique, et il paraît n'avoir prévalu que vers la fin du
- XIIP siècle ( V. Gaspary, 1. 1, p. 13, note).
- L'auteur s'appelait Ser Durante / il a eu soin de le dire lui-
- même (S. LXXXII et CCIi), mais quel est ce Durante ? A quelle épo-
- que vivait-il? On ti'ouve dans les Cantilene e Ballale publiées par
- M. Carducci un madrigal attribué à Ser Durante da San Miniato:
- je le reproduis pour ceux qui n'auraient pas le livi'e sous la main :
- Ne morte né amor, tempo né stato,.
- Ne vostra crudeltà potrien far ch' io
- Altra donna mettessi nel cor mio.
- Ne' primi tempi di mie giovinezza
- Com' amor volse, donna, vostro fui :
- E s' io mostrai d' altra aver vaghezza,
- Fecil per tòr di noi '1 mal dir d'altrui :
- Ond' io vi giuro, solo per colui
- Le cui saette non curate un fio,
- Ch' altra che voi di me non può dir mio.
- Ce morceau est fort délicat, mais j'aurais quelque peine à y re-
- connaître la manière de l'auteur des Sonnets. Du reste, la phraséo-
- logie amoureu-e des poètes anciens est une gêne quand il s'agit
- d'attribuer quelqu'une de ces petites pièces, qui semblent toutes
- inspirées par les mêmes sentiments et jetées dans le même moule.
- De prime-aboi'd, le fait que les biographes anciens regardent
- Dante comme une forme abrégée de Durante (Fraticelli, Vita di
- Dante, p. 96, n. 2), les détails si nouveaux et si importants que
- nous avons au sonnet XCII sur Sigier de Brabant, enfin cette cu-
- rieuse rencontre que le seul de ces sonnets qui soit déjà connu en
- Italie (S. XCVII, v. les notes) est attribué à Dante par un ma-
- nuscrit, m'avaient fait songer à l'auteur de la Divine Comédie. Par
- une autre coïncidence qui n'est pas non plus sans intérêt, le per-
- sonnage que Falsosembiante prend pour type du moine hypocrite
- et rapace, est un frate Alberto (S. LXXXVIII, 13, CXXX, 3).
- Or, parmi les sonnets attribués à Dante, j'en rencontre un où il est
- parlé aussi de frati A Iberti.
- Messer Brunetto, questa pulzelletta,
- Con esso voi si vien la pasqua a fare ;
- Non intendete pasqua da mangiare,
- Ch' ella non mangia, anzi vuol esser letta.
- La sua sentenza non richiede fretta.
- Né luogo di romor, né da giullare.
- Anzi si vuol più volte lusingare,
- Piima che in intelletto altrui si metta.
- Se voi non la intendete in questa guisa,
- In vostra gente ha molti frati Alberti,
- Da intender ciò eh' è pòrto loro in mano.
- Con lor vi restringete ' senza risa,
- E se gli altri de" dubii non son certi,
- Ricorrete alla fine a Messer Giano.
- Comme le dit M. Fraticelli ( Canzoniere, p. 273), ce sonnet,
- qu'il ne croit pas de Dante, semble adressé à Brunetto Latini, à
- qui l'auteur offre une composition que représente la Fulzelletta.
- En examinant de plus près le texte, nous voyons que l'œuvre
- dont il s'agit peut être entendue de deux façons différentes, l'une
- plus élevée, plus difficile ; l'autre, plus simple et tout à fait à la
- portée des frati Alberti. On sait que la scolastique avait accou-
- tumé les esprits à rechercher le sens spirituel, moral, mystique,
- allégorique, etc., à côté du sens littéral. La Commedia est un
- exemple où un génie immense triomphe des défauts d'un genre
- détestable. Le Roman de la Rose, dont .Jehan de Meung, élargis-
- ' Cf. S. VI, V. 5.
- XVI
- sunt le cadre tracé par son prédécesseur, a réellement voulu faire
- l'eneyclopédie de son siècle, a toujours été considéré comme de-
- vant être entendu de diverses manières.
- Dans la préface de son remaniement du poëme, ou « Exposition
- morale du Romant de la Rose », Clément Marot voit successive-
- ment dans la Rose « Testât de sapience. Testât de grâce, la glo-
- rieuse Vierge Marie, le souverain bien, la Rose que la reine de
- Saba présenta à Salomon. — Les philosophes naturelz et moraux
- y peuvent apprendre; les théologiens, les astrologues, les géomé-
- triens, les architectes, les faiseurs de mirouers, paintres et aultres
- genz naiz soubz la constellation et influence des bons astres,
- ayans leur aspect sur les ingénieux et autres qui désirent scavoir
- toutes manières d'ars et de sciences. » Comme le dit M. Nisard
- dans son examen si équitable du Roman de la Rose ( Histoire de
- la littérature française, 1, p. 134 et suiv.), en parlant des criti-
- ques de Gerson, qui furent réfutées par des conseillers et des se-
- crétaires du roi : « L'admiration pour Jean de Meung était presque
- une religion d'Etat. On le qualifiait de très-excellent et irrépré-
- hensible docteur en sainte divine Escriture, haut philosophe, et
- en tous les sept arts libéraux clerc très-profond. »
- Par ce temps d'allégorie et de subtilité à outrance, il est tout
- naturel qu'un des amis de Messer Brunetto lui ait adressé une
- composition allégorique dans le genre du Tesoretto.Mais à quelle
- autorité, à quel interprète d'énigmes l'auteur renvoie-t-il son ami,
- dans le cas où celui-ci serait arrêté par Tobscurité du problème?
- A Messer Giano. Or, si j'en crois Grescimbeni, Giano est un di-
- minutif de Giovanni aussi bien que de Torrigiano . Peut-être
- trouvera-t-on que je m'obstine à vouloir éclaircii' ce qui ne peut
- l'être avec les ressources dont je dispose, mais la rencontre n'en
- est pas moins singulière. Qui peut mieux que Jehan de Meung
- résoudre les difficultés d'une allégorie, et en particulier celles que
- présente l'interprétation mystique ou morale des sonnets ? Le sens
- littéral est certainement erotique ; mais qui prouve que Tautem*
- n'a pas eu l'ambition de mettre dans la conquête de la Fleur autre
- chose que la recherche de la volupté ? En un mot, je ne puis m'em-
- pêcher de remarquer que ce sonnet, avec sa double allusion aux
- frati Alberti et à Messer Giano, serait la préface la plus natu-
- relle des Sonetti de Ser Durante.
- La langue et le style, les allusions historiques font de Durante
- un contemporain de sou compatriote Brunetto. 11 est antérieur à
- xvn
- la date de la composition de la Divine Comédie. C'est un de ces
- épicuriens du XIIP siècle, tels que furent Farinata degli liberti et
- Guido Cavalcanti, et dont Dante, pendant sa jeunesse, a été moins
- éloigné que ne le ferait supposer la piété exaltée de son grand
- poëme. Sans insister sur son intimité avec Guido Cavalcanti, n'est-
- il pas vrai qu'il avoue avoir commencé par mener une \'ie assez
- légère, lorsqu'il dit à Forese (Purgat. XXIII) :
- Se ti riduci a mente
- Quai fosti meco e quale io teco fui.
- Ancor fia grave il memorar presente ?
- Entre le Roman de la Rose et la Divine Comédie les analogies
- sont nombreuses. Dante n'a pas connu seulement le Tesoretto,
- il s'est inspiré souvent du poëme français. L'idée mère de son
- œuvre, la conception d'une allégorie immense, où rien n'est omis
- de ce qui peut intéresser l'humanité, est empruntée à Jehan de
- Meung. L'action elle-même des deux poëmes peut être ramenée
- à une même pensée : compris d'une façon élevée et noble, le Ro-
- man de la Rose est-il autre chose que la conquête, poursui-
- vie à travers mille obstacles, d'un idéal adoré ? Entre ces deux
- monuments du moyen âge, il y a une sorte de ressemblance géné-
- rale que l'on sent mieux qu'on ne peut la démontrer, et dont l'im-
- pression s'afEaiblit quand on cesse de considérer l'ensemble.
- Cependant, en lisant les passages célèbres du Paradis, où Dante,
- afin de donner plus de poids et d'autorité à ses critiques, em-
- prunte la voix des personnages les plus saints pour censurer les
- ordres religieux qui ont dégénéré de leur institution, on sent, dans
- la véhémence rude et même triviale du langage, comme un écho
- du discours de Faus-Semblant. Lorsque, vers la fin du poëme, le
- pèlerin, qu'un moment sépare encore de l'extase où le plongera
- la vue de l'infini, prélude à ce ravissement en s'absorbant dans la
- f'outemplation de la rose formée des âmes saintes et sur laquelle
- rayonne la gloire céleste, on est tenté de voir dans cette fleur
- sacrée comme une réminiscence épurée de la Rose profane.
- Il y a dans l'ancienne littérature italienne toute une série
- d'œuvres où l'on retrouve la marque de l'influence du Roman de
- la Rose : le Tesoretto, l'Intelligenza, les Documenti d'Amore, le
- Reggimento delle donne, la Commedia (Cf. Bartoli, /p-/»u' cfî^e
- secoli della letteratura italiana, e. IX) ; mais l'on ne coonaissaìt
- pas de franche imitation du poëme de Guillaume de Lorris et de
- xvin
- Jehan de Meung; il y avait là une lacune que viennent remplir
- les sonnets de Durante.
- Ici se présentent plusieurs questions. Ce nom de Durante ne
- serait-il pas un pseudonyme? Pourquoi ces sonnets ont-ils disparu,
- sauf un, et encore fort maltraité, et se retrouvent-ils par hasard
- dans un manuscrit conservé en France?
- 11 me semble que la première question est insoluble, car, après
- tout, si l'auteur ne voulait pas être connu, il n'avait qu'à ne point
- se nommer, et, d'auti'e part, on peut opposer à ce raisonnement
- le désir qu'a toujours un auteur de marquer son œmTe d'un signe
- qui lui permettra, le jour venu, d'en revendiquer la paternité. Sous
- Durante pourrait se cacher un Dante. J'ai relu avec soin ce que
- nous avons de Dante da Maiano, dont la réputation ne paraît nul-
- lement justifiée par ses sonnets et ses canzones. J'ai marqué dans
- les notes certaines ressemblances qui m'ont frappé (v. surtout
- S. XXXIll ). 11 y a de l'analogie entre ces deux esprits ; tous
- deux sont mâles et hardis. Si cette attribution pouvait être dé-
- montrée, les sonnets deviendraient sûrement le plus beau titre de
- Dante da Maiano, et l'on serait moins surpris de le voir accepté
- comme un égal par les poëtes distingués dont nous savons qu'il
- fut l'ami, et parmi lesquels on ne peut oublier son illustre homo-
- nyme.
- Pourquoi les Sonnets ont-ils fini par disparaître du nombre des
- œuvres connues et régulièrement reproduites ? 11 y a à cela deux
- raisons. L'amour platonique, à partir de Pétrarque, est le seul qui
- soit en estime, et l'on comprend qu'une période poétique, dont la
- délicatesse molle et raffinée devait produire la Bella Mano, ait
- laissé peu de lecteurs aux allégories sensuelles de l'imitateur du
- Roman de la Rose. En second lieu, le ton irréligieux des Sonnets,
- les attaques contre les moines qui s'y étalent audacieusement,
- n'étaient pas propres à en assurer la conservation. Ce que dit
- M. Borgognoni du sonnet XCVll ( v. les notes) est peut-être vrai
- du recueil tout entier. Les crimes de ce poëme erotique étaient
- en effet nombreux. Falsembiante ne se borne pas à flétrir la mea- '
- dicité des moines et à condamner les papes qui l'autorisent ; il
- déclare ouvertement que, si l'on ne veut acheter ses bonnes grâces,
- il recourra à l'Inquisition ( l'idée y est, si le mot n'y est pas );
- quo le coupable, pieux ou non, sera cruellement châtié (S. CXXVI.
- V. les notes ):
- XIX
- Né non si fidi già in Escrittuie,
- Che saccian che co' mie' mastri divini
- r proverò ched e' son Paterini,
- E farò lor sentir le gran calure.
- Od i' farò almen che fien murati,
- darò lor si dure penitenze,
- Che me' lor fora che non fosser nati.
- Mais on pourrait ne voir là qu'une traduction. Il ajoute, pour
- que l'on ne s'y trompe pas :
- A Prato ed a Arezo e a Firenze
- N'ù io distrutti molti e iscacciati.
- Dolente è que' che cade a mie sentenze.
- Enfin pourquoi va-t-il parler si franchement de la condamnation
- de Sigier (S. XCII. V. les notes), dont le Roman de la Rose n'avait
- pas dit un motet que Dante se borne à indiquer en termes vagues,
- si vagues que personne ne les a pu comprendre ?
- Mastro Sighier non andò guari lieto.
- A ghiado il fé' morire a gran dolore,
- Nella corte di Roma, ad Orbivieto.
- Voilà bien des imprudences, et en ce temps-là on les payait
- cher, à en juger par ce pauvre Cecco d'Ascoli, auteur d'un très-
- mauvais poëme, V Acerba, qui fut accusé de cultiver l'astrologie
- et déféré à l'Inquisition. Il fut brûlé vif en 1327 (v. Villani, Storie,
- X, 39). Il est amusant de voir lebonMaffei, s'appuyant de l'auto-
- rité de Tiraboschi et de Mazzuchelli, expliquer gravement que, si
- Cecco dut monter sur le bûcher, c'est que son tempérament médi-
- sant l'avait induit à déprécier dans l'Acerba le talent de Guido
- Cavalcanti et de l'Alighieri.
- 11 y a dans tout cela des raisons très-capables de contre-ba-
- lancer la popularité, qui est rarement refusée aux œuvres légères,
- et qui n'a pas dû manquer à la première publication de l'histoire
- de l'Amant et de la Fleur. La notoriété du sonnet XCVII est
- comme un reste de ce succès. Mais en des temps où l'imprimerie
- n'existait pas, le nombre des exemplaires était nécessairement
- petit ; et, si l'ouvrage était mal noté, si les uns croyaient faire
- œuvre pic en l'effaçant du parchemin, si les autres n'osaient pas
- en encourager la reproduction, ce nombre allait diminuant tous les
- jours. A certains endroits de l'histoire romaine, on rencontre de
- XX
- vastes lacunes dont il faut accuser, non le temps qui détruit moins
- qu'on ne le croit, mais le zèle mal entendu des hommes. 11 en a
- été de même pour les sonnets de la Fleur : ils ont disparu peu à
- peu d'Italie, et ni Crescimbeni, ni Tiraboschi n'ont eu à les men-
- tionner. Ils se sont conservés en France dans un manuscrit unique,
- cousu à la fin du Roman de la Rose, à l'abri derrière les vingt
- et un mille vers qui le précèdent et protégé par la difficulté de le
- déchiffrer contre toute curiosité dangereuse.
- On trouvera relevés dans les notes les passages qui m'ont
- paru jeter quelque lumière sur les opinions et le caractère de
- l'auteur . Peut-être dans l'allure quïl affecte à l'égard des choses
- et des personnes qui tiennent à la religion, y a-t-U plus de gaieté
- railleuse que de malveillance réelle et de scepticisme; cependant
- le X1I1« siècle est loin d'être un temps de foi calme et sereine. Si
- Durante n'est pas grossier comme Jehan de Meung, qui pousse
- par trop loin le droit d'appeler les choses par leur nom, si son
- langage est en général plus décent, il n'est pas plus respectueux
- que lui, et quelquefois il est plus agressif (v. S. V, 11-14; XVII,
- 8; XCVIII, 9-14; Cl, 7-9; CV, 6; CXV, 9 ; CXXVI, et notes).
- L'esprit du Roman de la Rose, qui nous échappe souvent parmi
- les longues digressions et les périodes interminables de l'immense
- poëme, ressort mieux et se dégage avec un relief plus aigu dans
- cette suite de petites pièces d'une tournure cavalière et leste . Du-
- rante a d'ailleurs tout l'air d'un gentilhomme dont la fortune a été
- entamée par ses prodigalités, qui tient la bourgeoisie en médiocre
- estime et ne s'intéresse nullement aux misères du menu peuple.
- C'est du moins ce que me semble indiquer la comparaison du son-
- net CXVIII (Cf. CXLII, 13 et note) et du passage correspondant
- de l'original.
- Je dois maintenant quelques explications sur la manière dont
- j'ai entendu ma tâche d'éditeur. On sait l'aspect que présentent
- ces vieux textes : les mots ne sont pas di\dsés; U n'y a aucun
- signe d'accentuation et de ponctuation; les abréviations sont sou-
- vent trompeuses. Encore si l'écriture avait la netteté des manuscrits
- latins et si le copiste avait toujours bien lu! Je me suis appliqué
- à reproduire exactement le manuscrit, et cette préoccupation m'a
- fait parfois- négliger, dans la correction des épreuves, des fautes
- d'accentuation et de ponctuation qu'il eût été facile de faire dispa-
- raître. J'ai fait deux ou trois corrections volontairement : elles
- sont entre crochets, etla leçon primitive est conservée en note. Çà
- XXI
- et Là ou trouvera quelque syllabe, quelque lettre en caractère ita-
- lique : cette indication souligne une faute évidente. Mais je de-
- mande au lecteur de ne pas négliger les notes, qui, rédigées après
- l'impression définitive du texte, contiennent un relevé fidèle de mes
- distractions propres aussi bien que de celles du copiste. Ces notes
- sont complétées par un erratum dont quelques cartons m'ont per-
- mis de diminuer la longueur.
- L'étude de l'orthographe du manuscrit m'entraînerait loin. On
- peut y relever les particularités suivantes :
- Dans les mots ou la consonne doit être doublée, comme donna,
- torri, basciasse, le copiste néglige très-souvent de la doubler,
- lors même que le sens et la rime l'exigent.
- Les formes Jio, hai, ha, hanno, sont écrites sans h : j'ai imprimé
- Ò, ài, à, anno.
- Les monosyllabes terminés par une liquide la perdent en géné-
- ral quand le mot suivant commence par une liquide. J'ai imprimé
- co et no pour « con » et « non » plutôt que co' et no', parce que
- ces deux mots reviennent à chaque instant et que le signe de
- l'apostrophe me semblait ici équivoque.
- Non devant un mot commençant par une voyelle devient en
- général nonn. J'ai eu le tort d'imprimer nonn' et parfois même de
- laisser passernon n'. L'orthogi^aphe nonn, comme M. Monaci me l'a
- fait remarquer, sans être encore acceptée partout, est la seule cor-
- recte. Elle repose sur cette observation que le renforcement de la
- consonne finale devant un mot commençant par une voyelle n'im-
- plique nullement l'élision d'un e euphonique. 11 en est de même
- pour la préposition in qui, devant une voyelle, devient souvent
- inn.
- Si le manuscrit néglige de doubler la consonne dans l'intérieur
- des mots, il a grand soin de la doubler en tête des mots précédés
- de certains monosyllabes. Voici la liste des principales de ces
- liaisons :
- allui, p. a lui, asse p. a se, atte p. a te, acciò p. a ciô, allor
- p. a loro, assua p. a sua, atlal p. a tal, affar p. a far, affé,
- affede p. a fe, a fede, affollia p. a follia, attavole p. a tavole, et
- même alle, assi, atti, p. ha le, ha sì, ha ti.
- chella p. chela, chelle p. che le', chellor p. che lor; chettu,
- Ghetti, p. che tu, cheti; checci p. che ci, chennoi p. che noi, chessì
- p. che sì, chiisse^. che se; chessin, chessia, chessarà, p. che son,
- XXII
- che sia, che sarà ; chessà p. che sa, cheffa p. che fa, chellacci p.
- che lacci, chessagio p. che sagio, chettusse' p. che tu sei.
- datle p. da te, classera p. da sera, etc.
- ella p. e la, elluiTp. e lui, eliu p. e tu, effosse p. e' fosse, essagia
- p, e sagia, etc.
- macciò p. ma ciò, mallui p. ma lui, raattu p. ma tu.
- chilla p. chi la, contrallei p. contra lei, intralle p. intra le,
- trallor p. tra lor.
- oifM p. tu, òtti p. ho ti.
- sellei p. se lei, seWw p. se tu, settua p. se tua, settussé' p. se
- tu sei, sellar p. se lor, sessai p. se sai.
- tutte p. tu te, ^Mfii p. tu ti, tuffai p. tu fai, lussai p. tu sai,
- tusse' p. tu sei, tussarai p. tu sarai.
- sied p. sì ci, siila p. sì la, stsse' p. si sei, sitti p. si ti.
- bello p. ben lo, etc., etc.
- Ces liaisons de mots avec renforcement de l'articulation indi-
- quent une prononciation qui s'est maintenue en Toscane, et qui
- constitue la contre-partie de cette fusion delà liquide finale et de la
- liquide initiale, sdoppiamento, que nous avons relevée plus haut.
- Les faire disparaître est impossible; mais j'avoue qu'elles dérou-
- tent d'abord le lecteur, et c'est précisément pour cela que je donne
- cette liste un peu longue, bien qu'incomplète. Je les ai à peu près
- toutes respectées ; car il me semble qu'écrire a ttavole, comme je
- l'ai fait à un endroit, dénatm'e le fait philologique lui-même. Ce-
- pendant je reconnais que le moyen terme a-ttavole, a-ffollia,
- prête peu à la critique, et je regrette de ne l'avoir pas employé.
- Un autre fait qui me paraît également toscan est l'aspiration du
- c et dugr devant a, o, u: hocha, diade, chaccia, charta, chol,chu-
- gina, largita, vengha, agJiuglia, etc. Par contre, clie devant les
- mêmes voyelles est écrit plutôt c' : c'a, cogni, c'or, c'Amar, c'a-
- vesse, c'altra, c'an, c alberi, etc. Cela marque sans doute une
- différence de prononciation,
- Cà et là on trouvera des mots trop courts ou trop longs : tantôt
- il faut lavora et non lavar, tantôt lavor et non lavoro. Quand la
- mesure réclame une syllabe de plus, il est probable que l'absence
- de la voyelle doit être imputée à une négligence du copiste ; dans
- le cas contraire, j'admettrai volontiers que l'auteur lui-même a pu
- ne pas songer à supprimer la voyelle super-flue. On trouvera dans
- les notes les corrections qu'exige la mesure.
- Les rimes sont souvent inexactes, tantôt quand le copiste a
- XXIII
- mis un mot pom* un autre, comme ricorda pour rimembra; tantôt,
- et c'est le cas le plus ordinaire, quand on trouve une assonance au
- lieu de la rime juste. Pour savoir si ces assonances apparentes
- viennent de l'auteur ou du copiste, j'ai relevé toutes les rimes des
- sonnets, et il m'a paru en résulter que la terminaison qui fausse la
- rime est la plus moderne. Ainsi l'on trouve au sonnet XLI, v. 2,
- 3, 6, 7, Francia rimant avec des mots en anza ; au sonnet
- C XXXV, v. 2, 3, 6, 7, nimistade et amistade rimant avec ascol-
- tiate, veritate. Il me semble légitime de corriger Franza dans le
- premier cas, et nimisiate, amistate, dans le second. On trouvera
- en note au sonnet LVII, v. 8, le tableau des rimes où figurent les
- dérivés du latin tas, tatis : l'auteur emploie indifféremment la
- forme qui est tirée des cas obliques et celle qui est tirée du nomi-
- natif, povertate et povertà.
- L'auteur ne s'interdit pas de changer la voyelle finale d'un mot,
- quand il en a besoin : il dit siri p. sire, et même coro p. core
- ( CXXX, 1 ). Ces libertés ne sont pas rares chez les anciens poëtes
- italiens, et se comprennent d'autant mieux que l'accent ne porte
- pas sur la syllabe ainsi altérée.
- Comme dans tous les auteurs toscans imitant ou traduisant un
- texte français, les gallicismes sont nombreux. Les plus curieux
- sont : ligire = loisir ( CLV, 2), pa' = pas ( CIV, 3 ), congio =
- congié ( CLXIV, 5 ), baratto = barat, avec le sens de bruit
- ( CCVI, 9). Le mot ana = fatigue, qui revient deux fois, m'était
- complètement inconnu (XC, 14; CX, 3 ). Bien d'autres mots ne se
- trouvent pas au dictionnaire ; mais ils se comprennent sans peine
- et sont pour la plupart des provençalismes dont on rencontre des
- exemples dans les vieux auteurs.
- Dans certaines locutions, on a l'emploi du possessif français :
- ainsi au titre du sonnet CXXXVI, la Ripentenza Malabocca
- (Cf. XV, 9 et note).
- Les notes qui suivent les sonnets offrent une concordance détei*-
- minée avec un soin que Ton trouvera peut-être minutieux, entre le
- Roman de la Rose et l'œuvre de Durante.
- Les chiffres renvoient à la dernière édition du Roman, publiée
- avec traduction en vers par M. Marteau, dans la Bibliothèque
- elzévirienne, et conforme au texte de Méon. J'aurais aimé à donner
- les chiffres de l'édition même de Méon, mais je n'ai pu l'avoir à
- ma disposition. Pour faciliter les recherches, je reproduis le pre-
- mier et le dernier vers du passage imité. Les citations ont été
- XXIV
- revues sur le texte français du ms. 438 de Montpellier, que j'ai
- conféré d'un bout à l'autre avec les sonnets. Ce travail pénible
- m'a permis de constater que l'auteur italien avait sous les yeux un
- manuscrit le plus souvent semblable à celui de Montpellier, mais
- complet, tandis que ce dernier présente des lacunes dont certaines
- sont considérables. En plusieurs endroits, surtout au premier et
- à l'avant-demier sonnets, on trouvera la preuve de l'utilité de cette
- collation.
- Pendant la correction des épreuves des notes, je n'ai pas toujours
- eu le manuscrit à ma disposition; j'ai donc renoncé, à mon grand
- regret, à en reproduire fidèlement l'orthographe, lime suffira de
- dire que les différences que l'on relèvera entre le texte des ci-
- tations françaises et celui de Méon, dérivent du manuscrit 438, et
- qu'il écrit, ce en quoi je ne l'ai suivi qu'une fois, che pour c ou ç :
- Alchipiades , 'piecha, vachine, lechon, soupechon, etc.
- Je n'ai connu que fort tard le livre excellent de M. Gaspary. J'y
- renvoie quelquefois; je l'aurais fait bien plus souvent, si, avant de
- remettre mon manuscrit à l'imprimeur, j'avais pu étudier cet ou-
- vrage, où, sous un titre modeste : « l'Ecole poétique sicilienne
- au XIIP siècle », l'on a une véritable histoire des origines de la
- poésie italienne.
- ^ONETTI
- Lo dio cV amor con su' arco mi trasse
- Perdi' i' guardava un fior clie m' abellia,
- Lo quale avea piantato Cortesia
- Nel giardin di Placier ; e que' vi trasse
- Sì tosto, e' a me parve che volasse ;
- E disse : I' sì ti tengo in mia balia. —
- Allo[r] gli piaque,non per voglia mia,
- Che di cinque saette mi piaghasse.
- La prima à non Bieltà, per li ochi il core
- Mi passò ; la seconda, Angielicanza,
- Quella mi mise sopra gran fredore ;
- La terza Cortesia fu san dottanza ;
- La quarta, Compagnia, che fé dolore ;
- La quinta apella 1' uon Buona-Speranza.
- II
- L'Amante e Amore
- Sentendomi ismagato malamente
- Del molto sangue eh' io avea perduto,
- E' non sapea dove trovar aiuto ;
- Lo dio d'amor sì venne a me presente,
- E dissemi: Tussai veramente
- Chettu mi se' intralle man caduto,
- Per le saette de eh' i' t' ò feruto,
- Sì che convien chettu mi sie ubidente. —
- Ed i' risposi : I' sì son tutto presto
- Di farvi pura e fina fedeltate.
- Più eh' Assesino a Velilo, o a Dio il Presto.
- E quelli allor mi puose in veritate
- La sua bocha a la mia, sanz' altro aresto,
- E disse : Pensa di farmi lealtate. —
- III
- L'Amante e Amore
- Del mese di Gienaio e non di Magio,
- Fu, quand' i' presi Amor a signioria,
- E eh' r mi misi al tutto in sua ballia,
- E saramento gli feci, e omaggio ;
- E per più sicurtà gli diedi in gaggio
- 11 cor, che non avesse gielosia
- Ched i' fedel e puro i' no gli sia,
- E senprc lui tener a segnio maggio.
- Allor que' presse il cor e disse : Amico,
- r son segnior assa' forte a servire :
- Ma chi mi serve, per cierto ti dico,
- Ch' a la mia grazia non può già fallire.
- E di buona speranza il mi notrico
- Insin eh' i' gli fornischa su' disire. —
- — 3 —
- IV
- L'Amante e Amore
- Con una chiave (Foro mi fermò il core
- L'Amor, quando cosi m' ebe parlato,
- Ma primamente V à nette parato,
- Si e' ogni altro pensier n' à pinto fore.
- E po' mi disse : T sì son tu' signiore,
- E tu sì se' di me fedel giurato.
- Or guarda che '1 tu' cuor non si' inpacciato,
- Se non di fino e di leal amore ;
- E pensa di portar in pacienza
- La pena che per me avrà' a sofrire,
- Inanzi eh' io ti doni mia sentenza.
- Che molte volte ti parrà morire ;
- Un' ora gioia avrai, altra doglienza.
- Ma poi dono argomento di guerire. —
- V
- L'Amante e^Amore
- Con grande umilitate e pacienza
- Promisi a Amor a sofferir sua pena,
- E e' ognie membro, eh' i' avea, e vena
- Disposât' era a farli sua voglienza.
- E solo a lui servire la mia credenza
- E ferma, né di ciò mai non n' alena ;
- Insin ched i' avrò spirito o lena
- F non farò dacciò giama' partenza.
- E quelli allor mi disse : Amico meo,
- r ò daite miglior pegnio che charte.
- Fa che m' adori, chèd i' son tu' deo;
- Ed ogn' altra credenza metti a parte,
- Né non creder né Lucha, né Matteo,
- Né Marco, né Giovanni. — Allor si parte.
- _ 4 —
- VI
- L'Amante e la Schifo
- Parte s' Amor su' ale battendo,
- E 'n poca d'or sì forte isvanoio,
- Ched i' noi vidi poi, né noli' udio,
- Eilui e '1 su' soccorso ancor atendo.
- Allor mi venni forte ristrignendo
- Verso del fior chessì forte m' ulio,
- E per chu feci homagio a questo Dio,
- E dissi : Chi mi tien ched i' noi prendo? —
- Sì eh' i' verso del fior tesi la mano,
- Credendolo aver colto chitamente,
- Ed i' vidi venir un gran villano,
- Con una maza, e disse : Or ti ste' a mente
- Ch' i' son lo Schifo, e sì son ortolano
- D'esto giardin : i' ti farò dolente. —
- VII
- L'Amante
- Molto vilmente mi buttò di fora
- Lo Schifo crudo, fello, e oltragioso.
- Si che del fior non cred' esser gioioso,
- Se Pietate e Francheza noli' acora.
- Ma prima, credo, converà eh' eo mora,
- Perchè '1 me' cor sta tanto doglioso
- Di quel villan, che stava là nascoso.
- Di chu non mi prendea guardia quell' ora.
- Or m' à messo in penserò e in dottanza
- Di ciò ched i' credea aver per ciertano.
- Sì c'or me ne par essere in bilanza.
- E tutto ciò m' à fatto quello strano,
- Ma di lui mi richiamo a Pietanza,
- Che vengha allui collo spunton in mano.
- vili
- L'Amante
- Se mastro Arghus, che fecie la nave
- In che Giason andò per lo tosone,
- (E fecie a conto, regole, e ragione,
- E le diecie figure com' on save)
- Vivesse, gli sarebe forte e grave
- Multiplicar ben ognie mia quistione :
- C'Amor mi move sanza mesprigione,
- E di ciascuna porta esso la chiave,
- Ed alle mi nel cor fermate e messe
- Con quella chiaviciella, eh' i' v' ò detto.
- Per ben tenermi tutte sue promesse,
- Perch' io assue merzé tuttor mi metto.
- Ma ben vere' che, quando gli piaciesse,
- E' m' allegiasse il mal chessì m' à stretto.
- IX
- L'Amante e Ragione
- Dogliendomi in pensando del villano
- Chessì vilmente dal fior m' à lungiato.
- Ed i' mi riguardai dal dritto lato,
- E sì vidi Ragion, col viso piano.
- Venir verso di me, e per la mano
- Mi prese, e disse : Tusse' sì smagrato :
- r credo chettu a' troppo pensato
- A que' chetti farà gittar in vano,
- Ciò è Amor, a chui daf ài fidanza.
- Masse m' avessi avuto al tu' consiglio,
- Tu non saresti gito collui a danza,
- Che sie ciertano, a chui da di piglio,
- Egr il tiene in tormento e malenanza,
- Sì che su' viso non n' è mai vermiglio. —
- - 6 -
- X
- L'Amante
- Udendo che Ragion mi castigava
- Perch' r al die d'amor era 'nservito,
- Di ched i' era forte inpalidito,
- E sol perch' io allui troppo pensava,
- r le dissi : Ragion, e' no mi grava
- Su' mal, eh' i' ne sarò tosto guerito,
- Che questo mio signor lo m' à gradito, —
- E eh' era folle se più ne parlava,
- Chèd i' son fermo pur di far su' grado,
- Perciò che mi promise fermamente
- Ched e' mi metterebe in alto grado,
- Sed il servisse bene e lealmente ;
- Perchè di lei i' non pregiava un dado,
- Né su' consiglio i' non teneva a mente.
- XI
- L'Amante e Amico
- Ragion si parte udendomi parlare,
- E me fu ricordato eh' i' avea
- Un grande amico lo qual mi solea
- In ognie mio sconforto confortare,
- Sì eh' i' noi misi guari a ritrovare,
- E disi gli come si conrenea
- Lo Schifo ver di me, e che parca
- Ch' al tutto mi volesse guereggiare.
- E que' mi disse: Amico, sta sicuro.
- Che quello Schifo sia senpre in usanza
- Ch' a cominciar si mostra aderbo e duro.
- Ritorna allui, e non abie dottanza ;
- Con umiltà tosto 1' avrà' maturo :
- Già tanto non par fel, né sanza pietanza.
- XII
- L'Amante
- Tutto pien d'umiltà verso '1 giardino
- Torna' mi, com' Amico avea parlato,
- Ed i' guardai, e sì ebi avisato
- Lo Schifo, con un gran baston di pino,
- Ch' andava riturando ognie camino
- Che dentro a forza non vi foss' entrato.
- Sì oh' io mi trassi a lui, e salutato
- Umilemente 1' ebi a capo chino ;
- E sì gli dissi : Schifo, agie merzede
- Di me, se 'nverso te feci alcun fallo,
- Chèd i' sì son venuto a pura fede
- A tua merzede, e presto d'amendarlo.—
- Que' mi riguarda, e tuttor si provede
- Çhed i' non dica ciò per inghanarlo.
- XIII
- Franchezza
- Sì com' i' stava in far mia pregheria
- A quel fello eh' è sì pien d'arditeza.
- Lo dio d'amor sì vi man[dò] Francheza,
- Collei Pietà, per sua anbascieria.
- Francheza cominciò la dicieria,
- E disse : Schifo, tuffai straneza
- A quel valletto, eh' è pien di largheza,
- E prode, e franco, sanza villania.
- Lo dio d'amor ti manda che ti piaccia
- Chettu non sie sì strano al su' sergiente.
- Che gran peccato fa chi lui inpaccia;
- Ma sofferà che vada arditamente
- Per lo giardino, e noi metter in chaccia,
- E guardi il fior chessi gli par aolente. —
- XIV
- Pietà
- Pietà cominciò poi su' parlamento,
- Con lagrime bagniando il su' visagio,
- Diciendo : Schifo, tu faresti oltragio
- Di non far grado al meo domandamento.
- Pregar ti fo chetti sia piacimento
- Ch' a quel valletto, eh' èssi buon e saggio,
- Tu non sie verso lui così salvaggio.
- Che sai che non à mal intendimento.
- Or aven detto tutto nostr' affare,
- E la cagion perchè no' sian venute.
- Molt' è crudel chi per noi non vuol fare.
- Ancor ti manda molte di salute
- Il lasso, chu' ti piaque abandonare.
- Fa che nostre preghiere gli sian valute. —
- XV
- Lo Schifo
- Lo Schifo disse: Gien-te messagiere.
- Egli è ben dritto eh' a vostra domanda
- r faccia grado, e ragion lo comanda ;
- Che voi non siete orgolliose, né fiere,
- Ma siete molto nobili parliere.
- Vengha il valetto, e vada a sua comanda,
- Ma non ched egli al fior sua mano ispanda,
- Ch' acciò non gli varrìan vostre preghiere.
- Perciò chella figluol' a Cortesia,
- Bellacoglienza, eh' è dama del fiore.
- Sì '1 mi porebe a gran ricredentia.
- Ma fate chella dama al die d'amore
- Faccia a Bellacoglienza pregheria
- Di lui, e chelle schaldi un poco il core. —
- — 9 —
- XVI
- L'Amante e lo Schifo
- Quand' i' vidi lo Schifo si adolzito,
- Che solev' esser più amar che fele,
- Ed il trova' vie più dolcie che mele,
- Sapiate eh' i' mi tenni per guerito.
- Nel giardin me n' andai molto gichito
- Per dotta di, misfar a quel crudele,
- E gli giurai a le sante Guagniele
- Che per me non sarebe mai marrito.
- Allor mi disse : V vo' ben chettu venghi
- Dentr' al giardin, sì come ti j)iacie.
- Ma che lungi dal fior le tue man tenghi.
- Le buone donne fatt' anno far pacie
- Tra me e te ; or fa chella mantenghi.
- Sì che verso di me non sie fallacie. —
- XVII
- Venus
- Venusso, eh' è socorso degli amanti,
- Ven a Bellacoglienza col brandone,
- E sì ['1] rechava a guisa di penone,
- Peravanpar chiunque 1' è davanti.
- A voler racontar de' suo' senbianti,
- E de la sua tranobile fazone,
- Sarebe assai vie più lungo sermone
- Ch' a sermonar la vita a tutti i Santi.
- Quando Bellacoglienza sentì '1 caldo
- Di quel brandon, che così l'avanpava,
- Sì tosto fu '1 suo cuor col mio saldo ;
- E Venusso, eh' acciò la confortava,
- Si trasse verso lei col viso baldo,
- Diciendo che ve[r] me troppo fallava.
- — 10 —
- XVIII
- Venus e Bellacoglienza
- Tu falli tropo verso queir amante,
- Disse Venus, che cotanto t' ama.
- Ned i' non so al mondo sì gran dama
- Che di lui dovess' eser rif usante ;
- Ch' egli è giovane, bello, e avenante,
- Cortese, franco, e prò di buona fama,
- Promettili un basciar, e atte '1 chiama,
- ("he non à buon nel mondo più cielante. —
- Bellacoglienza disse : Y vo' che vegnia,
- K basci il fior che tanto gli è piaciente,
- Ma ched e' sagiamente si contegnia ;
- Che siate cierto che no m' è spiaciere. —
- Or gline manda alcuna buona insegna.
- Disse Venus, e fagliele asapere. —
- XIX
- L'Amante
- Per Bel-Senbiante e per Dolze-Riguardo
- Mi mandò la piaciente eh' i' andasse
- Nel su' giardin, e eh' io il fior bascias[s]e :
- Né non portasse già lancia, né dardo.
- Che lo Schifo era fatto sì codardo
- Che mi bisogniava eh' il dottasse ;
- Ma tuttor non volea ched i' v' entrasse,
- Sed e' non fosse nocte ben a tardo,
- Perciò che Chastità e G-ielosia
- Sì anno messo Paura et Vergognia
- In le' guardar che non faccia follia;
- Ed un villan che truov' ognie menzognia,
- La guarda, il qual fu nato i' Normandia,
- Malabocha, que' e ognie mal sanpogna.
- — 11 —
- XX
- L'Amante e Bellacoglienza
- Udendo quella nobile novella,
- Che que' gienti messagi m' aportaro,
- Sì fortemente il cuor mi confortaro,
- Che di gioia perde quasi la favella.
- Nel giardin me n'anda' tutto 'n gonella,
- Sanz' armadura, come coraandaro,
- E sì trovai quella. Col viso chiaro,
- Bellacoglienza tosto asse m' apella,
- E disse : Vien avanti e bascia '1 fiore.
- Ma guarda di far cosa clie mi spiaccia,
- Chèttu ne perderesti ognie mio amore. —
- Sì eh' i' alor feci crocio dele braccia,
- E sii bascìai co molto gran tremore,
- Sì forte ridottava suo minaccia.
- XX
- L'Amante
- Del molto olor, eh' al corm' entrò basciando
- Quel prezioso fior, che tanto aulia,
- Contar né dir per me non si porla.
- Ma dirò com' el mar s' andò turbando
- Per Malabocha, quel ladro Normande,
- Che se n' avide, e svegliò Gielosia
- E Chastità, che ciaschuna dormia ;
- Perch' i' fu del giardin rimesso in bando.
- E sì vi conterò delà forteza,
- Dove Bellacoglienza fu 'n prigione,
- Ch' Amor abatte poi per su' prodeza ;
- E come Schifo mi ritornò fellone,
- E lungo tcnpo mi tene in distreza,
- E come ritornò a me RaLàonc.
- — 12 —
- XXII
- Chastita
- Castità che da Veno è guereggiata,
- Sì disse a Gielosia : Per Dio merzede,
- S' a questo fatto V uon non ci provede,
- r potre' ben tosto esere adontata.
- Vergognia e Paura m' anno abandonata.
- In quello Schifo, folF è chi si crede ;
- Ch' i' son ciertana che non ama a fede,
- Po' del giardin sì mal guardò l'entrata,
- Onde ve' siete la miglior guardiana
- Ch' in esto mondo potese trovare.
- Gran luogo avete in Lonbardia e'nToschuna-
- Per Dio, ched e' vi piaccia il fior guardare,
- Che se que' che '1 basciò, punto lo sgrana.
- Non fìa misfatto eh' uon possa mendare. —
- XXIII
- GrlRLOSIA
- Gielosia disse : I' prendo a me la guardia,
- Ch' a ben guardar il fior è mia credenza,
- Ch' i' avrò giente di tal provedenza
- Ched i' non dotto già che Veno gli arda. -
- Al giardin se n' andò fier' e ghagliarda,
- Ed ivi sì trovò Bellacoglienza
- E dise le : Tu à' fatta tal falenza
- Ch' i' ti tengho per folle e per musarda; ,
- Ed a voi dico, Paur' e Vergognia,
- Che chi di fior guardar in voi si fida,
- Cierta son che non à lett' a Bolognia;
- E quello Schifo che punt' or non grida,
- Gli varia me' che fosse in Catalognia,
- Sed e' non guarda ben ciò eh' egli à'n guida. —
- — 13 —
- XXIV
- Vergognia
- Vergongnia contra terra il capo china,
- Chè ben s' avide ch' ella avea fallato ;
- E d' un gran velo il viso avea velato,
- E sì disse a Paura, sua cliugina :
- Paura, no' sian messe nell' aina
- Di Gielosia, e ciò ci à procliacciato
- Lo Schifo, perch' egli à cortesegiato
- Al bel valetto eh' i' vid' ier mattina.
- Or andian tosto, e trovian quel villano,
- E gii diren come fìa mal balito.
- Se Gielosia gli mette adosso mano ;
- Ch' egli à 'n ben guardar troppo fallito,
- Che sì de' esser a ciaschuno strano.
- El diavol siir à ora incortesito . —
- XXV
- Vergognia e Paura
- Per lo Schifo trovar ciascun' andava,
- Per dirli del misfatto molto male ;
- E que' s'avea fatto un capezale
- D'un fascio d'erba, e sì soniferava.
- Vergognia fortemente lo sgridava ;
- Paura d'altra parte sili' assale,
- Diciendo : Schifo, ben poco ti chale
- Che Gielosia sì forte ne grava ;
- E ciò ci avien perte, quest' è palese.
- Quando tu, per la tua malaventura.
- Tu vuogli intender or d'eser cortese.
- Ben sa' che non ti move di natura.
- Con ciaschedun de' star ale difese.
- Per ben guardar questa nostra chiusura.
- — 14 —
- XXVI
- Lo Schifo
- Lo Schifo, quando udio quel romore,
- Conobe ben ched egli avea mispreso.
- Sì disse : Il diavol ben m'avea sorpreso.
- Quand' io a nessun non mostrav' amore.
- Ma s' i', colui che vene per lo fiore.
- Il posso nel giardin tener mai preso,
- r sia uguanno per la gola inpeso,
- Sed i' noi fo morir a gran dolore. —
- Allor ricignia il viso, e gli ochi torna,
- E troppo contra me tornò diverso.
- Del fior guardar fortemente s' atorna.
- Ai lasso cor ! mi fu canbiato il verso :
- In poca d' or sii fatto mi bistorna,
- Che d' abate tornai men eh' a converso.
- XXVII
- GlELOSIA
- Gielosia che stava in sospeccione,
- Ch' ella del fior non fosse baratata ,
- Sì fé gridar per tutta la contrata
- Ch' allei venisse ciascun buon mazone,
- Cir ella volea fondar una pregione
- Dove Bellacoglienza f ìa murata ;
- Che 'n altra guardia non fie più lasciata,
- Po' eh' ella i'à trovata i' mesprigione :
- Chella guardia del fior è perigliosa !
- Sì sarìa folle sellei mi fidasse
- Per la bieltà eh' à 'n lei maravigliosa. —
- E se Venus ancor la vicitasse,
- Di ciò era ciertana e non dottosa
- Che converebe eh' ella il fior donasse.
- — 15 —
- XXVllI
- L'Amante
- Gelosia fecie fondar un castello
- Con gran fossi dintorno e barbacani,
- Che molto ridottava huomini strani.
- Sì faciev' ella que' di su' ostello.
- E nel miluogo un cassero fort' e bello,
- Che non dottava asalto di villani,
- Fecie murare a' mastri più sovrani,
- Di marmo lavorato ad ischarpello;
- E sì vi fecie far quatre portali.
- Con gran tori disopra inberteschate,
- Ch'.unque nel mondo non fur fatte tali;
- E porte caditoio v' avea ordinate,
- Che venian per condotto di canali :
- L' altr' eran tutte di ferro spranghate.
- XXIX
- L'Aman te
- Quando Grielosia vide il chastel fatto,
- Sì si pensò d'avervi guernimento ;
- Ch' e' non era suo intendimento
- Di renderlo per forza ned a patto.
- Per dare a' suo' nemici mal atratto,
- Vi mise dentro gran saettamento,
- E petre, e olio, e ogni altro argomento.
- Per arder chastel di legniamo o ghatto,
- S' alcun lo vi volesse aprossimare ;
- Che perduti ne son molti chastelli
- Per non prendersi guardia del cavare.
- Ancor fé far trabochi e manghanelli.
- Per li nemici lungi far istare,
- E servirli di pietre e di quadrelli.
- - 16 -
- XXX
- L'Amante
- Quand" eF ebe il castel di guernigione
- Fornito si come gli era mestiere,
- Ad ognie porta mise su' portiere,
- De' più fidati e' avea in sua magione.
- E, perdi' ella dottava tradigione,
- Mise lo Schifo in sul portai primiere,
- Perch' ella il sentia aspro cavaliere ;
- Al secondo, la figlia di Ragione,
- Ciò fu Vergognia, che fé gran difensa;
- La terza porta sì guardò Paura,
- Ch' iera una donna di gran provedenza;
- Al quarto portai di dietro da le mura
- Fu messo Malabocha, la chu' intenza
- Ferm' iera a dir mal d'ognie criatura.
- XXXI
- L'Amante
- Bellacoglienza fu nella forteza,
- Per man di Gielosia, mess' e fermata ;
- Ad una vechia V ebe acomandata
- Chella tenesse tuttor in distreza;
- Ch' ella dottava molto su' belleza,
- Che Chastità à tuttor gueregiata,
- E Cortesia, di chu' era nata,
- Nolle' faciesse far del fior largheza.
- Ver è ched ella sì '1 fecie piantare
- Là 've Bellacoglienza era 'n pregione,
- Ch' altrove noi sapea dove fidare.
- Lassù non dottav' ella tradigione,
- Che quella vechia, a chu' '1 diede a guardare,
- Sì era del ligniagio Salvagnione.
- — 17 -
- XXXII
- L'Amante
- Gelosia andava a proveder le porte.
- Si trovava le guardie ben intese
- Contra ciascuno star a le difese,
- E per donar e per riciever morte.
- E Malabocca si sforzava forte
- In ognie mi' sacreto far palese ;
- Que' fu '1 nemico che più mi v' afese,
- Ma sopra lui ricador poi le prese.
- Que' non finava né notte, né giorno,
- A suon di corno gridar : Guarda ! Guarda !
- E giva per le mura tutto 'ntorno,
- Diciendo : Tal è putta, e tal si farda,
- E la cotal à troppo chaldo il forno,
- E r altra follemente altru' riguarda. —
- XXXIII
- L'Amante
- Quand' i' vidi i marosi sì 'nforzare
- Per lo vento a Provenza che ventavo,
- C alberi e vele e ancole fìachava,
- E nulla mi valea il ben governare.
- Fra me medeszmo comincia' a pensare
- Ch' era follia se più navicava,
- Se quel mal tenpo prima non passava,
- Che dal buon porto mi faciealu[n]giare.
- Sì eh' i' allor m' ancolai a una piagia,
- Vegiendo eh' i' non potea ejitrar in porto ;
- La terra mi parca molto salvaggia.
- Ivi vernai co molto disconforto. '
- Non sa che mal si sia, chi non asaggia
- Di quel d'amor, ond' i' fu' quasi morto.
- — 18 —
- XXXIV
- L'Amante
- Pianto, sospiri, pensieri e afrizione
- Ebi vernando in quel salvagio loco,
- Che pena de' ninferno è riso e gioco
- Ver quella eh' i' soffersi a la stagione ;
- C Amor mi mise a tal distruzione
- Che no mi die sogiorno asa' né poco;
- Un' or mi tenne in ghiaccio, un'altra 'n fuco.
- Molto m' attene ben sua promessione ;
- Ma non di gioia, né di nodrimento ;
- Che di speranza mi dovea nodrire,
- Insin ched e' mi desse giugiamento.
- Digiunar me ne fecie. aver vo' dire.
- Ma davami gran peze di tormento,
- Con salsa stenperata di languire.
- XXXV
- L'ALIANTE E Ragione
- Languendo lungiamente in tal manera,
- E' non sapea ove trovar socorso.
- Che '1 tenpo fortunal che m' era corso,
- M' avea gittato d' ognie bona spera.
- Allor tornò a me, che lungi m' era,
- Ragion la bella, e disse : Tusse' corso,
- Settu non prendi i' me alcun ricorso,
- Po' che Fortuna é 'nverso te si fera ;
- Ed i' ò tal vertù dal mi' segniore
- Che mi criò, eh' i' metto in buono stato
- Chiunque al mi' consiglio ferma il core ;
- E di Fortuna chett' à tormentato,
- Se vuogli abandonar il die d' amore,
- Tosto t' avrò colici pacificato. —
- — 19 -
- XXXVI
- L'Amante
- Quand' i' udì' Ragion, che '1 su' consiglio
- Mi dava buon e fin, sanza fallacie,
- Diciendo di trovarmi acordo e pacie
- Con quella che m' avea messo 'n asiglio,
- r le dissi : Ragion, veco chi piglio,
- Ma non eh' i' lassci il mi' signior veracie,
- Chèd r son su' fedel, e sì mi piacie
- Tanto, eh' i' l'amo più che padre figlio.
- Onde di ciò pensar non è mesterò,
- Né tra no' due tenerne parlamento,
- Che non sarebe fatto di legiero.
- Perciò eh' i' falserìa mi' saramento.
- Megli' amo di Fortuna eser guerero
- Clied i' acciò avesse pensamento. —
- XXXVII
- Ragione
- Falsar tal saramento è san pechato .
- Poite ciaschun secondo dicretale ;
- Che, sei' uon giura di far alcun male,
- Se se ne lascia, non è pergiurato. '
- Tu mi proposi che tu se' giurato
- A questo dio, chett' à condotto a tale
- C ognie vivavanda mangi sanza sale.
- Sì fortemente t' à disavorato !
- E sì si fa chiamar il die d'amore !
- Ma chi così l'apella, fa gran torto,
- Che su' sornome dritto sì è dolore.
- Or ti parti dallui, o tu se' morto,
- Né noi tener giama' più a signiore,
- E prendi il buon consiglio eh' i' t' aporto.
- — 20 —
- XXXVIII
- L' [Amante]
- Ragion, tu sì mi vuo' trar d'amare
- E di' che questo mi' signior è reo,
- E che non fu d' amor unquanche deo,
- Ma di dolor, secondo il tu' parlare.
- Dallui partir non credo ma' pensare ;
- Né tal consiglio non vo' creder eo,
- Chèd egli è mi' segnior ed i' son seo
- Fedel. Sì è follia di ciò parlare.
- Perchè mi par che '1 tu' consiglio sia
- Fuor di tu' nome, troppo oltre misura ;
- Che sanza amor nonn' è altro che nula.
- Se Fortuna m' à tolto or mia ventura,
- Elle torna la rota tuttavia,
- E queir è quel che molto m' asicura . —
- XXXIX
- Ragione
- Di trareti d' amar nonn' è mia 'ntenza,
- Disse Ragion, né dacciò non ti butto,
- Ch' i' vo' ben chettu ami il mondo tutto.
- Fermando in Gieso-Cristo tu' credenza ;
- E s' ad alcuna da' tua benvoglienza.
- Non vo' cheli' ami sol per lo ditutto,
- Né per diletto, ma per trarne frutto,
- Che chi altro ne vuol, chade in sentenza.
- Ver é che gli à in quel' opra diletto
- Che Natura vi mise per richiamo,
- Per più sovente star con esse in letto ;
- Che se ciò non vi fose, ben sapiamo
- Che poca giente porebe già petto
- Al lavorio che cominciò Adamo. —
- - 21 —
- XL
- L'Amante
- r le dissi : Ragion, or sie ciertana,
- Po' che natura diletto vi mise
- In quel lavoro, ched -ella noi v' asise
- Già per niente, che non è si vana ;
- Ma, per continuar la forma humana.
- Si vuol eh' uon si diletti in tutte guise
- Per volontier tornar a quelle asise,
- Che 'n dilettando sua semenza grana.
- Tu va' diciendo eh' i' no mi diletti,
- Mad i' per me non posso già vedere
- Che sanza dilettar huon vi s' asetti
- A quel lavoro, per eh' i' ò'fermo volere.
- Di dilettar col fior no me ne gietti :
- Faccia Dio po' del fiore su' piaciere. —
- XLI
- Ragione
- Del dilettar non vo' chiti tua parte,
- Disse Ragione, né che sie sanz' amanza,
- Mavo' che prendime per tua 'ntendanza,
- Chèttu non troverai i' nulla parte
- Di me più bella, e n' agie mille carte,
- Né chetti doni più di dilettanza.
- Degnia sarei d'esser reina in Francia.
- Sì fa' follia s' tu mi gietti a parte,
- Ch' i' ti farò più rico che Richeza,
- Sanza pregiar mai rota di Fortuna,
- Ch' ella ti possa mettere in distreza.
- Se be' mi guardi, i' me nonn" à nosunu
- Fazon, che non sia fior d'ognie belleza.
- Più chiara son che nonn' é sol, né luna. -
- ,- 22 -
- XLII
- L'Amante
- Ragion, tu sì mi fai largha proferta
- Del tu' amor e di te ; ma i' son dato
- Del tutto al fior, il qual non fia canbiato
- Per me ad altr' amor : di ciò sie cierta .
- Né non ti vo' parlar sotto coverta ;
- Che, s' i' mi fosse al tutto atte gradato,
- Ciertana sie eh' i' ti verre' fallato,
- Chech' i' dovesse aver o prode o perta.
- Allora avre' fallato allui e te,
- E sì sarei provato traditore,
- Ched i' gli ò fatto sararaento e fé.
- Di questo fatto non far più sentore,
- Che '1 die d'amor m' assi leghato asse
- Chette non pregio, e lui teng'o a signiore.
- XLIII
- Ragione
- Amico, guarda s' tu fai cortesia
- Di scondir del tu' amor tal damigiella
- Chente son io, che son sì chiara e bella,
- Che nulla falta i' me si troverìa.
- Nel mi' visagio 1' uon si spechierìa.
- Sì non son troppo grossa, né tro' grella,
- Né troppo grande, né tro' piciolella.
- Gran gioia avrai se m' ài in tua balia.
- Chéd i' sìtti farò questo vantagio
- Ch' i' ti terrò tuttor in ricco stato,
- Sanz' aver mai dolor nel tu' eoragio.
- E così tenni Socrate beato:
- Ma mi credette e amò come sagio,
- Di che sarà di lui senpre parlato.
- — 23 —
- XLIV
- Ragione
- Quel Socrate dond' i' ti vo parlando,
- Sì fu fontana piena di salute,
- Della qual derivò ognie salute,
- Po' chèd e' fu del tutto al me' comando.
- Né mai Fortuna noi gì tormentando,
- Non pregiò sue levate né cadute,
- Suo' gioie e noie per lui fur ricievute,
- Né ma' su' viso nonn' andò canbiando .
- E bene e mal mettea in una bilanza,
- E tutto la faciea igual^pesare,
- Sanza prenderne gioia né pesanza.
- Per Dio, ched e' ti piaccia riguardare
- Al tu' profitto, e prendim' ad amanza :
- Più alto non ti può' tu inparentare .
- XLV
- Ragione
- Ancor non vo' t' incresca d' ascoltarmi
- Alquanti motti, eh' i' voglio ancor dire ;
- A ritenere intendi, e a udire.
- Che non potresti aprender miglior salmi
- Tu sì à' cominciato a biasimarmi,
- Perch' i' l'Amor ti volea far fugire,
- Che fa le gienti vivendo morire,
- E tu '1 saprai ancor, se no lo spalmi.
- Sed i' difendo a ciaschedun 1' ebreza,
- Non vo' che '1 ber per ciò nesun disami,
- Se non se quello che la giente bleza.
- r non difendo atte chettu nonn' ami,
- Ma non Amor chettitengha'n distreza,
- E nella fin dolente te ne chiami . —
- — 24 -
- XLVI
- L'Amante
- Quando Ragion fu assa' dibattuta
- E eh' ella fecie capo al su' sermone,
- I' siile dissi: Donna, tua lezione,
- Sie cierta eh' eli' a me poco valuta;
- Perciò ch'i' noll'ò punto ritenuta,
- Che no mi piacie per nulla cagione,
- Ma chui piaciesse tal amonizione.
- Sì gli sarebe ben per me renduta ;
- Chèd i' so la lezion tratutta a mente,
- Pe' ripetali' a giente chu' piaciesse.
- Ma già per me nonn' è saviamente ;
- Che fermo son, se morir ne dovesse.
- D'amar il fior, e '1 me' cor vi s'asente,
- 'n altro danno eh' avenir potesse. —
- XL VII
- L'Amante e Amico
- Ragion si parte quand' ella m' intese,
- Sanza più tener meco parlamento,
- Che trovar non potea nullo argomento
- Di trarmi de[l] laccio in eh' Amor mi preso,
- AUor sì mi rimisi a le difese
- Co' mie' pensieri, e fu magior tormento
- Assa' ched i'non fu' al cominciamento ;
- Non mi valea coverta di pavese.
- AUor sì piaque a Dio che ritornasse
- Amico a me, per darmi il su' consiglio .
- Sì tosto che mi vide, a me si trasse,
- E disse: Amico, i' sì mi maraviglio
- Che ciascun giorno di magre e apasse :
- Dov' è ilvisaffio tu' chiaro e vermigflio? —
- — 25 —
- XLVIII
- L'Amante
- Non ti maravigliar s' f non son grasso,
- Amico, né vermiglio com' i' soglio,
- Ch' ognie contrario è presto acciò eh' i' voglio.
- Così Fortuna m' à condotto al basso.
- Ira e pensier m' anno sì vinto e lasso
- Che non è maraviglia s' i' mi doglio,
- Chèd i' sì vo a fedir a tale iscoglio ,
- S'Amor non ci provede, eh' i' son chasso.
- E ciò m' à Malabocha prochacciato,
- Che svegliò Castitate e Gielosia,
- Sì tosto com' i' ebi il fior basciato.
- AUor fos* egli stato i' Normandia,
- Nel su' paese, ove fu strangolato.
- Che sì gli piaque dir ribalderia. —
- XLIX
- L'Amante e Amico
- Com' era gito il fatto ebi contato
- A motto a motto, di filo in aghuglia,
- Al buono Amico che non fu di Puglia,
- Chem' ebe molto tosto confortato,
- E disse : Guarda che n[on] sie acietato
- Il consiglio Ragion, ma da te il bugila
- Ch' e' fin amanti tuttor gli tribuglia,
- Con quel sermon di chett' à sermonato ;
- Ma ferma in ben amar tutta tua 'ntenza
- E guarda al die d'amor su' 'managio,
- Che tutto vincie lungia soferenza.
- Or metti a me intendere il coragio,
- Chcd i' ti dirò tutta la sentenza
- Di ciò che de' far fin amante sas^io.
- — 26 —
- L
- Amico
- A Malabocca vo' primieramente
- Chettu si no gli mostri malsenbiante,
- Ma, s' egli passe o dimore davante,
- Umile gli ti mostra ed ubidente .
- Di te e del tuo gli sie largo offerente,
- E faccia di te come di su' fante.
- Così vo' che lo 'nghanni quel truante,
- Che si diletta in dir mal d' ognie giente.
- Chol braccio al collo sì die hon menare
- Il su' nemico, insin che si' al giubetto,
- Co le lusinghe, e po' farlo inpiccare.
- Or metti ben il cuor acciò e' ò detto :
- Di costu' ti convien così ovrare,
- Insin che sia condotto al passo stretto.
- LI
- Amico
- Inpresso vo' chettu agie astinenza
- Di non andar sovente dal chastello,
- Né non mostrar chetti sia guari bello
- A riguardarla ov' è Bellacoglienza;
- Ghétti convien aver gran provedenza
- Insin che Malabocha t' é ribello,
- Chèttu sa' ben eh' egli è un maltranello.
- Che giorno e notte grida, e n' ò già 'tenza.
- De r altre guardie non bisognia tanto
- Guardar, come ti fa di Malabocha,
- Ch' elle starìan voluntier da 1' un canto ;
- Ma quel Normande incontanente scocha
- Ciò ched e' sa, ed in piaza e da Santo,
- E contruova di sé, e mette in cocha.
- - 27 —
- LU
- Amico
- La vecchia che Bellacoglienz' à 'n guardia,
- Servi ed onora a tutto tu' podere ;
- Che, s' ella vuol, troppo ti può valere,
- Chèd ella uonn' è folle né musarda.
- A Gielosia, che mal fuoco l'arda,
- Fa '1 somigliante, sella può' vedere.
- Largo prometti a tutte de F avere :
- Ma '1 pagamento, il più che può', lo' tarda.
- E sellor doni, dona gioeletti,
- Be' covricie[fi], e reti, e 'nt[r]ecciatoi,
- E belle ghirlanduze, e ispiletti,
- E pettini d'avorio, e rizatoi.
- Coltelli, e paternostri, e tessutetti :
- Che questi non son doni strugitoi.
- LUI
- Amico
- Se non ài che donar, fa gran pro[m]essa,
- Sì com' i' t' ò contato qui davanti.
- Giurando loro Idio e tutti i Santi,
- Ed anche il sacramento della messa.
- Che ciascuna farai gran baronessa,
- Tanto darai lor fiorini e bisanti.
- Di piangier vo' che faccio gran senbianti,
- Diciendo che non può' viver sanz' essa.
- E, settu non potessi lagrimare.
- Fa chettu agie sugo di cipolle,
- di scalogni, e faranolti fare ;
- di scialiva gli occhi tutte molle,
- S' ad altro tu non può' ricoverare,
- E così vo' che ciascheduna bolle.
- — 28 —
- LIV
- Amico
- Settu non può' parlar a quella eh' ami.
- Siile manda per lettera tu' stato,
- Diciendo com' Amor t' assi leghato
- Ver lei, che ma' d' amarla non ti sfami ;
- E le dirai : Per Gieso-Cristo, trami
- D'esti pensier che m' anno sì gravato. -
- Ma guarda chello scritto sia mandato
- Per tal messagio che non vi difami.
- Ma nella lettera non metter nome :
- Di lei dirai a colui », di te a colei».
- Così convien canbiar le pere a pome.
- Messagio di gharzon ma' non farei,
- Chèd e' v' à gran periglio, ed odi come :
- Non àn fermeza in lor, per ciò son rei.
- LV
- Amico
- E, sella donna prende tu' presente,
- Buon incomincio avrà' di far mercato,
- Masse d'un bascio 1' avessi inarrato,
- Saresti poi ciertan del rimanente.
- E s'ella a prender non è conosciente,
- Anzi t' avrà del tutto rifusato,
- Senbianti fa che sie forte crucciato,
- E partiti dallei san dir niente.
- E poi dimora un tenpo san parlarne,
- E non andar in luogo ov' ella sia,
- E fasenbiante che nonn' ài che farne.
- EU" enterrà in sì gran malinconia,
- Che noUe dimorrà sopr' osso carne :
- Sìssi ripentirà di sua follia.
- - 29 —
- LVI
- Amico
- Il marinaio, che tuttor navicando
- Va per lo mar ciercando terra istrana,
- Con tutto si guid' e' per tramontana.
- Sì va e' ben le sue vele canbiando ;
- E per fugire da terra e' apress' andò,
- In quella guisa e' allor gii è più sana,
- Così governa mese e settimana,
- Insin che '1 mar si va rabonacciando.
- Così de' far chi d'Amor vuol gioire.
- Quand' e' truova la sua donna diversa :
- Un' or la de' cacciar, altra fugire.
- Allor siila vedrà palida e persa.
- Che sie ciertan che le parrà morire
- Insin che nolli cade sotto inversa.
- LVII
- Amico
- Quando fai ad alcuna tua richesta,
- vechia eh' ella sia, o giovanzella,
- maritata» o vedova, o pulzella,
- Sì convien chella lingua tua sia presta
- A He' lodar suo' ochi, e bocca, e testa,
- E dir che sotto '1 ciel non l'à più bella :
- Piacesse a Dio eh' i' v' avesse in gonella
- Là ov' io diviserei in mia podestà. —
- Così le dei del tutto andar lodando,
- Chèd e' nonn' è nesuna sì atenpata
- Ch' ella non si diletti in ascoltando,
- E credes' esser più bella che fata ;
- E 'nmantenente pensa a gir pelando
- Colui che prima tanto 1' à lodata.
- — 30 —
- LVill
- Amico
- Le giovane, e le vechie, e le mezane
- Son tutte quante a prender sì 'ncarnate,
- Che nessun puote aver di lor derate
- Per cortesia, tanto son villane ;
- Che quelle che si mostran più humane,
- E non prenden, ti danno le ghigniate.
- Natur' è quella chelle v' à fatate
- Sì com' eir à fé tato a chaccia il cane.
- Ver è e' alcuna si mette a donare ;
- Ma ella s' è ben prima proveduta,
- Ch' ella '1 darà in luogo d' adoppiare.
- Allor gioelli non son di gran valuta,
- Ma e' son esca per uccie' pigliare.
- Guardisi ben chi à corta veduta.
- LIX
- Amico
- Se quella chu' richiedi ti rifiuta,
- Tu sì non perdi nulla in su' scondetto.
- Se non se solo il motto cheli' ài detto :
- Dello scondir sarà tosto pentuta.
- Una nel ciento non fu mai veduta
- ( Ed ancor più che '1 miglia' ci ti metto )
- Femina, chu' piacesse tal disdetto,
- Come eh' ella t' asalgha di venuta.
- Richie', e' almenn' avrà' su' ben volere,
- Con tutto ti vad' ella follegiando,
- Chèttu no le può' far magior piaciere.
- Ma di ciò non de' gir nessun parlando,
- Se 'n averla non mette su' podere,
- Chèd ella se ne vada poi vantando.
- — 31 —
- LX
- Amico
- E, quando tussarai collei soletto,
- Prendila traile braccia e fai sicuro,
- Mostrando allor settusse' forte e duro,
- E mantenente le metti il ganbetto.
- Ne noUa respittar già per su' detto :
- S'ella chiede merzé, chegala al muro.
- Tulle dirai : Madonna, ï m' assicuro
- A questo far, e' Amor m'àssì distretto
- Di vo' ched i' non posso aver sogiorno ;
- Perchè convien che vo' agiate merzede
- Di me, che tanto vi son ito intorno ;
- Chèssiate cierta ched i' v' amo a fede,
- Né d' amar voi giamai non mi ritorno.
- Che per voi il me' cor salvar si crede. —
- LXI
- Amico
- E settu ami donna ferma e sagia,
- Ben sagiamente e fermo ti contieni,
- C avanti eh' ella dica : Amico, tieni
- Delle mie gioie, — più volte t' asagia.
- E, settu ami f emina volaggia,
- Volagiamente davanti le vieni,
- E tutt' a la sua guisa ti mantieni ;
- Od ella ti terrà bestia salvaggia,
- E crederà chettu sie un papalardo,
- Che sie venuto allei per inganarla ;
- Chèd ella il voi pur giovane e galliardo,
- La buona e ssagia ma' di ciò non parla,
- Anz' ama più F non fermo che codardo,
- Che non dotta che que' faccia blasmarla.
- — 32 —
- LXII
- Amico
- Ancor convien chettu sacci alcun' arte
- Per ghovernar e te e la tu' amica.
- Di buon morse/Zi tuttor la mi notrica,
- E dàlie tuttavia la miglior parte.
- E, s' ella vuol andar i' nulla parte,
- Siile dì : Va, che Dio ti benedica. —
- In gastigarla non durar fatica,
- Sed al su' amor non vuo' tagliar le carte.
- E sella truovi l'opera faeciendo.
- Non far senbiante d' averla veduta;
- In altra parte te ne va fugiendo.
- E, selle fosse lettera venuta,
- Non t' intrametter d' andar inchegiendo
- Chili' à recata, né chi la saluta.
- LXIII
- Amico
- S' a scachi, overo a ttavole giocassi
- Colla tua donna, fa e' agie il pigiore
- Del gioco, e dille eh' eli' è la migliore
- Dadi gittante chettu mai trovassi.
- S' a coderon giocaste, pignia anbassi,
- E fa ched ella sia la vincitore.
- Della tua perdita non far sentore.
- Ma che cortesemente la ti passi.
- Falla seder ad alti, ettu sie basso,
- E sili' aporta carello o cuscino.
- Di le' servir non ti veghi mai lasso.
- S' adesso le vedessi un buscolino.
- Fa che glie levi, e se vedessi sasso
- Là 'v'ella de' passar, netia '1 camino.
- — 33 —
- LXIV
- Amico
- A sua maniera ti mantien tuttora,
- Che s' ella ride, ridi, o balla, balla ;
- s' ella piangie, pensa a consolalla ;
- Ma fa che pianghe tu sanza dimora.
- E se con altre done fosse ancora
- Che giocasero al gioco della palla,
- S'andasse lungi, corri ad aportalla :
- Alle servir tuttor pensa e lavora.
- E se vien alcun' or eh' ella ti tenza,
- Chella ti crucci sì chettu le dai,
- I[n]mantenente torna ad ubidenza,
- E giurale che ma' più noi farai.
- Di quel eh' ài fatto, farai penitenza.
- Prendila e falle il fatto che tu sai.
- LXV
- Amico
- Sovr' ognie cosa pensa di lusinghe,
- Lodando sua maniera e suafazone,
- E che di senno passa Salamene :
- Con questi motti vo' chella dipinghe.
- Ma guarda non s'avega chett' infinghe,
- Che non v' andresti mai a prociessione
- Non ti varebe lo star ginochione.
- Però quel lusinghar fa che tul tinghe,
- Chòd e' n' è ben alcuna sì viziata
- Che non crede giamai ta' favolclle.
- Per e' altra volta n'è stata beffata.
- Ma queste giovanette damigielle,
- Chu la lor terra non n' è stata arala.
- Ti crederanno ben cota' novelle.
- - 34 —
- LXVI
- Amico
- Settu ài altra amica procacciata,
- Over chettu la guardi a procaciare,
- E sì non vuo' per ciò abandonare
- La prima, chu à' lungho tenpo amata :
- Settu a la novella à' gioia donata,
- Sì dì eh' ella la guardi di recare
- In luogo ove la prima ravisare
- Kolla potesse, che seria smenbrata.
- s' ella ancor ne fosse in sospezone,
- Fa saramenta eh' ella t'agia torto,
- C unque ver lei non fosti in mesprigione.
- E, s' ella il pruova, convien che sie acorto
- A dir che forza fu, e tradigione :
- Allora la prendi e siile n' inaflSa l'orto.
- LXVII
- Amico
- E, settua donna cade in malatia,
- Sì pensa ch'ella faccie ben servire,
- Nèttu dallei giamai non ti partire :
- Dalle vivanda e' a piacier le sia,
- E po' siile dirai: Anima mia,
- Ista notte ti tenni in mio dormire
- Intralle braccia, sana al me' disire.
- Molto mi fecie Idio gran cortesia,
- Che mi mostrò sì dolze avisione. —
- Po' dica eh' ella l'oda come sagio,
- Che per lei farà' far gran prociessione,
- Ottu n' andrà' in lontan pellegrinagio.
- Se Gieso Cristo le da guerigione.
- Così avrai il su' amor e '1 su" coragio. —
- — 35 —
- LXVIII
- L'Amante e Amico
- Quand' ebi inteso Amico, che leale
- Consiglio mi clava a su' podere,
- r siili dissi : Amico, il mi' volere
- Non fu unquanche d' esser disleale ;
- Né piaccia a Dio eh' i' sia condotto a tale
- Ch' i' a le gienti mostri ben volere,
- E servali del corpo e dell' avere,
- Ch' i' pensase poi di far lormale.
- Ma sofferà' eh' i' avante dislidi
- E Malabocca, e tutta sua masnada.
- Sì che neuno in me giamai si fidi ;
- Po' penserò di metterli a la spada. —
- Que' mi rispuose : Amico, mal ti guidi :
- Cotesta sì nonn' è la dritta strada.
- LXIX
- Amico
- A te sì non convien far disfidaglia,
- Settu vuo' ben civir di questa guerra.
- Lasciala far a gran signior di terra
- Che posson soferir oste e battaglia.
- Malabo cca, che così ti travaglia,
- È traditor. Chi '1 tradiscie, non erra.
- Chi con falsi senbianti noli' aferra,
- 11 su' buon giocho mette a ripentaglia.
- Settu lo sfidi batti, e' griderà,
- Chèd egli è di natura di mastino :
- Chi più '1 minaccia, più gli abaierà.
- Chi Malabocca vuol metter al chino,
- Sed egli è sagio, egli '1 lusingherà.
- Che cierto sie : quell' è '1 dritto camino.
- 36 -^
- LXX
- L'Amante r Amico
- Po' rai convien ovrar di tradizione.
- E atte pare, Amico, eh' i' la faccia,
- r la farò come eh' ella mi spiaccia.
- Per venir al disu di quel cagnione.
- Ma sìtti priego, gientil conpagnione.
- Sessai alcuna via chessia più avaccia
- Per Malabocca e suo' metter in caccia.
- E trar Beliacoglienza di pregione,
- Chettu siila mi insegni, ed i' v' andrò,
- E menerò co meco tal aiuto
- Ched i' quella forteza abatterò. —
- E nonn' à guari eh' i' ne son venuto.
- Rispuose Amico, ma "1 ver ti dirò,
- Chess' i' v' andai, i' me ne son pentuto.
- LXXI
- Amico
- S[ì] uom apella il camin Troppo-Donare,
- E fu fondato per folle Largheza.
- L' entrata guarda Madonna Richeza.
- Che non [v]i lascia nessun huon passare.
- Se nonn' è su' parente, o su' conpare,
- Già tanto nonn' avrebe in sé belleza.
- Cortesia, né saver, né gientileza,
- Ched ella gli degniasse pur parlare.
- Se può' per quel camin trovar passagio,
- Tussì abattera' tosto 11 castello,
- Beliacoglienza trara' di servagio.
- Non vi varrà gittar di manganello,
- Ned a le guardie lor folle musagio,
- Porte, né mura, né trar di quadrello.
- — 37 —
- LXXII
- Amico
- Or sìtt' ò detto tutta la sentenza
- Di ciò chessagio amante far dovrìa.
- Così r amor di lor guadagnierìa,
- Sanz' aver mai tral'.or malivoglienza.
- Se mai trai di pregion Bellacoglienza,
- Sì fa chettu ne tenghi questa via,
- Od altrimenti mai non t' amerìa,
- Che eh' ella ti mostrasse in aparenza.
- E dalle spazio di poter andare
- Colà dove le piacie per la villa:
- Pena perduta seria in le guardare,
- Chèttu teresti più tosto un' anguilla
- Ben viva per la coda, e fossi in mare,
- Che non faresti femina che ghilla. —
- LXXIII
- L'Amante
- Così mi confortò il buon Amico,
- Possi partì da me sanza più dire.
- AUor mi comincia' fort' a giechire
- Ver Malabocca, il mi' crudel nemico.
- Lo Schifo i' sì pregiava men eh' un fico,
- Ch' egli avea gran talento di dormire.
- Vergognia sì voleaben sofferire
- Di gueregiarmi, per cierto vi dico ;
- Ma ev' era Paura, la dottosa,
- C udendomi parlar tutta tremava.
- Quella non n' era punto dormigliosa ;
- In ben guardar il fior molto pensava ;
- Vie più cheli' altre guardi era curiosa.
- Perciò che ben in lor non si fidava.
- — 38 —
- LXXIV
- L'Amante
- Intorno dal castello andai ciercando
- Sed i' potesse trovar quel' entrata,
- La qual folle Larghcza avea fondata,
- Per avacciar ciò che guia pensando.
- Allor guardai, e sì vidi onbreando
- Disotto un pin una donna pregiata,
- Sì nobilmente vestita e parata
- Che tuttol mondo già di lei p arlando ;
- E sì avea in se tanta beleza
- Che tutto intorno lei aluminava
- Chol su' visagio, tanto avea chiareza.
- Ed un suo amico colici si posava.
- La donna sì avea nome Richeza,
- Mallui non so com' altri 1' apellava.
- LXXV
- L'Amante e Richeza
- Col capo inchino la donna salutai,
- E siila cominciai a domandare
- Del camin e' uomo apella Tropo-Dare.
- Quella rispose : Già per me noi sai,
- E sei sapessi già non v' interrai;
- Chèd i' difendo a ciaschedun l'entrare,
- Sed e' non à che spender e che dare.
- Sì farai gran saver sette ne vai,
- C unquanche non volesti mi' acontanza,
- Né mi pregiasti mai a la tua vita,
- Ma or ne prenderò buona vengianza.
- Che sie ciertano, settu m'ài schernita,
- rti darò tormento e malenanza
- Sì che me' ti varia avermi servita. —
- — 8P —
- LXXVI
- L'Amante e Richeza
- Per Dio, gientil Madonna, e per merzede,
- Le dissi aller, s' i' ò ver voi fallato,
- Ched e' vi piaccia ched e' sia amendato
- Per me, chòd il farò a buona fede ;
- Ch' i' son ciertan che '1 vostro cuor non crede
- Com' io dentro dal mio ne son crucciato;
- Ma, quando vo' m' avrete ben provato,
- E' sarà cierto di ciò e' or non vede.
- Perch' i' vi priego che mi diate il passo,
- Chèd i' potesse abatter il castello
- Di Gielosia, che m' à sì messo al basso. —
- Quella mi disse : Tusse' mio ribello.
- Per altra via andrai, che sarà' lasso
- Inanzi che n' abatti un sol crinelle. —
- LXXVII
- L'amante e Dio d'Amork
- Già no mi valse nessuna pregherà
- Ched i' verso Richeza far potesse,
- Che poco parve che lene calesse,
- Siila trovai ver me cru del e fera.
- Lo die d'amor, che guar lungi non m 'era.
- Mi riguardo com' io mi contenesse,
- E parvemi ched egli ne incresciesse :
- Si venne a me, e disse : In che manera,
- Amico, m' ài guardato l'omanagio
- Che mi faciesti, passât' à un anno? —
- r gli dissi : Messer, ve' avete il gagio
- Or, eh' è il core. — E' non ti fia già danno.
- Che tutti se' portato come sagio.
- Sì avrai guiderdon del errando afanne. —
- - 40 —
- LXXVIII
- L' Amante
- Lo dio d'amor per tutto lo regaio manda
- Messagi e lettere a la baronia,
- Ched avanti da lui ciaschedun sia;
- Ad alcun priega e ad alcun comanda;
- E che vorrà far lor una domanda,
- La qual fornita converrà chessia,
- D' abatter il castel di Gielosia,
- Sì che non vi dimori inn uscio banda.
- Al giorno ciaschedun si presentò,
- Presto di far il su comandamento.
- Deir armadure ciasche lun pensò.
- Per dar a Gielosia pene e tormento.
- La baronia i' sì vi nomerò
- Secondo ched i' ò rimenbramento.
- LXIX
- La Baronia d'Amore
- Madonna Oziosa venne la primiera.
- Co Nobiltà di chuor e con Richezza.
- Franchigia, Cortesia, Pietà, Largheza,
- Ardimento e Honor, ciaschedun v' era.
- Diletto e Conpagnia seguian la schiera.
- Angielicanza, Sicurtà, eLeteza,
- E Solazo, e Bieltate, e Giovaneza
- Andavan tutte inpresso la bandera.
- Ancor v' era Humiltate e Pacienza.
- Giolività vi fue e Ben-Cielare,
- E Falsenbiante, e Costretta-Astinenza.
- Amor si cominciò a maravigliare,
- Po' vide Falsenbiante in sua presenza,
- E disse : Chili' à tolto a sichurare ? —
- — 41 —
- LXXX
- Costretta-Astinenza
- Astinenza- Costretta venne avanti,
- E disse : E' vien co meco in conpagiiia,
- Che sanza lui civir non mi porla.
- Tanto non pregherei né Die, né Santi.
- E me, e se governa co' senbianti
- Che gV insegniò sua madre Ipocresia.
- r porto il manto di Papalardia,
- Per più tosto venir a tenpo a guanti.
- E così tra noi due ci governiamo,
- E nostra vita dimenian gioiosa,
- Sanza dir cosa mai che noi pensiamo.
- La ciera nostra par molto pietosa,
- Ma non n' é mal nesun che non pensiamo.
- Ben paia noi giente relegiosa. —
- LXXXI
- Dio d'Amor e Falsenbiante
- Lo dio d'amor sorise quando udio
- Astinenza-Costretta sì parlare,
- E disse : Qui à giente d'alt' affare.
- Dì, Falsenbiante, sett' aiuti Idio,
- S' i' ti ritengnio del consiglio mio.
- Mi potrò io in te punto fidare ? —
- Segnior mio, sì di nulla non dottare,
- Ch' altro c'a lealtà ma' non pens' io. —
- Dunqu' è cotesto contra tua natura. —
- Veraciemente ciò é veritate.
- Ma tuttor vi metete in n' aventura.
- Mai i[l] lupo di sua pelle non gittate.
- No gli farete tanto di laidura.
- Se voi inprima noUo scorticate.
- — 42 —
- LXXXII
- Dio d'Amore
- Amor disse a' baroni : T v' ò mandato,
- Perchè convien eh' i' agia il vostro aiuto,
- Tanto che quel Castel si' abattuto,
- Che Gielosia di nuovo à già fondato,
- Onde ciascun di voi è misurato.
- Si vi richegio che sia proveduto
- Per voi, in tal maniera, che tenuto
- Non sia più contra me, ma si' aterrato.
- Che pur convien eh' i' soccorra Durante,
- Chèd i' gli vo' tener sua promessione,
- Che tropo Fò trovato fin' amante.
- Molto penò di torel mi Ragione :
- Que' come sagio fu sì fermo e stante.
- Che noUe valse nulla su' sermone.
- LXXXIII
- Il consiglio della Baronia
- La Baronia sì fecie parlamento
- Per devisar in che maniera andranno,
- la qual porta prima assaliranno.
- Si fur ben tutti d' un' acordamento,
- Fuor che Richeza, che fé saramento
- Ch' ella non prenderebe per me affanno,
- Ned al Castel non darebe già danno.
- Per pregheria nò per comandamento
- Che nessuna persona far potesse.
- Per ciò eh' i' non volli anche su' acontezza.
- Sì era dritto eh' i' mene pentesse.
- Ben disse eh' i' le feci gran carezza
- Sotto dal pino, ma non e' ancor vedesse
- Che Povertà no m' avesse in distrezza.
- - 43 -
- LXXXIV
- L'ordinanze delle battaglie de la Baronia
- Al die d'amor ricordaro il fatto,
- E disser che trovavar d' acordanza
- Che Falsenbiante e Costretta- Astinenza
- Dessono a Malabocca scacco matto,
- Largheza e Cortesia traesser patto
- Con quella chessà ben la vechia danza,
- E Piotate e Francheza dear miccianza
- A quello Schifo che sta sinor sato ;
- E po' vada Diletto e Ben-Cielare,
- Ed a Vergognia dean tal la strellata
- Ched ella non si possa rilevare ;
- Ardimento a Paura dea ghigniata,
- E Sicurtà la degia sì pelare
- Ched ella non vi sia ma' piìi trovata.
- LXXXV
- Lo DIO d'Amore
- Amor rispuose : A me sì piacie assai
- Che r oste avete bene istabulita ;
- Mattu, Richeza, e' or mi se' fallita,
- Sed i' potrò, tutte ne penterai.
- S' uomini richi i' posso tener mai,
- Non poss' io già star un giorno in vita,
- S' avanti che da me facciar partita.
- No recherò a poco il loro assai.
- Uomini poveri fatt' anno lor sire
- Di me, e ciaschedunm' à dato il core :
- Per eh' a tal dono mi degio ben sofriro.
- Se di richeza sì come d'amore
- r fosse dio, non possa io ben sentire,
- Sed i' no gli mettesse in gran riccorc. —
- — 44 —
- LXXXVI
- La risposta de la Baro. m a
- S' uomini richi vi fano damagio,
- Vo' avete ben chi ne farà vendetta.
- Non fate forza, s' ella non s' afretta,
- Che no' la pagheren ben del' oltragio.
- Le donne e le pulzelle al chiar visagio
- Gli metteranno ancor a tal distretta,
- Ma che ciascuna largo si prometta.
- Che strutto ne sarà que' eh' è '1 più sagio.
- Ma Falsenbiante trametter non s' osa
- Di questi fatti, né sua conpagnia,
- Che gran mal gli volete : ciò ci posa.
- Sì vi prega tutta la Baronia
- Che ricieviate, e manderà la cosa
- Da po' che vo' volete e' così sia. —
- LXXXVII
- Amore
- Amor sì disse : Per cotal convento,
- Falsosenbiante, in mia corte enterai
- Che tutti i nostri amici avanzerai,
- E metterai i nemici in bassamente ;
- E sìtti do, per buon cominciamento.
- Che re de' barattier tu sì sarai ;
- Ch' è peza che 'n capitolo il fermai,
- Ch' i' conosciea ben tu 'tradimento.
- Or sì vo' checci dichi in audienza,
- Pe' ritrovarti, se n'avren mestiere,
- r luogo dove tuffai residenza ;
- Né di che servi, né di che mestiere,
- Fa che n'agian veracie conoscienza :
- Ma noi farai, sìsse' mal barattiere. —
- — 45 —
- LXXXVIII
- Palsenbiante
- Po' che vi piacie edi' si '1 vidiroe,
- Diss' alor Falsenbiante, or ascoltate,
- Clièd i' si vi dirò la ventate
- De[l] luogo dov' io uso e dov' i' stoe.
- Alcuna volta per lo secol voe,
- Ma dentro a' chiostri fugo in salvitate,
- Che quivi poss' io dar le gran ghigniate,
- E tuttor santo tenuto saroe.
- Il fatto a' secolari è troppo aperto :
- Lo star guari co lor non mi bisognia,
- C a me convien giucar troppo coperto.
- Perch' i[n] la mia malizia mi ripognia,
- Vest' io la roba del buon frate Alberto :
- Cli' i[n] tal roba è, non teme mai vergognia.
- LXXXIX
- Falsenbiante
- r sì mi sto con que' religiosi.
- Religiosi no, se non in vista,
- Cheffan la ciera lor pensosa e trista,
- Perparerer a le gienti più pietosi.
- E sì si mostran molto sofrettosi,
- E 'n tapinando ciaschedun aquista.
- Sì che perciò mi piacie lor amista
- C a barattar son tutti curiosi.
- Po' vanno procacciando l'acontanze
- Di riche gienti, e vanole seguendo ;
- E si voglion mangiar le gran pietanze,
- E preziosi vin vanno bevendo,
- E queste son le lor grandi astinenze.
- Po' van la povertà altrui abellendo.
- — 46 —
- XC
- Falsenbiante
- E sì vanno lodando la povertà,
- E le richeze pescan co tramagli ;
- Ed ivi metton tutti lor travagli,
- Tutto si cuoprare" d'altra coverta.
- Di lor non può' tu trare cosa cierta.
- Settu lor presti, me' vai a chitarli.
- Che settu metti pena in raquistarli,
- Ciascun di lor si ferma in darti perta.
- E ciascun dicie eh' ò religioso.
- Perchè vesta disopra grossa lana,
- E '1 morbido bianchetto tien nascoso.
- Ma già Religione ivi non grana.
- Ma grana nel cuor humile e piatoso,
- Che 'n trar sua vita mette pena e ana.
- XCI
- Falsenbiante
- [C]om' i' v' ò detto, in cuore humile e piano
- Santa Religione grana e fiorisele.
- Religioso non si inorgogliscie,
- Tuttora il truova l'uon dolcie e humano.
- A cotal giente i' sì do tosto mano,
- Che vita di nessun non m' abeliscie.
- Se non inganna, e baratta, e tradiscie ;
- Ma '1 più eh' i' posso, di lor sì mi strano,
- Che con tal giente star ben non potrei.
- C a voi, gientil signior, ben dire Toso,
- Che s' i' vi stese, i' sì m' insignirei.
- E po' il mi' volere i' sì vi chioso.
- Che pender prima i' sì milascierei,
- Ched i' uscisse fuor di mi' proposo.
- — 47 —
- XCII
- Falsenbiante
- Color con cuisto si anno il mondo
- Sotto da lor sì forte aviluppato,
- Clied e' non n è nesun sì gran prelato
- C a lor possanza truovi riva o fondo.
- Con mio baratto ciaschedun afondo.
- Che sed e' vien alcun gran litterato
- Che voglia discovrir il mi' peccato,
- Co la forza eh' i' ò, i' sii confondo.
- Mastro Sighier non andò guari lieto.
- A ghiado il fé' morire a gran dolore,
- Nella corte di Roma, ad Orbivieto.
- Mastro Guillelmo, il buon di Sant-Amore,
- Feci di Francia metter in divieto,
- E sbandir del reame a gran romore.
- xeni
- Falsosbnbiante
- r sì vo per lo mondo predicando,
- E dimostrando di far vita honesta.
- Ognie mi' fatto sì vo far a sesta,
- E gli altrui penso andar aviluppando.
- Ma chi venisse il fatto riguardando.
- Ed egli avesse alquanto sale in testa.
- Veder potrebe in che '1 fatto si ne sta,
- Ma noi consigliere' andarne parlando.
- Che que' che dicie cosa che mi spiaccia,
- Overo a que' che seguor mi' penone,
- E' convien chessia morto o messo in caccia,
- Sanza trovar in noi mai ridenzione.
- Né per merzé, né per cosa che faccia,
- E pur convien che vada a distruzione. —
- - 48 —
- XCIV
- Dio d'Amore e Falsenbiante
- Come Falsosenbiante sì parlava,
- Amor sii prese allora a ragionare,
- E elisegli, inronpendo su' parlare,
- Cai su' parer ver Dio troppo fallava ;
- E poi il domandò se l'uon trovava
- Religione in gienta seculare.
- Que' disse : Sì non n'è mestier dottare ;
- Che più che 'n altro luogo ivi fruttava ;
- Ched e' sarebe troppo gran dolore
- Se ciaschedun su' anima perdesse,
- Perchè vestisse drappo di colore ;
- Né lui, né altri già ciò non credesse.
- Che 'n ognie roba porta frutto e fiore
- Religion, ma che '1 cuor le si desse.
- xcv
- Falsenbiante
- Molti buon Santi à l'uon visti morire,
- E molte buone sante gloriose,
- Che fuor divote e ben religiose,
- E robe di color volean vestire,
- Né non lasciar per ciò già di santire.
- Ma elle non fur anche dispittose,
- Anz' eran caritevoli e pietose,
- E soflferian per Dio d'esser martire.
- E, s' i' volesse i' n' andre' assa' nomando
- Ma apresso che tutte le Sante e Santi,
- Cheli' uon va per lo monde ogi adorando.
- Tener famiglie, e sì fecier anfanti.
- Vergine e caste, e donne gir portando
- E cotte, e sorcotti di colori, e manti
- - 49 -
- XCVI
- Falsenbiante
- L'undici milia vergini beate
- Che davanti da Dio fanno lumera,
- In roba di color ciaschedim' era
- Il giorno, eh' elle fur martoriate.
- Non ne fur per ciò da Dio schifate.
- Dunque chi dicie cheli' anima pera
- Per roba di color, già ciò non chera,
- Che già non fur per ciò di men salvate :
- Che '1 salvamento vien del buon coragio ;
- La roba non vi toglie, né non vi dona,
- E questo sì de' creder ognie sagio,
- Che non sia intendimento di persona,
- Che que' che veste F abito salvagio.
- Si salvi, se nonn' à l'opera bona.
- XCVII
- Falsenbiante
- Chi della pelle del monton fasciasse
- I[l] lupo, e traile pecore il mettesse,
- Credete voi perchè monton paresse,
- Che de le pecore e' non divorasse ?
- Già men lor sangue non desiderasse?
- Ma vie più tosto inganarle potesse,
- Po' chella pecora noi conosciesse :
- Se si fugisse, inpresso lui n' andasse.
- Cosi vo io, mi' abito divisando,
- Chèd i' per lupo non sia conosciuto :
- Tutto[r] vad' io le gienti divorando.
- E, Dio merzé, i' son sì proveduto,
- Ched i' vo tutto '1 mondo ogi truffando,
- E sì son santo e produomo tenuto.
- - 50 —
- XCVIII
- Falsenbiante
- Sed e' ci à guari di cota' lupelli.
- La Santa Chiesa si è mal balita,
- Po' chella sua città è asalita
- Per questi apostoli, e' or son novelli ;
- Ch' i' son ciertan, po' eh' e' son suo' rubelli,
- Ch' ella non potrà essere guarentita :
- Presa sarà sanza darvi fedita
- Né di trabochi, né di manghanelli.
- Se Dio non vi vuol metter argomento,
- La guera sì fie tosto capitata,
- Sì eh' ognie cosa andrà a perdimento ;
- Ed a me par che l'à dimenticata:
- Po' sofera cotanto tradimento
- Da color a chui guardia 1' à lasciata.
- XCXIX
- Falsenbiante
- Sed e' vi piacie, i' sì m" andrò posando,
- Sanza di questi fatti più parlare,
- Ma tuttor si vi vo" convenenzare
- Che tutti i vostri amici andrò avanzando;
- Ma che co meco ciascun vada usando,
- Si son e' morti se non voglion fare ;
- E la mia amica convien honorare,
- '1 fatto loro andrà pur pegiorando.
- Egli è ben vero ched i' son traditore,
- E per ladron m' à Dio pcza giugiato,
- Perdi' i" ò messo il mondo in tanto erore.
- Per molte volte mi son pergiurato;
- Ma i' fo il fatto mio sanza romore.
- Sì che nessun se n" è ancora adato.
- — 51 —
- C
- Falsenbiante
- r fo si fintamente ognie mio fatto,
- Che Proteus, ch.e già si solea
- M[ut]are in tutto ciò ched e' volea,
- Nonsepe unquanche il quarto di baratto
- Come fo io, che non tenni ancor patto,
- E nonn' è ancor nessun che se n' adea,
- Tanto no stea con meco, o mangi, o bea.
- Che nella fine no gli faccia un tratto.
- Chèd i' so mia fazone sì ben canbiare
- Ched i' non fui unquanche conosciuto,
- In luogo tanto vi potesse usare ;
- Che chi mi crede più aver veduto,
- Cogli atti miei gli so gli ochi fasciare,
- Sì che m' à incontanente isconosciuto.
- CI
- Falsenbiante
- r sì so ben per cuor ognie linguagio,
- Le vite d'esto mondo i' ò provate,
- Ch' un' or divento prete, un' altra frate,
- Or prinze, or cavaliere, or fante, or pagio.
- Secondo ched i' vegio mi' vantagio,
- Un' altr' or son prelato, un' altra abate.
- Molto mi piaccion giente regolate,
- Che collor cuopro meglio il mi' volpagio.
- Ancor mi fo romito, e pellegrino,
- Cherico, e avocato, e g[i]ustiziere,
- E monaco, e calonaco, e bighino.
- E castellan mi fo, e forestiere,
- E giovane alcun' ora, e vechio chino.
- A brieve motti i' son d' ogni mestiere.
- — 52 —
- CU
- Falsenbiante
- Sì prendo poi per seguir mia conpagna,
- Ciò è Madona Costretta-Astinenza,
- Altri dighisamenti a sua voglenza,
- Perch' ella mi soUaza e m' aconpagna ;
- E metto pena perch' ella rimagnia
- Co meco, percir eli' è di gran sofrenza,
- E fa mostra attal gran benvoglienza
- Ch' ella vorebe che fosse in Ispagnia,
- Ella si fa pinzochera, e badessa,
- E monaca, e rinchiusa, e serviziale,
- E fassi sopriora e prioressa.
- Idio sa ben sed elF è spiritale :
- Altror si fa noviza, altror professa ;
- Ma che che faccia, non pensa e' a male.
- CHI
- Falsenbiante
- Ancor sì no mi par nulla travaglia
- Gir per lo mondo inn ogne regione,
- E riciercar ognie religione,
- Ma della religion, sa[n] nulla faglia,
- r lascio il grano e prendono la paglia,
- Ch' i' non vo' cheli' abito a lor fazone,
- E predicar dolze predicazione :
- Con questi due argomenti il mondo abaglia.
- Così vo io mutando e suono, e verso,
- E diciendo parole humili e piane.
- Ma molt' è il fatto mio a dir diverso ;
- Che tutti que' e' ogi manucanpane,
- No miterìau eh' i' non gisse traverso,
- Ch' i' ne son ghiotto più che d' unto il cane.
- — 53 —
- CIV
- Amore e Falsenbiante
- Falsosenbiante si volle soMre
- Sanza dir do' suo' fatti più in avaute,
- Ma '1 die d' amor non fecie pa' senbiante,
- Ched e' fosse anoiato dell' udire.
- Anzi gli disse per lui ringioire :
- E' convienal postutto, Falsenbiante,
- C og-nie tua tradigion tu sìcci canta,
- Sì che non vi rimanga nulla a dire.
- Chèttu mi pari un uon di Gieso Cristo,
- E '1 portamento fai di santo hermito. —
- Egli è ben vero, ma i' sono ipocristo. —
- Predicar astinenza i' t' ò udito. —
- Ver' è, ma, perch' i' faccia il viso tristo,
- r son di buon morselli dentro farsito.
- CV
- Falsenbiante
- Di buon morselli i' sì m' enpio la pancia,
- E se si truova al mondo di buon vino,
- E' convien ch'i' mene enpia lo bolino.
- Ad agio vo' star più che '1 re di Francia.
- Che gli altru fatti so' tutti una ciancia
- Verso de' mie', che son mastro divino,
- E le cose sacrate m' indovino,
- E tuttol mondo peso a mia bilancia.
- Ancor v' ò da le gienti tal vantagio
- Ch' i' vo' riprender sanz' esser ripreso ;
- Ed è ben dritto, eh' i' sono '1 più sagio.
- Sì porto tuttor sotto 1' arco teso
- Per dar a quel cotal male e damagio.
- Che 'n gastigar m[i]stess' è punto intoso. -
- — 54 —
- evi
- Amore e Falsenbiante
- Tu, sì va' predicando povertate,
- E lodila. — Ver' è, ad uopo altrui,
- Ch' i' non son già su' amico, né ma' fui,
- Anzi le porto crudel nimistate ;
- Ch' i' amerei assa' meglio l'amistate
- Del re di Francia, che quella a colui
- Che va caendo per Tuscia l'altrui,
- E muor sovente di neciessitate.
- E ben avess' egli anima di santo,
- 11 pover, no mi piacie su' acontanza,
- E più eh' i' posso il metto dal un canto.
- E sed amor gli mostro, sì è fìnteza ;
- Ma convien eh' i' mi cuopra di quel manto.
- Per mostrar eh' i' sia buon lor fo careza.
- CVII
- Falsenbiante
- E quand' io vego igniudi que' truanti
- Su monti dellitame strar tremando,
- Che fredo e fame gli fa sì acorando
- Che non posson pregiar né Die, né Santi,
- El più eh' i' posso lor fugo davanti,
- Sanza girne nessun riconfortando.
- Anzi lor dico: Al diavol v' acomando.
- Con tutti que' che non àn' de' bisanti,
- Chèlla lor conpressione è freda e secca.
- Sì eh' i' non so eh' i' di lor trar potesse.
- Or che dirà colui che '1 coltel lecca ?
- Di gran follia credo m' intramettesse
- Voler insegniar vender frutta a trecha,
- eh' i' a letto del cane unto chiedesse.
- — 55 —
- CVIII
- Falsenbiante
- Ma quand' i' truovo un ben ricco usuraio
- Infermo, vo '1 sovente a yicitare,
- Chèd 1' ne credo danari aportare,
- Non con giomelle, anzi a colmo staio.
- E quando posso, e' non riman danaio
- Assua famiglia onde possa ingrassare.
- Quand' egli è morto, il convio a sotterare,
- Po' terno e sto più ad agio che Gienaio
- E sed 1' sono da nessun biasmato,
- Perch' lo il pover lascio e '1 ricco stringo.
- Intender fo che '1 ricco à più peccato,
- E per ciò sii conforto, e sii consiglio,
- Insin che d' ognie ben s'è spodestato,
- E dato a me, che 'n Paradiso il pingo.
- CIX
- Falsenbiante
- Io dico che 'n sì grande dannazione
- Va l'anima per grande povertade,
- Come per gran ricceza in veritade ;
- E ciaschedun de' aver quest' a 'ntezione,
- Che 'n un su' libro dicie Baiamone :
- Guardami, Idio, per la tua gran pietade,
- Di gran richeza e dimendichitate,
- E dami del tu' ben sol per ragione.
- Che que' e' à gran richeza, sì oblia
- Que' chel criò per lo su' gran riccore.
- Di che r anima mette in mala via.
- Colui cui povertà tien in dolore
- Convien chessia ladrone, o muor d'envia,
- sera falsonier, o mentitore.
- - 56 —
- ex
- Falsiìnbiante
- Ancor sì non comanda la Sci-ittura
- Che possent' uon di corpo cliegia pane.
- Nò che si metta a viver d'altru ane :
- Questo non piacie a Dio, nò non n' à cura,
- Nò non vuol chelF uon faccia sale o mura
- Dele limosina alle gienti strane,
- Ma vuol e' uon le diparta a giente humane
- Di cui forza e santade à gran paura.
- E sì difende a buono Giustiziano,
- E questo fecie scriver nella legie
- Che nesun dia limosina a liuon sano
- Che truovi a guadagniare, ettu f avegi
- Ch 'a lavorare e' non vuol metter mano ;
- Ma vuol cliettu '1 gastighi, e caLici, e fegi.
- CXI
- Falsenbiante
- Chi di cota' limosino è 'ngrassato,
- In Paradiso non de' atendor pregio,
- Anzi vi de ' atender gran dispregio,
- Almen se non è privilegiato.
- E s' alcun n'è, si n'è fatto ingannato
- El Papa che li die il su ' colegio.
- Che dar non credo doverìa privilegio
- C uon sano e forte gisse mendicato ;
- Chèlle limosine che sono donate
- A vechi, o magagniati san posanza,
- Achui la morte seria gran santate,
- Colui chelle manuca i' 1' ò 'n gravanzn :
- Elle gli fieno ancor ben vendute.
- Di (juesto non bisognia aver dottanza.
- - 57 —
- CXII
- Falsenbiante
- Tanto quanto Gesù andò per terra,
- I suo' disciepoli e' non dimandaro
- Né pane, né vino, anzi il guadagiiiaro
- Co le lor man, sello scritto non erra.
- Co buon mastri divin ne feci guerra,
- Perchè questo sermone predicare
- Al popolo a Parigi, e sii provaro
- C uon eh' è truante col diavol s'aferma.
- Ancor po' che Giesù si tornò in cielo.
- San Paolo predicava i conpagnioni
- Ched e' si non vcndeser lo (luagnielo,
- Sì che di grazia tecier lor sermoni.
- Di lor lavor vivieno già, noi vi cielo,
- Sanza fondar castella, né magioni.
- CXIII
- Fa[,senbiante
- Vere che ci à persone ispezia.li
- Che van cherendolor vita per Dio,
- Per cir i' vi dico ben e' al parer mio
- Egli è mercié far bene a que' corali.
- Di questi sono alquanti bestiali,
- Che non anno iscienzia in lavorio,
- Ed altri v' à che 1' anno, ma è rio
- Il tenpo, e lor guadagni sì son frali ;
- Ancor di gientil giente discacciata,
- Che non son costumati a lavorare.
- Ma son vinti sol di lor entrata :
- A cota' gienti de' ciascun donare,
- Che lor limosina è bene inpiegata -
- Sì è mercié atar li governare.
- — 58 —
- CXIV
- Falsenbiante
- Ad alcun altro cheffa lavoraggio,
- Ma ben sua vita trar non ne poria,
- Si gli consente Idio ben truandia
- Per quel che gli fallisele alsu'managio.
- Od altro povero e' avesse coragio,
- Di volere studiar in chericia,
- Gran merciede à farli cortesia
- Insin che sia delà scienza sagio.
- E se 'n cavalleria alcun volesse
- Intender per la fede a se alzare,
- Non fallerià già sed e' chiedesse,
- Infìn che se potesse ben montare,
- E avere spezieria, che potesse
- Conduciersi nella terra d'oltre mare. —
- cxv
- Dio d'Amore e Falsenbiante
- — Dì, Falsenbiante, in che maniera puote
- Seguire Idio, chi a tutto venduto.
- Ed allo tutto a' pò ver' dispenduto,
- E le sue borse son rimase vuote,
- Ed è forte, e possente, e à grosse gote ;
- Gli sarebe per dritto concieduto
- C a trar sua vita domandasse aiuto,
- Come quest' altri chettu or mi note ? —
- Dico di no, che se Dio fé comanda
- Con desse tutto a poveri e po' '1 sieva,
- La sua 'ntenzion non fu in truandando,
- E questo intendimento tine lieva.
- Ma con buon opere tuttor lavorando ;
- C uon forte in truandar 1' anima grieva.
- - 59 —
- CXVI
- Falsenbiante
- Ancor una crudel costuma abiamo
- Contra cui no' prendiamo la nimistade.
- Quanti no' siamo, in buona veritade,
- In difamarlo noi ci asottigliamo,
- E se per aventura noi sapiamo
- Com e' possa venire a dignitafie.
- Nascosamente noi faccian tagliare,
- Sì che di quella via no' il ne gittiamo.
- E ciò facciamo noi sì tracielato
- Che non saprà per chui l'avrà perduto
- Infìn che non ne fia di fuor gittato ;
- Che se r avese daprima saputo
- Per aventura e' si sarìa scusato,
- Sì eh' i' ne sarìa menzonier tenuto. —
- CXVII
- Amore e Falsenbiante
- Cotesta mi par gran dislealtate,
- Rispose Amore, or non credi tu 'n Cristo ?
- r non, chèd e' sarà pover' e tristo
- Colu che vi vera di lealtac?e.
- Sì eh' io non vo ' per me quelle ghignate ;
- Ma come chèd i' possa, i' pur aquisto,
- Chèd a nessun non n' è volontier visto
- Colui che manterrà di povertate.
- Anzi l'alunga ciascuno ed incaocia.
- Giànolli fia sì amico, né parente,
- Ch' egli il vega volontieri in faccia.
- Sì eh' i' vogl' anzi con mi sia ubidente,
- Come eh' io a Cristo ne dispiaccia,
- Che d' eser in servasrio della giente
- — 00 —
- CXVIII
- Falsknbiante
- Vedete che Llauari unno usorieri,
- Siniscalchi, e prevosti, e piatitori,
- Che tutti quanti son gran piatitori,
- E sì son argogliosi molto e fieri
- Ancor borghesi sopra i cavalieri.
- Son ogi tutti quanti venditori
- Di lor derrate e aterminatori,
- Sì e' ognie gientil huon farà panieii,
- E conviene che vendan casa o terra
- Infin che i borghesi siar pagati,
- Che giorno e notte gli tegnono in serra.
- Ma io, che porto panni devisati,
- Fo creder lor che ciascheun si erra,
- E 'nganno ingannatori e ingannati.
- CXIX
- Falsenbiaxte.
- Chi se ne vuol adirar, sì se n" adiri,
- Chèd i' vi pur conterò ognie mio fatto,
- S' i' dovess' eser istrutto intrafatto,
- O morto a torto, come furo i martiri,
- discacciato come fu '1 buon siri
- Guillelmo che di Santo-Amor fu stratto.
- Così '1 conciò la mogie di Baratto,
- Però che mi ronpea tutti mie' giri.
- Chèd e' sì fu per lei sì discacciato,
- E sol per verità che sostenea,
- Ched e' fu del reame isbandegiato.
- De mia vita fé libro, e si legiea
- Che non volea eh' i' gisse mendicato.
- Verso mia luudre U'uppo misprendea.
- — 61 —
- cxx
- Falsenbiante
- Questo buon uon volea eh' i' rinegasse
- Mendichità, e gisse lavorando,
- S' i' non avea che mia vita passando
- Potesse, sanza e' altro domandasse.
- A quel consiglio mai no m' acordasse :
- Tropp' è gran noia V andar travangliando.
- Megli' amo star davante adorando
- Ched i' a lavorar m' afaticasse .
- Che '1 lavorar sì no mi può piaciere,
- Ned acciò consentir no mi porla,
- Che molte volte fallarei in dolere.
- Più amo il manto di Papalardia
- Portar, perciò che gT è magior favore,
- Che di lui cuopr' io mia gran rinaldia.
- CXXI
- Falsenbiante
- r sì nonn ò più cura d'ermitagi,
- Né di star in diserti nò 'n foresta.
- Che vi cade sovente la tenpesta :
- Sì chito a San Giovanni quel boscagi.
- In cittadi e 'n castella fo mie' stagi,
- Mostrando ched i' faccia vita agresta ;
- Ma s' alla villa buon morsel s' aresta,
- E' pur convien per forza eh' i' n' asagi.
- E vo diciendo eh' i' vo fuor del mondo,
- Perch' i' mi giuochi in sale e in palazi ;
- Ma ehi vuol dire vero, i' mi v' afondo.
- S' i' posso trovar via d' aver grand' agi,
- Or siate eierto eh' ï no mi nascondo,
- — 02 —
- CXXIl
- Falsenbiante
- Ancor si m' intrametto in far mogliazo.
- Altror fo paci, altror si son sensale ;
- Manovaldo mi fo, ma quel cotale
- Che mi vi mette, l'abiate per pazo ;
- Che de' suo' beni i' fo torre e palazo.
- Over be' dormitori, o belle sale.
- Sì che, s' egli à figluol, poco gli vale
- I[l] ben del padre, sì '1 te ne rispazo.
- E se voi aveste nulla cosa a fare
- Intorno di colui, con chi riparo,
- Dii'àllami, faròlla capitare.
- Ma non eonvien mostrar che vi si' amaro
- A largamente sapermi donare,
- Che '1 mi' servigio vendo molto caro.
- CXXIII
- Falsenbiante
- r sì son de' valletti d'Antecristo,
- Di quel ladron che dicie la Scrittura,
- Che fanno molto santa portatura,
- E ciaschedun di loro è ipocristo.
- Agniol pietoso par (juand" uon 1' à visto.
- Di fora sì fa dolze portatura.
- Ma egli è dentro lupo per natura,
- Che divorala giente Gieso-Cristo.
- Così abiamo inpreso mare e terra,
- E sì faccian per tutto ordinamento.
- Chi no r oserva. diamo e' a fede erra.
- Tanto facciamo co" nostro tradimento
- Che tutto '1 mondo à preso co noi guerra.
- Ma tutti gli mettiamo a i)erdimento.
- — 63 -
- CXXIV
- F A LS ENEI AN TI-:
- Sed i' truovo in cittade, o in castello.
- Colà ove Paterino sia riparato,
- Credete ched e' sia aconsolato,
- Od altr' non, ma che sia mio ribello ?
- prete ched e' sia, o ohericiello
- Che tenga amica, o giolivo Prelato,
- E' convien che per me sia gastigato ,
- Che ciaschedun mi dubita, sì son fello.
- Ancor gastigo altressì usurai,
- E que' che sopravendono a credenza,
- Roffiane, e forziere, e bordelai.
- En ciascuno i' ò malivoglenza.
- Ma che che duolo tu senti, noi dirai :
- Sì fortemente dotti mia sentenza.
- cxxv
- Falsenbiantk
- Que' che vorrà canpar del mi' furore,
- Eco qui preste le mie difensioni:
- Grosse lanprede, over di gran salmoni
- Aporti, [o] lucci, sanza far sentore.
- La buona anguilla nonn' è già pegiore ;
- Alose, o tinche, o buoni storioni,
- Torte battute, o tarte re, o fiadoni.
- Queste son cose d' aquistar mi' amore.
- se mi manda ancor grossi cavretti,
- gran capponi di muda, be' nodriti,
- paperi novelli, o coniglietti,
- Dachè ci avrà di ta" morse' serviti,
- No gli bisognia di far gran disdetti :
- Dicache g[i|iioco, e giunca a tutt' inviti.
- - 64 —
- CXXVI
- Falsenbiante
- Que' che non pensa d' aver Y armadurc
- Ch' r v' Ò contate, over preziosi vini,
- Over di be' sachetti di fiorini,
- Le mie sentenze lor fien troppo dure.
- Né non si fidi già in Escritture,
- Che saccian che co' mie' mastri divini
- r proverò ched e' son Paterini,
- E farò lor sentir le gran calure.
- Od i' farò almen che fien murati,
- darò lor si dure penitenze,
- Che me' lor fora che non fosser nati .
- A Prato, ed a Arezo, e a Firenze
- N' ò io distrutti molti e iscacciati.
- Dolente è que' che cade a mie sentenze. —
- CXXVII
- Lo DIO d'Amor e Falsenbiante
- Di, Falsenbiante, per gran cortesia,
- Po' eh' i' t' ò ritenuto di mia giente,
- E òtti fatto don sì bel e giente,
- Chettu se' re della baratteria,
- Afìderòmi in te, o è follia?
- Fa chettu me ne facci conosciente,
- Chèd i' sarei doman troppo dolente
- Settu pensassi a farmi villania. —
- Per Dio merzé, Messer, non vi dottate,
- Chèd i' vi do la fé tal com' i' porto,
- Ched i' vi terrò pura lealtate.
- — Allor, sì disse Amor, ogni o[u] si' auorto
- D' armarsi con su' arme devisate,
- E vadasi al castel chossì m' à morto. —
- — 65 -
- CXXVIII
- L'Armata de' Baroni
- A r armadure ciaschedun si prese,
- E sì s' armar co molto gran valore.
- Per dar a Gielosia pene e dolore.
- Se contra lor[oJ stesse alle difese.
- Ed alcun prese scudo, altro pavese,
- Ispade e lande, a molto gran romore,
- Diciendo ciaschedun al die d' amore
- Che quelle guardie saran morte e prese.
- Or sì vi conterò la contenenza
- Che Falsenbiante fecie in quella andata.
- Colla su' amica Costretta-Astinenza.
- E' non menar collor già giente armata,
- Ma, come giente di gran penitenza.
- Si mosser, per fornir ben lor giornata.
- CXXIX
- Com' Astinenza andò a Malaboca
- Astinenza-Costretta la primera
- Sì si vestì di roba di renduta,
- Velata, che non fosse conosciuta,
- Con un saltero i' man faciea pregherà,
- I-a ciera sua non parea molto fera,
- Vnz' era humile e piana divenuta.
- Al saltero una filza avea penduta
- Di paternostri el laccio di filiera.
- Ed i' mano un bordone di ladorneccio
- Portava, il qual le donò Ser Baratto :
- Già non era di melo né di leccio.
- Il suocier le V avea tagliato e fatto :
- La scarsella avea piena di forneccio :
- Ver Malabocca andò per darli matto.
- — 06 —
- cxxx
- Come Falsenbianie andò a Malabocca
- Falsosenbiante, si com' on di coro
- Religioso, e di santa vita,
- S' aparechiò, e si avea vestita
- La robo frate Alberto d'Agimoro.
- 11 su' bordon non fu di secomoro,
- Ma di gran falsità ben ripulita.
- La sua scarsella avea pien' e fornita
- Di tradigion più che d' argiento o d' oi o,
- Ed una bibia al collo tutta sola
- Portava. In seno avea rasoio taglente,
- Che U fecie fabricare a Tagliagola,
- Di che quel Malabocca mal diciente
- Fu poi strangolato, che tal gola
- Avea de dir male d'ognie gientc.
- CXXXI
- Malabocca, Falsenbiante e Costretta-Astinenza
- Così n' andare in lor pellegrinagio
- La buona pellegrina e '1 pellegrino ;
- Ver Malabocca tener lor camino,
- Che troppo ben guardava su' passagio ;
- E Falsenbiante malizioso e sagio
- Il salutò col capo molto chino,
- E sì gli dissi : V son mastro divino.
- Sì sian venuti a voi per ostellagio —
- Malabocca conobe ben Senbiante,
- Ma non eh' e' ifosse falso ; sì rispuose
- C ostel darebe lor: Venite avanti. —
- Ad Astinenza molto mente puose,
- Che veduta 1' avea per volte mante;
- Ma per costretta giamai nolla spuose.
- CXXXII
- Malabocca, Falsenbiante b Costretta- Astinenza
- Malabocca s' inchiede i pellegrini
- Di loro stato e di lor condizione,
- E dimandò qual' era la cagione
- Ch' egli andavan sì matti e sì tapini.
- Que' disser : No' sì sian mastri divini,
- E sì cierchiamo in ognie regione
- De r anime che vanno a perdizione,
- Per rimenargii a lor dritti camini.
- Or par chessia piaciuto al Salvatore
- D'averci qui condotti per vo' dire,
- E gastigar del vostro grande 'errore,
- Se vi piacie d' intender e d'udire. —
- fatto, r si son presto d'ubidire.—
- CXXXIII
- Astinenza
- Astinenza sì cominciò a parlare,
- E disse : La vertude più sovrana
- Che possa aver la criatura humana,
- Sì è della sua lingua rifrenare.
- Sovr' ogn' altra persona a noi sì pare
- Cli' esto peccato in voi fiorisele e grana ;
- Se noi lasciate, egli è cosa ciertana
- Che nello 'nferno vi conviene andare ;
- Che pez' à e' una truffola levaste
- Sopra '1 Valette che vo' ben sapete :
- Con gran torto voi il difamaste.
- Che non pensava acciò che vo' credete.
- Bellacoglienza tanto ne gravaste,
- Ch' ella fu messa là ove vo' vedete. —
- — 68 —
- CXXXIV
- Malauocca
- Udendo Malabouca e Astinenza
- Si forte il biasimava e riprendea,
- Sìssi crucciò, e disse che volea
- C andasse!' fuor della su' apertenenza :
- Vo' credete coprir Bellacoglienza
- Di ciò che quel valetto far credea.
- Bello dissi, e dirò, eh' eia volea
- Donargli il fior, e quest' era sua 'utenza.
- Quel non errò del bascio, quest' è cierto.
- Perch' i' vi dico, a voi divinatori.
- Che questo fatto non fia già coverto.
- Vo' mi parete due inganatori,
- Andate fuor di casa, che 'n aperto
- Vi dico di' i' non vo' tapinatori. —
- cxxxv
- Falsenriante
- Falsosenbiante disse : Per merzede
- Vi priego, Malabocca, e' ascoltiate,
- Che quand' uon conta pura ver[i]tate,
- Molt' è folle colu' che noUa crede.
- Vo' sete ben ciertano cheli' uon non vede
- Che '1 valletto vi porti nimistarfe.
- Sed egli amasse tanto l'amistarie
- Del fior, quanto vo' dite, a buona fede,
- Egli à gran peza che v' avrìa morto,
- Avendogli voi fatto tal' oltraggio ;
- Ma non vi pensa, e non si n' è acorto.
- E tuttor sì vi mostra buon coragio,
- E servirebevi a dritto e a torto,
- Come que' eh' è cortese, e prode, e saggio.
- — 69 —
- CXXXVI
- La ripentenza Malabocca
- Per Malabocca si fu ripentuto
- Di ciò eh' egli avea detto, o pur pensato,
- Ched e' credette ben aver fallato.
- Sì disse a Falsenbiante : Il vostro aiuto
- Convien eh' i' agia, eh' i' non sia perduto.
- E mantenente si fu inginochiato,
- E disse : F sì vegli' esser confessato
- D'ognie peccato, che m' è avenuto. —
- Astinenza-Costretta il prese allora,
- Che ss' era molto ben sobarcolata ;
- E Falsenbiante collo rasoio lavora.
- A Malabocca la gola à tagliata,
- E po' ruper la porta stin dimora.
- Largheza e Cortesia Tàno passata.
- CXXXVII
- Cortesia e Largheza e la Vechia
- Tutti quatro passarono il portale,
- E sì trovarono dentro a la porpresa
- La vechia, che del castro era sciesa.
- Quando gli vide, le ne parve male,
- Ma tuttavia non ne fecie segniale.
- Largheza e Cortesia si Fano atesa,
- E disserle : Madonna, san difesa
- Potete prender quanto il nostro vale ;
- Chèd egli è vostro, sanza farne parte,
- E sì ve ne donian già la sagina,
- E sopra tutto vi voglian far carte. —
- La vechia che sapea ben la dottrina,
- Che molte volte avea studiato l'arte,
- Gli ne marzia molto, e gli n' enchina.
- - 70 —
- CXXXVIII
- Falsenbiante
- Falsenbiante a la vechia si à detto :
- Por Dio, gientil Madonna preziosa,
- Che sempre foste, e siete pietosa,
- Che vo' agiate merzé del buon valletto.
- Che vi piaccia portarle un gioeletto
- Da la sua parte, a quella graziosa
- Bellacoglienza, che gli fu nascosa,
- De eh' egli à avuto il cuor molto distratto
- Vedete qui fermagli, eh' e' le manda,
- E queste anella, e questi intrecciatoi,
- Ancora questa nobilfe] ghirlande^^a.
- Il fatto suo si tien tratutto a voi,
- Ciascun di noi per sé lui racomanda,
- Del fatto vostro penseren ben noi. —
- CXXXIX
- La Vechia e Falsenbiante
- La vechia sì rispuose san tardare.
- Che '1 male e '1 ben sapea quantunque n'era
- Vo' mi fate sì dolze pregherà
- Ch' i' no lo vi saprei giamai vietare.
- Questi gioelli i' sì vo' ben portare,
- E dargli nella più bella maniera
- Che io potrò. Ma una lingua fiera
- Che qua entr' è, mi fa molto dottare ;
- Ecciò è Malabocca maldiciente.
- Che truova ognie dì nuovi misfatti.
- Nò non riguarda amico, né parente. —
- Noi ridottate più giamai afatti.
- Che noi sili' abian morto quel dolente,
- Sanza che 'n noi trovasse trie va o patti.
- — 71 —
- CXL
- La Vechia e Falsenbiante
- Ciertanamente noi gli abian segiiata
- La gola, e giacie morto nel fossato,
- E nonn' à guari che noi Y abian gittato.
- El diavolo si n' à Tanima portata,—
- La vechia sì rispuose : Or è amendata
- Nostra bisognia, po' eh' egli è sì andato.
- Cholui, chu' vo' m' avete acomandato,
- r metterò in servirlo mia pensata.
- Dit' al valetto eh' i' ne parleroe.
- Quando vedrò che '1 fatto sia ben giunto,
- r tutta sola a chieder sili' androe. —
- Allor si parte ed ivi fecie punto,
- E tutti quanti a Dio gii acomandoe.
- Molto mi parva che '1 fatto si' en punto.
- CXLI
- La Vechia e Bellacoglienza
- Dritta a la camera a la donna mia
- N'andò la vechia, quanto puòtrotando,
- E quella la trovò molto pensando,
- Come se fosse d'una voglia ria.
- Crucciosa so eh' era, che non ridea.
- Sì tosto alor la va riconfortando,
- E disse : Figluola mia, io ti comando
- Chettu nonn' entri già in malinconia;
- E vecciò elle tu' amico ti presenta. —
- Allor le mostra quelle gioielette.
- Pregandola e' a prenderl' aconsenta :
- Reguarda com' elle son belle e nette. —
- E quella di domandar non fu già lenta
- Chi era colui che oiiele tramette.
- — 72 —
- CXLII
- La Vechia
- Il bel valetto di chu' biasimo avesti.
- Già disse, sì [è] colui chelle ti manda,
- E '1 rimanente e' à, è a tua comanda;
- Unquanche buon più cortese non vedesti.
- E prieghati, se mai ben gli volesti,
- Che per .l'amor di lui questa ghirlanda
- Degie portare, e sì se racomanda
- Del tutto atte. Gran peccato faresti
- Se '1 su' presente tu gli rifusassi,
- Ch'i' son ciertana eh' e' si disperebbe,
- Settu così del tutto lo sfidassi.
- Che quanto che potesse e' si farebe
- Perte, e soflFerrìa chello 'ngaggiassi,
- E se '1 vendessi, sì gli piacierebe.—
- CXLIII
- Bellacoglienz.a. e r-A Vechia
- Madonna, i' dubito tanto Gielosia,
- Ch' esto presente prender non osasse,
- Chèsse domane ella mi domandasse :
- Chi '1 ti donò ? io come le dirla
- Risposta buona ? — I' non ti cielerìa
- Che, s' ogni altra risposta ti falasse,
- Sì dì almen ched i' la ti donasse,
- Ed i' le dirò ben che così sia. —
- Allor la vechia la ghirlanda prese,
- E 'n su le treccie bionde a la pulciella
- La puose, e quella guar non si contese.
- E po' prese lo spechio, e sili' apella,
- E disse : Vienqua, figluola cortese,
- Riguardati, settu se' punto bella. —
- — 78 -
- CXLIV
- Bellacoglienza e la Ve chi a
- Alor Bellacoglienza più non tarda,
- lumantenente lo spechi' ebe in mano,
- SI vide il viso suo umile e piano :
- Per molte volte nello spechio guarda.
- Lavechia cheli' avea presa en sua guarda.
- Le giura e dicie per lo L)io sovrano
- Oh' unquanche Isotta, l'amica Tristano,
- Come tusse', fìgluola mia, gientile !
- Or convien chettu abie il mi' consiglio
- Che cader non potessi in luogo vile.
- Se non sai guari, non mi maraviglio.
- Che giovan non non ipuot' esser sottile,
- Chèd i', quanto più vivo, più asottiglio.
- CXLV
- La Vechia
- Figluola mia cortese ed insegniata,
- La tua gran gioia si è ancor a venire.
- Or me convienme piangier e languire,
- L bèlla mia sì se n' è tutta passata.
- Né non fie mai per me più ritrovata,
- Chèd ella mi giurò di non reddire.
- Or non consigliar te, che de' sentire
- 11 caldo del brandone, che sie avisata
- Che non faciessi sì come fec' io.
- De eh' i' son trista quand' e' men ricorda,
- Ch' i' non posso tornare a lavorio ;
- Perdi' i' te dico ben ched e' mi senbra :
- Settu creder vora' '1 consiglio mio,
- Tu sì non perderai aver, nò menbra.
- - 74 —
- CXLVI
- La Vechia
- Se del giuoco d'amor i' fosse essuta
- Ben sagia, quand' i' era giovanella,
- r sare' richa più che damigiella,
- donna, chettu agie ogi veduta.
- Ch' i' fu' si trapiaciente in mia venuta,
- Che per tutto corea la novella
- Com' i' era cortese, e giente, e bella.
- Macciò mi pesa eh' i' non fu' saputa.
- Or sì mi doglio, quand' i' mi rimiro
- D mtro a lo spechio, ed i' vego invechiarmi
- Molto nel mi' cuore me n' adiro.
- Ver è ched i' di ciò non posso atarmi,
- Si che per molte volte ne sospiro,
- Quand' i' vegio biltate abandonarmi.
- CXLVII
- La Vechia
- Per tutto '1 mondo i' era ricordata,
- Com' io t' ò detto, de la mia biellate,
- E molte zuffe ne fur cominciate,
- E molte gienti alcun' ora piagata.
- Che que' che mi crede' aver più legata,
- Assa' mostra' vi più di duritate.
- Le mie promesse gli venian fallate,
- C altre persone m' avieno inarrata.
- Per molte volte m' era 1' uscio rotto,
- Etutt' enanto, quand' io mi dormia ;
- Ma già per ciò io non faciea lor motto.
- Perciò ched i' avea altra conpagnia,
- A chui intender faciea che '1 su' disdetto
- Mi piaciea più che nuli' altro chessia.
- CXLVIII
- La Vechia
- r era bella, e giovane, e folletta,
- Ma non era a la scuola de V amore
- Istata ; ma i" so or ben per cuore
- La pratica la qual ti fie qui detta.
- Usanza me n' à fatta sì savietta,
- Ched i' non dotterei nessun lettore,
- Che di ciò mi faciesse desinore ;
- Ma' ched i" fosse bella e giovanetta.
- Chèd egli è tanto ched i' non final,
- Chèlla scienza i' ò nel mi' coraggio,
- Sed e' ti piacie, tu l" ascholterai ;
- Ma r no l'ebi sanza gran damagio.
- Molta pen' e travaglio vi durai,
- Ma pure '1 mal se ne messe l'usagio.
- CXLIX
- La Vechia
- Molti buon' uomini 1' ò già 'nghannati.
- Quand' i' gli tenni ne' mie' lacci presi.
- Ma prima fu' 'ngannata tanti mesi
- Ch' e' più de' mie' sollazi eran passati.
- Ciento milia cotanti e' barattati
- N' avrei, s' i' a buon' ora gli avesse tesi,
- E conti, e cavalieri, e gran borgesi,
- Che molti florin d'oro m' avrìan dati.
- Ma quand' i' me n' avidi, egli era tardi,
- Chèd i' era già fuor di giovaneza,
- Ed eranmi falliti i dolzi isguardi,
- Perchè 'n sua balia mi tenea vechieza.
- Or convien, figluola mia, che tu ti guardi
- Chettu non ti conduchi a tale streza.
- - 76 —
- CL
- La Vechia
- Molto mi dolea il cuor quand' i' vedea
- (yheir uscio mio stava in tal sogiorno,
- Che vi solea aver tal pressa 'ritorno
- Che tutta la contrada ne dolea.
- Ma quanto a me, e' no me ne calea,
- Che troppo più piacea loro quel torno ;
- Ch' i' era allora di sì grande attorno,
- Che tutto quanto il mondo mi' purea.
- Or convenia che di dolor morisse,
- Quand' i' vedea que' giovani passare,
- K ciaschedun parea che mi schernisse.
- Vechia increspata mi faciean chiamare
- A colu' solamente che già disse.
- Più carnalmente mi solea amare
- GLI
- La Vechia
- Ancora d' altra parte cuore humano
- Non penserebe il gran dolor eh' i' sento,
- Tra tutte 1' ore eh' i' ò pensamento
- De' be' basciar, che m' anno dato mano.
- Ogni sollazo m' è ogi lontano,
- Ma non ira, e dolori, e gran tormento.
- Costor si anno fatto saramento
- Ch' i' non uscirò lor mai di tra mano.
- Or può' veder com' i' son arivata,
- Né al mi' mal nonn' à altra cagione,
- Se non ched i' fu' troppo tosto nata.
- Ma sapie ched io ò ferma intenzione
- Ch' i' sarò anchor per te vendicata,
- Settu ben riterrai la mia lezione.
- — 77 —
- CUI
- La Vechia
- Non ne pos' altrementi far vengianza,
- Se non per insegniarti mia dottrina ;
- Perciò chello me' cor sì m' indovina,
- Ghetta darai lor ancor gran micianza
- A que' riljaldi, che tanta viltanza
- Me dicieano da sera e da mattina.
- Tutti gli meterai anche a la china,
- Settu sa' ben tener la tuabilanza.
- Che sie ciertana che s' i' fosse dell' agio.
- Piginola mia, che tusse' or presente,
- Ch' i' gli paghere' ben di lor oltragio,
- Sì che ciascuno fare' star dolente :
- Già tanto non sarebe prò, nò sagio,
- Chcd i' non ne faciesse pan chiedente.
- CLIII
- La Vechia
- In gran povertà tutti gli metesse,
- Sì come t' ò disopra sermonato,
- E sì sarebe il primo dispogliato
- Colui che più cara mi tenesse.
- Di nessun mai pietà no m' inprendosse,
- Che ciascliedun vorei aver disertato,
- Che sie ciertana che nonn' è peccato
- Punir la lor malatia, chi potes e.
- Ala e' non dubitan guari mia minacia,
- Ne non fan forza di cosa eh' i' dica.
- Perciò eh' ò troppo crespa la mia facia.
- F'igliuola mia, se Dio ti benedica !
- r non so chi vendetta me ne faccia.
- Se non tu, eh' i' per me son troppo antica.
- - 78 -
- CLIV
- La Ve chi a
- Molte volte mi disse quel ribaldo
- Per chui ebi tanta pena e male,
- Ched e' verebe ancor tal tenporale
- Ched l'avrei spesso fredo e caldo.
- Ben disse ver, quel cont' ò or ben saldo.
- Ma per V agio eh' i' ebi tanto e tale,
- Che tutto quanto il cuor mi ne trasale.
- Quand' i" rimenbro, si ritorna baldo.
- Giovane donna nonn' è mai oziosa,
- Sed ella ben al fatto si ripensa,
- Percli' ella sti' a menar vita gioiosa.
- Ma eh' ella pensi a chieder sua dispensa,
- Si eh' ella non si truovi sofrattosa,
- Quando vechieza vien poi cheli' adesa.
- CLV
- La Vrchia
- Or ti dirò, figluola mia cortese,
- Po' che parlar possiamo per ligìre
- E più arditamente, ver vo' dire,
- Che nnoi non solavan, quest' è palese :
- Tu sì sa' ben eh' i' son di stran paese,
- E sì son messa qui per te nodrire :
- Sì ti priego, figluola, chett' atire
- In saper guadagniar ben tue spese ;
- Non eh' i' te dica eh' i' voglia pensare,
- Chettu d' amor per me si' enviluppata,
- Ma tuttor sì te voglio ricontare
- La via, ond' io dovre' esser andata,
- E'n che maniera mi dovea menare.
- Anzi che mia bieltà fosse passata.
- — 79 ~
- CLVI
- La Vechia
- Figluola mia, chi vuol gioir d' amore,
- Convien eh* e' sapia i suo' comandamenti.
- Ver è ched e' ve n' à due dispiacienti :
- Chi se n' enbriga, sì fa granfollore.
- L' un dicie eh' en un sol luogo il tu' cuore
- Tu metta, sanza farne partimenti.
- L' altro vuol chessie largo in far presenti.
- Chi di ciò '1 crede, fallerìa ancora.
- r nulla guisa, figlia, vo' sia larga.
- Né che '1 tu' cuor tu metti in un sol luogo ;
- Ma, semi credi, in più luoghi 1' obriga.
- Se dai presenti, fa che vaglian poco;
- Che se ti dona Lucca, dagli Barga.
- Cosi sarai tuttor donna del guocho.
- CLVII
- La Vechia
- Donar di femina sì è gran follia,
- Sed e' non s' è un poco a gienti atrare
- Là, dov' ella si creda su' prò fare,
- E che '1 su' dono radoppiato le sia :
- Quella nontenghi già per villania.
- Ben ti consento quel cotal donare,
- Chettu non vi può' se non guadagnare.
- Gran senn' è a far tal mercatantia.
- Agi' uomini lascian far la largheza.
- Che natura la ci à, pez' e, vietata.
- Dunque a femina farla si è senpieza ;
- Avegnia che ciascun' è sì afetata
- Che volontier di lei fanno straneza,
- Sed e' non s' è alcuna disperata.
- ~ 80 —
- CLVIII
- La Vechia
- r lodo ben, settu vuo' far amico,
- Che '1 bel valletto, che tant' è piaciente,
- Che de lo gioie ti fecie presente,
- E atti amata di gran tempo antico,
- Chettu sìir ami ; ma tuttor ti dico
- Chettu noir ami troppo fermamente ;
- Ma fa che degli altr' ami sagiamento,
- Gilè '1 cuor che n' ama un sol, non vai un fico.
- Ed io te ne chiedrò degF altri assai.
- Sì che d' aver sarai tuttor fornita.
- Ed e' n' andranno con pene e con guai.
- Settu mi credi, e Cristo ti da vita,
- Tutti fodrai d' ormine e di vai,
- E la tua borsa fia tuttor fornita.
- CLIX
- La Vechia
- Buon acontar fa buon e' abia danari,
- Ma ched e' sia chi ben pelar li saccia.
- Con quel cotal fa buon intrar in caccia.
- Ma ched e' no gli tenga troppo cari.
- L' acontanza a color chesson avaria
- Sì par e' a Dio e al mondo dispiaccia.
- Non dar mangiar a que' cotali in taccia,
- Oh' e' pagamenti lor son troppo amari.
- Ma fa pur che ti paghi inanzi mano ;
- Che, quand' e' sarà ben volonteroso.
- Per la fé ched i' do a San Giermano,
- E' non potrà tener nulla nascoso.
- Già tanto nonfìa sagio, né ciertano,
- Sed e' sarà di quel volonteroso.
- — 81 -
- CLX
- La Vechia
- Quando sol' a sol con lui sarai,
- Sì fa chettu gli facci saramenti,
- Chettu per suo danar non ti consenti,
- Ma sol per grande amor chettu in lui ;ii.
- Se fesser mille, a ciaschun lo dirai,
- E si '1 te crederanno que' dolenti.
- E saccie far sì che ciascuno adenti
- Insin e' a povertà gli metterai.
- Chettusse' tutta loro, de' giurare.
- Setti spergiuri, non vi metter piato,
- Che Dio non se ne fa se non ghignare ;
- Che sie ciertana che non è peccato.
- Chi si spergiura per voler pelare
- Colui, che fio di te così ingannato.
- CLXI
- La Vechia
- A gran pena può femina venire
- A buon capo di questa gente rea.
- Dido non potte ritenere Enea
- Chèd e' non si volesse pur fugire,
- Che mise tanta pena in lui servire.
- Or che fecie Giesonaio de Medea,
- Che per gì' incantamenti, che sapea,
- Kla '1 sepe di morte guarentire ?
- l'i poi sì la lasciò quel disleale.
- Undici fìgluoli, ched ella avea
- Di lui, gli mise a morte, e fecie male ;
- Ma era tanto il ben eh' ella volea,
- Ch' ella lasciò tutta pietà carnale
- Per crucciar que' che tanto le placca.
- 6
- — 82 —
- CLXÏI
- La Ve cm a
- Molti d' assenpri dartene potrei,
- Ma troppo sarìa lungo parlamento .
- Ciascuna de' aver fermo intendimento
- D' ìscorticargli, sì son falsi e rei.
- S' i' fosse giovane, io ben lo farei.
- Ma io so fuor di quello intendimento.
- Che troppo fu tosto il mi' nascimento,
- Sì eh' i' vendetta far non ne potrei.
- Mattu, fìgluola mia, chesse' fornita
- D'ogni armadura per farne vengianza,
- Sì fa che 'nverso lor sie ben sentita,
- E presta di dar lor pen' e micianza.
- Settu '1 fai, d' ongni mal m' avrà' guerita,
- E allegiata d' ognie mia pesanza.
- CLXIII
- La Vechia
- Tutti quanti le vann' ogi blasmando,
- E ciaschedun si le 'ntende a 'ngannare.
- Così ciascuna di noi de' pensare
- A far chella richeza i mett' a bando.
- E non dobiamo andar il cuor ficando
- In un sol luogo, ma dobian pensare
- In che maniera gli possian pigliare,
- E girgli tutti quanti dispogliando.
- La femina de' aver amici molti,
- E di ciascun sì de' prender su' agio,
- E far sì e' uon gli tenga per istolti ;
- E far lor vender la tore e '1 palagio,
- casa, o casolari, overo i colti,
- Sì che ciascun ci viva a gran misagio.
- — 83 —
- CLXIV
- La Vechia
- Ne' libro mio so ben che studierai,
- Figlia, quando sarai da me partita.
- Ciertana son, se Dio ti dona vita,
- Chettu terai scuola e legierai.
- Di legierne, dame congio tu n' ài;
- Ma guardati, chettu sie ben fornita
- Di ritener la lezion e' ài udita,
- E saviamente la ripeterai.
- In casa non istar punto ringhusa:
- A chiesa, overo a ballo sta, overo a piaza.
- In queste cota' luogora si usa.
- E fa chettu gli die ben de la maza
- A que' che per vederti sta a la musa,
- E che d' averti giorno e notte inpaza.
- CLXV
- La Vechia
- Or sìtti vo' parlar del guernimento,
- Come ciascuna de' andar parata,
- Che per sua falta non fosse lasciata.
- Sì eh' ella fosse sanza intendimento.
- In ben lisciarsi sia su' 'ntendimento ;
- Ma prima che si mostri a la brigata,
- Convien eh' ella si sia ben ispecliiata.
- Che sopra lei non agia fallimento.
- E s' ella va dassera, o da mattina,
- Fuor di sua casa, vada contamente :
- Non vada troppo ritta, nò tro' china,
- Sì eh' ella piaccia a chilla terrà mente.
- E sella roba troppo le ti^aina,
- Levila un poco, e fìene più piaciente.
- ~ HA —
- CLXVI
- La Vechia
- E s' ella nonn' è bella di visagio,
- Cortesemente lor torni la testa,
- E sì lor mostri, sanza far aresta,
- Le belle bionde treccie da vantagio.
- Se non son bionde, tingale in cibagio
- E a 1' uovo, e po' vada a noze e a festa ;
- E, quando va, si muova si a sesta
- C al su' muover nonn' abia punt' oltr;igio,
- E gientamente vada balestrando
- Intorno asse, co gli ochi, a chi la guardu,
- E '1 più che puote, ne vada crocan o.
- E faccia senbianti che molto le tardi
- Ched ella fosse tutta al su' comando.
- Ma d'amar nullo non fosse musarda.
- CLXVII
- La \'i:chia
- La lupa intendo clie per non fallire
- A prenderella pecora, o montone.
- Quand' e' le par di mangiar stagione,
- Ne va per una un ciento, e più, as;ilire.
- Così si de' la femina civire,
- Sed ella avesse in sé nulla ragione.
- Contra ciascuno rizar de' il pennone
- Per fargli nella sua rote fedire ;
- Chèd ella non sa quale riman preso,
- Insin eh' ella no gli à tarpata l'ala
- Sì de' tener tuttor l'aiuol su' teso,
- E prendergli a gheroni, e a la sala ;
- Ma se sapesse, o eh' eli' avesse inteso
- (he fosse pover, gittil per la scabi.
- - 85 —
- CLXVIII
- La Vechia
- E s' ella ne prendesse gran funata
- Di que' che ciaschedun la vuol brocciare,
- Sì si de' ben la femina avisare
- D'assegniar a ciascun la sua giornata ;
- Chèd ella rimarìa troppo 'ngannata
- Seir un l'altro vi potesse trovare,
- (" almen le converebe pur fallare
- Alle gioie che ciascun l'avrìa recate;
- Che non si vuol lasciar già lor niente
- Di che potesser far grande 'ngrassata ,
- Che gli è perduto tutto il rimanente.
- Per ciò convien che ciascuna avisata
- Sia sì che pover rimanga il dolente.
- Ed ella rimanga ricca e ben calzata.
- CLXIX
- La Vechia
- In pover uon no metter già tu' amore.
- Che nonn' è cosa che pover uon vaglia.
- Di lu' non può' tu aver se non battaglia,
- E pena, e povertate, e gran dolore.
- Lasciar ti farìan robe di colore,
- E sovente dormire in su la pagha.
- Non t' intrametter di cotal raerdalia,
- Che troppo il ti porla a gran fallore.
- Né non amar già oste trapassante,
- Però che mutan tante ostellerie
- C'aver non posson cuor fermo né stante.
- Lor fatti non son che baratterie.
- Ma setti donan, non sie rifusante,
- E fa coUui infìnte druderie.
- — 86 —
- CLXX
- La Vechia
- Ne non amar già huon che 'n sua beleza
- Si fidi, ne ch'egli a lisciars' intenda.
- In quel cotai non vo' chettu t' intenda,
- .Ma'l più che può', dallu' fa istraneza.
- L'uon che si piacie, fa grande scipideza
- E grand' orgoglio, e l'ira di Dio atenda ;
- E tale '1 mise il giudicie in sua legieiKla
- C avernon potesse amore, né francheza.
- Né non puote aver cuor di ben amare.
- Che tutto ciò eh' egli avrà detto a Tuna,
- Sì tosto il va a l'altra ricontare ;
- E così pensa a far di ciascheduna,
- Né non intende e' allor barattare.
- Udita n'ò la pianta di più d'una.
- CLXXI
- La Vechia
- E se viene alcuno chetti prometta,
- E per promessa vuol e' allui t' attacci,
- r non vo' già per ciò chettu lo scacci,
- Ma digli e' altro termine ti metta,
- Per ciò e' avrai allor troppo gran fretta.
- E sì vo' ben che '1 basci, e cheli' abracci,
- Ma guarda che colini più non t' inpacci,
- Se non iscioglie prima la maletta.
- s' alcun ti mandasse alcuno scritto.
- Sì guarda ben la sua intenzione,
- Ched e' non abia fintamente scritto.
- E poi sì gle ne fa risponsione.
- Ma non sì tosto : atendi un petitto.
- Si eh' egli un poco stea in sospezone.
- - 87 -
- CLXXII
- La. Vechia
- E quando tu udirai la sua domanda,
- Già troppo tosto non sie d' acordanza.
- Né non fare di lui gran rif usanza.
- Nostr' arte sì noi vuol, né noi comanda.
- Cortesemente datte sì '1 ne manda,
- E stea il su' fatto tuttora in bilanza,
- Si eh' egli abia paura e disperanza
- Insin che sia del tutto a sua comanda.
- E quand' e' ti farà più pregherie,
- Tu gli dirai tuttor chettu sie presta
- A fargli tutta quanta cortesia,
- E dì che '1 su' amor forte ti malesta,
- E così caccia la paura via.
- Po' dimora con lui, e fagli festa
- CLXXIII
- La Vechia
- Gran festa gli farai, e grand' amore,
- E dì come gli ti se' tutta data.
- Ma non per cosa che t' agia donata,
- Se non per fino e per leal amore ;
- Chettu à' rifiutato gran signore
- Che riccamente t' avrebe tenuta :
- Ma credo che m' avete incantata,
- Perchèd i' son entrata in quest' errore .
- AUor sì '1 bascierai istrettamente,
- Pregandol chella cosa sia sagreta,
- Sì che noi senta mai nessuna giente .
- Acciò che vorrà fare, istara' cheta,
- Ma guarda che non fosse acnnsentente
- A. nessun, se non se per la moneta.
- - 88 —
- CLXXIV
- La Vechia
- Chi'l su' amico non pensa rli pelare,
- Insin ch' egli agia penna in ala, o in dosso,
- I'] che d'ogni altro bene e' sia sì scosso
- Ched e' non si ne possa mai volare,
- Quella cotal dovrìa l'uon manegiare.
- Che quanto eh' ella costa più di grosso,
- Più fia tenuta cara, dirlo posso,
- E più la vorrà que' tuttor amare .
- Chèttu non pregi nulla cosa mai.
- Se nonn' è quel chettu n'avrà' pagato :
- Se poco costa, poco il pregierai.
- K quel chetti sarà asai costato,
- A l'avenante caro il ti terrai,
- Con tutto n' agie tu ben mal mercato.
- CLXXV
- La Vechu
- E al pelar convien aver maniera.
- Si che l'uomo aveder non sine potesse.
- Che tutto in pruova l'uon glile faciesse,
- Forse che volgierìa la sua bandiera.
- Ma faccia sì la madre, o cianberiera,
- Od altri in cui fidar ben si potesse.
- Che ciascuna di lor si gli chiedesse
- Paternostri, o coregia, od amoniera.
- Ancor la cameriera dica : Sire,
- A questa donna una roba bisogna,
- Masi vi teme che noi v' osa dire.
- Gran danno 1' a già latto vergognia,
- Ma vo' si non lo dovreste sofferire,
- Nonn' à dove le carni sue ripognia. —
- — 89 —
- CLXXVI
- La Vechia
- Ancor c:\\ dica un' altra de l'ostello :
- Se Madonna volesse far follagio
- Con un belissim' uon di gran paragio.
- Il fatto suo sarebe ben e bello,
- E sì sarebe donna d'un castello ;
- Ma 'n verso voi à sì leal coragio,
- Ch' ella non prenderebe nul vantagio
- Di che doman vo' foste su' ribello —
- Allor la donna, come che le piaccia
- Udir quelle parole, sì lor dica
- E comandi che ciascuna si taccia.
- E puote dir : Se Dio mi benedica,
- Tropp' ò del su' quand' i' 1' ò traile braccia
- E facciagli sott' almantel la fica.
- CLXXVII
- La Vechia
- E sella donna punto s' avedesse,
- Che quel dolente fosse ravisato
- Che troppo largamente 1' à donato.
- E che di sua follia si ripentesse,
- Allora inpresto domandar dovesse.
- E dir di renderglile a dì nomato.
- Ma egli è ben in mia lezion vietato
- Ched ella mai nessun non ne rendesse.
- E quando un altro vien, gli faccia segnio
- Chcd ella sia crudelmente cruciata,
- E dica chella roba sua sia 'n pegnio :
- Molto mi duole e' uon crede eh' i' si' agiata,
- E que' procaccierà danari o pegnio.
- Sì che la roba suafie dispegniata.
- - 90 -
- CLXXVIII
- La Vechia
- j] se '1 diavolo l'avesse fatto sagio,
- E chella donna vegia eh' à dottanza
- Di non volerle far questa prestanza,
- I[n]!nantenente sì gli mandi un gaggio,
- La roba eh' eli' avrà più da vantaggio ;
- E dica chella tenga in rimenbranza
- De' suo' danari, e non faccia mostranza
- Ched e' le paia noia, né oltragio.
- E poi atenderà alcuna festa.
- Pasqua, o Kalen Magio, o Pentecosta,
- E sia intorno allui sanza far resta,
- Diciendo che giamai a la sua costa
- Non dormirà, se que' no glele presta.
- La roba in questa guisa sì glel' osta.
- CLXXIX
- La Vechia
- E s' alcun altro nonn' à che donare,
- Ma vorassi passar per saramenta,
- E dirà chella 'ndoman più di trenta
- livre, o soldi le dovrà recare,
- Le saramenta lor non de' pregiare,
- Chèd e' nonn' è nesun che non ti menta :
- E dicie l'un a l'altro : La giomenta
- Chettu ti sai, mi credette ingannare :
- Ingannar mi credette, i' l'ò 'ngannata. -
- Perchè già femina non dee servire
- Insin eh' ella non è prima pagata ,
- Che quando à fatto, e' si pensa fugire.
- Ed ella si riman ivi scornata.
- Per molte volte fui a quel martire.
- — 91 —
- CLXXX
- La Vechia
- Si de' la donna, s' eli' è ben sentita,
- Quando riciever dovrà queir amante,
- Mostralli di paura gran senbiante,
- E eh' ella dotta troppo esser udita,
- E che si mette a rischio de la vita.
- Alor de' esser tutta tremolante,
- Dir eh' ivi non puot' esser dimorante,
- Poi stea, chellor gioia sia conpiwta.
- Ancor convien ched ella si' acorta
- Di far che v' entri per qualche spiraglio,
- Ben potess' egli entrarvi per la porta ;
- Che tutte cose e' uom à con travoglio
- Par e' uon le pregi più e le diporta.
- Quel che non costa, Tuon non pregia un aglio.
- CLXXXI
- La Vechia
- E quand' ella sera rasicurata,
- Tantosto sì gli de' cerere in dosso,
- E dir : Lassa, tapina, be' mi posso
- Chiamar dolenf/e, sì son arivata
- Ched i' sì amo, e sì non son amata.
- Molt' ò lo 'ntendimento rud' e gros>!o.
- Quando il me' core s' è sì forte ismosso
- Per esser di voi così inamorata. —
- E po' sì gli rimuova quistione,
- E dica : La lontana dimoranza
- C avete fatta, nonn' è san cagione.
- Ben so che voi avete un' altr' amanza,
- La qual tenete in camera o 'n prigione , —
- Sì mesterà d" averne gran pesanza.
- — 92 —
- CLXXXII
- La Vechia
- Quando '1 cattivo, chessarà 'nchacato,
- La chui pensea non sera veracie,
- Si crederà che '1 fatto su' ti piacie
- Tanto, e' ogni altro n' ài abandonato,
- E che 'I tu' cuor gli s'è tretutto dato ;
- Né non si gardera de la fallacie
- In che la volpe si riposa et giacie,
- Insin che non sera ben corredato.
- Che molt' è folle que' che cred' avere
- Nessuna femina chessia sua propia.
- Per don ched e' faciesse di su' avere.
- Que' eh' ella vuol, la chegia'n Atiopia,
- Che qua noUa pott' io ancor vedere,
- E, s" ella ci è, si porta la ritropia.
- CLXXXni
- La Vechia
- S' a r altra parte elle son franche nate,
- La legie siile tra' di lor francheza,
- Dove natura, per sua nobileza,
- Le mise, quando prinaafur oriate.
- Or l'à la legie sì condizionate,
- E l alle messe a si gran distreza,
- Che ciascheduna volontier s'adreza.
- Come trornar potesse a franchitate
- Vedi l'ucciel del bosco quand' è 'n gabia;
- E' chantera di cuor, ciòvi fi' aviso,
- Ma no gli piacie vivanda eh' egli abia ;
- Che natura ['n] francheza l'à si miso.
- Che giorno e notte de Y uscirne arrabia.
- Nonn' avrà tanto miglio, o grano, o riso.
- — 98 —
- CLXXXIV
- La Veciiia
- E, se queir uon desdir non si degniasse,
- Anzi dirà, per farla più crucciosa,
- Che n' à un' altra eh' èssi amorosa
- Di lui, che per nuli' altro noi canbiasse ;
- Guardisi quella che non si crucciasse.
- Con tutto ciò se ne mostri dogliosa
- Di fuor, ma dentr' al cuor ne sia gioiosa,
- Ancora più s'egli s'anegasse ;
- E dicagli che già quella vendetta
- Non sarà fatta se non sol per lei,
- Sì ch'ella il pagherà di quella detta.
- Allor dallui sì mi dipartirei.
- Di far amico raostere' gran fretta,
- Sì eh' io in quella anghoscia il lascierei.
- CLXXXV
- La Vkchia
- S'avessi messo termine a un' ora
- A due, c'avresti fatto gran follia,
- E lun con teco in camera sia,
- E l'altro viene apresso san dimora ;
- Al di dietro dirai oh' egl' è ancora
- El signior suo lassù, che non porla
- Far dimoranza, ma tost" una fia:
- 11 fante o voi, tornate a poca d'ora. —
- E poi sì '1 butti fuori, e torni suso,
- E traga l'altro fuor della burella.
- Che molto gli è anoiato star rinchiuso,
- Po' si tragala guarnacha e la gonella,
- Diciendo eh' eli' è tanto stata giuso
- Per lo marito, eh' era nella ciella.
- — 94 —
- CLXXXVI
- La Veohia
- Ne' letto su si metta in braccio in braccio
- Colini, insieme faccian lor diporto,
- Ma dica tuttor : Lassa ! crudel torto
- È questo che 'nverso il mi' sire faccio. —
- E nella gioia e' à, gli metta inpaccio,
- Sì eh' egli abia paura e disconforto.
- Dicierli dee che sarebe morto,
- Sanz' averne rispetto, molt' avaccio,
- Seir uon sapesse che fosse coUei :
- Ed i' lassa, dolente, malaurata,
- So che vitip erata ne sarei,
- E eh' i' per man de' mie' sarei smenbrata.
- E in questa paura il metterei.
- Che da lui ne sarebe più amata.
- CLXXXVII
- La Vechia
- Quand' a quel lavorio messi saranno,
- Ben sagiamente degie inoperare,
- E l'un atender, e l'altro studiare,
- Secondo eh' egli alor si sentiranno.
- Né sì non de' parer lor già affanno
- Di voler ben a modo mantacare,
- C'amendue insieme degian afinare
- Lor dilettanza, e' dimorasse un' anno.
- E sella donna non v' à dilettanza,
- oì s'infinga in tutte guise che vi sia ;
- Sì gline mostri molto gran senbiante.
- Istringal forte e bascil tuttavia.
- Quando 1' uom avrà sua dilettanza,
- Si paia eh' ella tramortita sia.
- — 95 —
- CLXXXVIII
- La Vechia
- Se r uon può tanto far ched ella vada
- Al su albergo la notte a dormire,
- Si de' alla femina ben sovenire
- Ched ella il faccia star un poco a bada.
- E que' che guarderà tuttor la strada,
- Ciertana sie che le parrà morire,
- Insin ched e' noUa vedrà venire,
- Cheir amor e' uom atarda, vie più agrada,
- E quand' ella sarà a l'ostel venuta,
- Sì dica a que' che n' è sì amoroso,
- Ched ella per su' amor tropp' è arguta.
- Che '1 su' marito n' è troppo gieloso,
- Sì che dubita molto esser battuta :
- Così gli faccia forte il pauroso.
- CLXXXIX
- La Vechia
- Se quel gieloso la tien sì fermata
- Ch' ella non poss' andar là ov' ella vuole,
- Sì gli faccia intendente chessi duole
- D' una sua gotta, eh' è d' averle usata ;
- Perchè convien eh' ella sia stufata.
- Che colla stufa guerirsene suole.
- Po' buUirà ramerin, e viuole,
- E camamilla, e salvia, e fìe bagniata.
- E '1 gieloso dirà : Va arditamente,
- E mena teco buona conpagnia. —
- Ma molto ne fìa nel su' cuor dolente.
- Ma vede che desdir noi gliel porla.
- Quella mena con seco alcuna giente,
- La qual sapranno ben sua malatia.
- — m -
- cxc
- La Vechia
- Ancor non de' aver femina credenza
- Che nessun buon malia farle potesse.
- Ned ella ancor altrui, s'ella potesse
- C altri l'amasse contra sua voglienza.
- Medea, in cui fu tanta sapienza,
- Non potte far che Giesono tenesse
- Per arte nulla ch'ella gli faciesse,
- Si che 'nver lei tornasse la sua 'ntenza.
- Sì non dea nessun don, che guari vaglia,
- A nuli' amante, tanto la pregiasse.
- Doni borsa, guanciale, o tovaglia,
- cinturetta che poco costasse,
- Covriciefo, od aguglier di bella taglia,
- gumitol di fil, se gli '1 degniasse.
- CXCI
- La Vechia
- Ma ciascun uon e' avesse in sé ragione
- che del mondo ben savio sarebe.
- Ma' don di femina non prenderebe.
- Che non son chellacci di tradigione ;
- Che quella che faciesse donagione.
- Contra la sua natura pecherebe,
- E 'n gran follia ciascun gliele porebe,
- Sed ella noi faciesse a tradigione.
- Perciò ciascuna pensi, quando dona.
- Che doni nella guisa e' ò parlato.
- Sì che, quand' ella avrà passata nona,
- il guardacuor suo sia sì fodrato
- Ch' ella non cagia a merzé di persona ;
- E ciò tien tutto al ben aver guardato.
- - 97 —
- CXCIl
- La Vkchia
- Al ben guardar falli' lassa, dolente,
- Cliecciò e' air un togliea, a F altro donava:
- Come 1 danaro venia, così n'andava,
- Non faciea forza d'aver rimanente.
- r era di ciascun molto prendente,
- E tutto quanto a un ribaldo il dava,
- Che puttana comune mi chiamava,
- E mi battea la schiena ben sovente.
- Questi era que' che più mi piaciea,
- E gli altri, amici dolci i' apellava,
- Ma solamente a costui ben volea.
- Che mol[to] tosto s' apacificava
- Co meco, s' [e]i battuta no m'avea,
- Che troppo dolzemente mi schufiava.
- CXCIII
- La Vechia
- S' i' fosse stata, per l'anima mia,
- Ben savia in giovaneza e conos[c]iente,
- Ch' i' era allorsì bella e sì piaciente,
- Che 'n ognie parte novelle ne già,
- r sare' troppo ridia in fede mia ;
- Ma r sì '1 dava tutto a quel dolente,
- C'a ben far non fu anche conosciente,
- Ma tutto dispendea in ribalderia.
- Né no gli pia([ue nulla risparmiare.
- Che tutto noi bevese e noi giù casse.
- Tant' era tenperato a pur mal fare.
- Sì c'a la fin convene eh' i' lasciasse.
- Quand' i' non ehi più che gli donare.
- E me, e se di gran richeza trasse. —
- — 08 —
- CXCIV
- IjA Vechia
- Così à quella vecliia sermonato.
- Bellacoglienza molto quêta è stata,
- E molto volontier Tà ascoltata,
- E molto è nel su' cuor rasicurato ;
- Si che seria legier a far mercato,
- Se Gielosia non vi fosse trovata,
- E tre portier che fanno gran veghiata,
- Che ciascun dotta d'esser barattato.
- Di Malabocca, che già era morto,
- Nessun di lor non faciea mala ciera.
- Che chi l'amasse sì farìa gran torto ;
- Che non finava di die, né da sera,
- Di dar a Gielosia nuovo sconforto,
- Ne non diciea giamai parola vera.
- CXCV
- Bellacoglienza
- Bellacoglienza la parola prese,
- E sì rispuose, come ben parlante :
- Gientil Madonna, i' vi fo grazie mante,
- Che di vostr' arte mi siete cortese ;
- Ma '1 fatto de 1' amor no m' è palese,
- Se non se in parole trapassante.
- Ched i' sia di danar ben procacciante,
- r n'ò assai per farne belle spese.
- D'avere in me maniera bella e giente,
- Acciò vogl' i' ben metter mia balia
- In tal maniera, chessia sofficiente ,
- Se voi mi parlate di malia,
- Ch'ella non può tornar già cuor di gente,
- Credal chi vuole, eh' i' la teng' afToUia.
- — 99 —
- CXCVI
- Bellacoglienza
- Del bel valetto che vo' mi parlate,
- In cui tanta vertute è riposata,
- Sed e' la sa, per me gli sia chitata :
- S' i' r amo, i' r amerò come mi' frate.
- Ma per le gioie che m'à presentate.
- La mia veduta no gli fia vietata,
- iMa venga, il più che puote, a la ciclata ;
- E, sed e' piacie a voi, si '1 ci menate.
- Ma che sia fatto tosto san dimora,
- Perciò che Gielosia non può sofrire
- Ched ella stea sanza vedermi un' ora;
- Che molto volte si parte per gire,
- E '1 diavol, che di notte in lei lavora,
- Siila fa mantenente rivenire. —
- CXCVll
- La Vechia e Bellacoglienza
- La Vechia sì la va rasicurando,
- E dicie : Sopra me lascia la cura
- Di questo fatto. Non aver paura,
- Chèd io il saprò ben andar cielando;
- E gisse Gielosia tuttor ciercando
- Qua entro, sì seria grande sciagura
- S'ella '1 trovasse, ma i' son sicura
- Che poco le varrìa su' gir sogniando. —
- Dunque potete voi farlo venire,
- Ma ched e' si contegnia come sagio,
- Che non pensasse affar nesun ardire. —
- Figluola mia, o' non fecie anclie oltragio
- r nessun luogo eh' i' udisse dire.
- Ma troppo il loda l'uon di gran vantagio.
- — 100 —
- * CXCVIII
- L'Amantf, k la Vechia
- Alor si fecier fine al parlamento.
- La Vechia se ne venne al mi' ostello,
- E disse : Avrò io sorcotto e mantello,
- Sed i' t'aporto alcun buon argomento,
- Che ti trarrà di questo tuo tormento? —
- r dissi : Sì, d'un verde fino e bello.
- Ma, sì sacciate, non fia san pennello
- Di grigio, con ogni altro guernimento. -
- D'Amico mi sovenne che mi disse
- Ched i' faciesse larga promissione.
- Ma '1 più eh' i' posso, il pagar soferisse;
- Avegnia eh' i' avea ferma 'ntenziore
- De dar ben a coste', s' ella m'aprisse,
- Che queir uscisse fuor della pregione.
- CXCIX
- La Vechia
- La Vechia disse allor : Amico mio,
- Queste son le novelle eh' i' t' aporto :
- Bellacoglienza salute e conforto
- Te manda, se m' aiuti Tjalto Dio ;
- Sì eh' i' ti dico ben ched i' cred' io
- Chella tua nave ariverà a tal porto,
- Chettu sì coglierai il fior dell' orto. —
- Questo motto fu quel che mi guerio.
- — Or te dirò, amico, che farai.
- All' uscio, e' apre verso del giardino,
- Ben chetamente tu te ne verai ;
- Ed i' si me ne vo '1 dritto camino,
- E sì farò e' aperto il troverai,
- Sì chettu avrai il fi(»r in tuo dimino. —
- - 101 —
- ce
- L'Amante
- La Vedila a tanto da me si diparte,
- E '1 camin ebe tosto passegiato;
- E quand' i' fui un poco dimorato,
- Verso M giardin n' andai da V altra parte,
- Pregando Idio che mi conduca in parte
- Ch' i' de mia malatia fosse sanato.
- Aperto Tiiscio sì ebi trovato :
- Ver è eh' era sochiuso tutto ad arte.
- Co molto gran paura dentro entrai,
- Ma, quand' i' vidi Malabocca morto,
- Vie men del fatto mio sì mi dottai.
- Amor trovai che mi die gran conforto
- Co r oste sua, e molto m' allegrai,
- Che ciascun v'erano in tram[e] acorto.
- CCI
- L'Amante e Bellacoglienza
- Com' i' v' ò detto, a tutto lor podere.
- Lo dio d'amor e la sua baronia
- Presti eran tutti a far senn' e follia
- Per aconpiermi tutto '1 mio volere.
- Allor pensai s' i' potesse vedere
- Dolze-Riguardo per cosa che sia.
- Inmantenente Amor a me lo 'nvia,
- Di che mi fecie molto gran piaciere.
- E que' sì mi mostrò Bellacoglienza
- Ch' enmantenente venne a salutarmi,
- E sì mi fecie grande preferenza.
- E po' sì cominciò a merziarmi
- Delle mie gioie, di eh' eli' avea voglenza
- Di quel presente ancor guiderdonarmi.
- — 102 —
- CCII
- L'Amante e Bp:llacoglienza
- r le dissi : Madonna, grazie rendo
- A voi, quando prenderle degniaste,
- Che tanto forte me ne consolaste,
- C'a pena mai magior gioia atendo.
- E s' i' Tò mai, da voi aver F atendo ;
- Sì c'a me piacie se ciò che pigliaste,
- la persona mia, ancora ingagiaste,
- la vendeste, mai non vi contendo. —
- Quella mi disse : Molto gran merzede.
- Di me, vi dico, fate '1 somigliante,
- C'a bene, e a onore, i' v' amo affede. -
- Delle sue cose i' non fu' rifusante,
- Ma spesso falla ciò che '1 folle crede.
- Così avenue al buon di Ser Durante.
- ceni
- L'Amante e lo Schifo
- Quand' i' vidi l'oferta che faciea,
- Del fatto mi credett' eser ciertano.
- Allor sì volli al fior porre la mano,
- Che molto ringrossato mi parca.
- Lo Schifo sopra me forte correa
- Diciendo : Tra' t' adictro, mal villano,
- Chèsse m'aiuti Idio e San Giermano,
- r non son or quel eh" i' esser solea.
- El diavol sì ti ci à ora menato :
- Se mi trovasti a l'altra volta lento,
- Or sie ciertan eh' i' ti parrò canbiato.
- Me' ti varrìa che fossi a Benivento. —
- Allor al capezal m' ebe pigliato,
- E domandò chi era mi' guarento.
- - 103 —
- CCIV
- Vergognia e Paura
- Po', sent' il fatto : Vergognia e Paura,
- Quand' eli' udiron quel villan gridare,
- Ciascuna sì vi corse allui aitare,
- E quello Schifo molto s'assicura.
- Idio e tutti i Santi ciaschun giura
- Ched eie '1 mi faranno conperare.
- Allor ciascun mi cominciò a buttare :
- Molto mi fecier dispettela dura.
- E disson eh' i' avea troppo fallato.
- Po' che Bellacoglienza per su' onore
- E lei e '1 suo m' avea abandonato ;
- Ched i' pensava d' inbolarle il fiore :
- Dritt' era eh' i' ne fosse gastigato.
- Sì eh' i' ne stesse ma' senpre in dolore.
- ccv
- L'Amante
- Allor Bellacoglienza fu fermata
- Da questi tre portier sotto tre porte,
- E con una catena molto forte
- Quella gientil ebero 'ncatenata.
- Po' corser sopra me quella brigata,
- E disson : Sopra te cadran le sorte. —
- Allor credetti ben riciever morte,
- Tanto faciean di me gran malmenata.
- Sì eh 'i' misericordia domandai
- A Paura, a Vergognia, e a quel crudele ;
- Ma i' nessuna guisa la trovai.
- Ciascun sì mi era più amar che fele ;
- Per molte volte merzé. lor gridai :
- Que' mi diciean : Per niente bele. —
- — 104 —
- CCVI
- L'Amante
- Corne costor m' andavan tormentando,
- E 1' oste al die d'amor si fu sentita,
- E si cogniobon eh' i' avea infralita
- La bocie, inmantenente misser bando,
- Che ciascun si vada apparechiando
- A me socorere a canpar la vita,
- Ch' ella sarebe in poca d'or fallita,
- Sed e' no mi veniser confortando.
- Quando i porti[e]r seniiron quel baratto,
- Inmantenente tra lor si giuiaro
- Di non renderla a forza, né a patto.
- E que' di fuor ancor si legare
- Di non partirsi se non fosse fatto,
- E di questo trailor si fidanzare
- CCVII
- La Battaglia
- Francheza si venne iti-imieramente
- Contra lo Schifo, eh' è molto oltragioso,
- E per senbianli fiero e coragioso ;
- Ma quella si venne molto humilemente.
- Lo Schifo sì ponea tropo ben mente,
- Chò'n ben guardar era molto invioso,
- Che quella non potesse di nascoso
- Entrar dentr' a la porta con sua giente.
- Francheza mise mano ad una lancia ;
- S.i s' aperse per dare a quel cagnione,
- E crudelmente conti-a lui la lancia.
- Lo Schifo sì avea in mano un gran bastone,
- Eco lo scudo il colpo siilo schiancia.
- E fìede allei, e falla gir boccone.
- -- 105 -
- CCVIII
- Lo Schifo et Francheza
- La lancia a pezi a pezi à dispezata,
- E po' avisa un colpo ismisurato,
- Sì che tutto lo scudo à squartellato :
- Franclieza si è in terra rovesciata.
- E que' de colpi fa gran dimenata,
- E la bella merzé gli à domandato,
- Sì e' a Pietà ne prese gran peccato.
- Verso il villan sìss' è adirizata.
- E con uno spuntone lo gì pungiendo ;
- E di lagrime tuttora il bagniava,
- Sì che '1 villan si venia rendendo,
- C aviso gli era ched egli afogava.
- AUor Vergognia vi venne corendo,
- Perchè lo Schifo socorso gridava.
- CCIX
- Vergognia si venne contra Pietarfe,
- E molto fortemente la minaccia,
- E quella che dottava sua minaccia,
- Sì s'aparechia a mostrar sua bontarfe,
- Che ben conoscie sua diversitarfe.
- Vergognia a una spada la man caccia :
- Sì disse : F vo' ben che ciaschedun saeci;i
- Ched i' te pagherò di tue derate. —
- Allora alza la spada allei fedire,
- Ma Diletto si venne allei atare,
- E di suo scudo la sepe coprire,
- E poi si torna per lei vendicare ;
- Ma Vergognia sapea sì lo schermire,
- Che que' nolla potea magagniare.
- — 106 —
- CCX
- Vergognia mise allor man a lu spada,
- E sì se ne vien dritta ver Diletto.
- Inmantenente lo scudo ebe al petto,
- E disse : Corne vuole andar, sì vada,
- Chèd i' te pur farò votar la strada ;
- tu farai di piana terra letto. —
- Allor lo fie' co molto gran dispetto.
- Come colei e' a uciderlo bada ;
- Si che Tuccide giù tutto stenduto,
- K sì r avrebe fesso insino a' denti,
- ]Ma quando Ben-Cielar Tebe veduto,
- Perciò eh' egli eran di stretti parenti,
- Inmantenente sì gli fecie aiuto.
- Vergognia disse : F vi farò dolenti. —
- CCXI
- Molt'era buon guerier quel Buon-Cielare.
- Alzò la spada, et sì fiede Vergognia
- Sì gran colpo ched ella tutta ingrogna,
- E poco ne fallì d' atterra andare.
- E poi la cominciò a predicare,
- E disse : Tu non temi aver vergogna
- Di me ; ched e' nonn ' à di qui a Bolognia
- Nessun, e' un fatto saccia me' cielare
- Che saprò io, e i)er ciò porto il nome ? —
- Vergogna sì non sepe allor che dire.
- Paura lo sgridò : Cugina, come
- A' tu perduto tutto tuo ardire ?
- Or veghi ben che vita troppo dura,
- Quando tu ài paura di morire. —
- 107 —
- CCXII
- A la sua spada mise man Paura
- Per soccorer Vergogna, sua vicina.
- A Ben-Cielar die per sì grande aina
- Ched e ' fu de la vita in aventura.
- Contra lei battaglia poco dura.
- Ardimento soccorse a l'amiccina,
- Con una spada molto chiara e fina,
- E siile fecie molto gran paura.
- Ma tuttavia Paura si conforta,
- E prese cuore in far sua difensione,
- E disse e' amerìa me' d' esser morta,
- C ' Ardimento le tolga sua ragione.
- Allora in testa gli die tal' iscorta,
- Ched ella '1 mise giù in terra boccone.
- CCXIII
- Quando Sicurtà vide e' Ardimento
- Contra Paura avea tutto perduto.
- Sì cors' eia per dargli il su' aiuto,
- E cominciò il su' torniamento.
- Ma contra lei non ebe duramento.
- Paura quello stormo ebe vincuto,
- E anche un altro, se vi fosse essuto.
- Ma Sicurtà sì ebe acorgimento.
- Ispada e scudo gittò tosto in terra,
- E mantenente, con anbo le mani,
- A le tenpie a Paura sì s' aferra.
- E gli altri, eh' eran tutti lassi e vani,
- Ciascun si levò suso, e sì s' aferra
- A quella zuffa, come fosser cani.
- - 108 -
- CCXIV
- Molto durò trallor quella battaglia,
- Che ciascun roba e carni vi si straccia,
- L'un l'altro abatte per forza di braccia.
- Non fu veduta mai tal trapresaglia.
- Che que' d'entro facien troppo gran taglia
- Di que" di fuor. Amor allor procaccia
- Che tra lor una trieva sì si faccia
- Di venti dì, o di più, che me' vaglia ;
- Che vede ben che mai quella forteza,
- Sella madre non v' è, non prenderebe.
- Allor la manda a chieder per Francheza.
- Contra colei sa ben non si terebe ;
- Che, s' ella il su' brandon ver lor adreza,
- lin]mantenente tutti gli arderebe.
- GCXV
- Francheza sì s' è de l'oste partita,
- E Amor sili' à ben incaricato
- Ch' elli dica a la madre ogne su' stato,
- Com' egli è a gran rischio de la vita,
- E che sua forza è molto infiebolita ;
- Ch' ella faccia che per lei si' aiutato.
- Allor Francheza si à cavalcato,
- E dritto a Ciecierono sì se n è ita.
- Credendo che vi fosse [a] ca diessa ;
- Ma el' er' ita in boscho per cacciare,
- Sì che Francheza n' andò dritt' a essa.
- Sott' una quercia la trovò onibreare.
- Quella sì tosto in ginochie s' è messa,
- E dolzementc V che a salutare.
- - 109 -
- CCXVI
- Molte salute, Madonna, v" ;«porto
- Dal vostro figluolo. E' pregavi, per Dio,
- Che U socoriate, od egli è in punto rio,
- Che Gielosia gli fa troppo gran torto.
- Che nonn' à guar ched e fu quasi morto
- In una battaglia, nella qual fu' io.
- Ancor si par ben nel visagio mio
- Che molto mi vi fu strett' ed a torto. —
- Allor Venusso fu molto crucciata,
- E disse ben chella forteza fìa
- Molto tosto per lei tutta 'nbraciata :
- Ed a malgrado ancor di Gielosia,
- Ella sera per terra rovesciata.
- NoUe varrà già guardia che vi sia. —
- CCXVII
- Venusso sì montò sus' un ronzino
- Corsiere ch'era buon da cacciagione,
- E con sua giente n' andò a Cicierone.
- Sì comanda che sia'prest' al matino
- Il carro suo, eh' era d'oro lino.
- I[n]mantenente fu messo i' limone,
- E presto tutto, sì ben per ragione,
- Che, quando vuol, puote entrar in camino.
- Ma non volle cavai per hmoniere.
- Né per tirare il caro, anzi fé trarre
- Cinque colonbi d'un su' colonbiere.
- A corde di fil d'oro gli fé legare.
- Non bisogniava avervi carettiere,
- Chèlla dea gli sap( a ben ffiiidarc.
- — no -
- CCXVIII
- Di gran vantagio fu '1 carro prestato.
- Venusso ben matin v' è su salita,
- E sì sacciate eh' elF era guernita
- E d' arco, e di brandon ben inpennato,
- E seco porta fuoco tenperato.
- Così da Ciceron sì s' è partita,
- E dritta all' oste del figluol n' è ita
- Con suo' colonbi che '1 car àn tirato.
- Lo dio d'amor sì avea rotte le triove,
- Prima che Veno vi fosse arivata.
- Che troppo gli parea 1' atender grieve.
- Venus dritta alni sì se n' è andata.
- Sì disse : Figluol, non dottar, che 'n brieve
- Questa forteza no' avremo aterata. —
- CCXIX
- Figluol mi', tu l'arai un saramento,
- E io d'altra parte si 'I faroe.
- Che Castitate i' ma' non lascieroe
- In femina che agia intendimento,
- Nèttu in uon chetti si' a piacimento.
- Ed i' te dico ben eh' i' lavorroe
- Col mi' brandonc; sì gli scalderoe,
- Che ciaschedun verrà a comandamento.
- Per far le saramenta sì aportaro,
- En luogo di reli(iue, av aportaro
- Brandoni, e archi, e saette; si giur.iro
- Di suso, e discr e' altrettanto vale.
- Color de 1' oste ancor vi s' acordaro.
- Che ciaschedun sapea le dicrotal?'.
- Ili —
- ccxx
- Venus, che d' assalire era presta.
- Sì comanda a ciascun ched e' s' arenda,
- O che la mercie ciascheduno atenda,
- Ch' ella la guarda lor tratutta presta.
- E sì lor à giurato per sua testa,
- Ched e' non sia nessun che si difenda,
- Ch' ella de la persona nogli afenda;
- E così ciaschedun sì amonesta.
- Vergogna sì respuose: T non vi dotto.
- Se nel Castel non fosse se non io,
- Non crederei che fosse per voi rotto.
- Quando vi piacie intrare a lavorio,
- Già per minacele no m' intrate sotto,
- Né vo\ né que' che d' amor si fa dio. -
- CCXXI
- Quando Venus intese che Vergogna
- Parlò sì arditamente contrallei,
- Sì gì' à giurato per tutti gli dei,
- Ch' ella le farà ancor gran vergogna ;
- E poi villanamente la ranpogna,
- Diciendo : Garza, poco pregierei
- Il mi' brandone, sed i' te non potrei
- Farti ricoverare in una fogna.
- Già tanto non se' figlia di Ragione,
- Che senpre co' figluoi m' à gueregiato,
- Ch' i' non ti metta fuoco nel groppone. —
- Ed a Paura ancor da 1' altro lato :
- Ben poco varrà vostra difensione,
- Quand' i' v' avi''ò il fornel ben riscaldato.
- - 112 -
- CCXXII
- Molto le va Venus minacciando,
- Diciendo, se no rendono il castello,
- Ched ella metterà fuoco al fornello
- Sì che per forza le n' andrà cacciando.
- E disse : A .M. diavoli v' acomando,
- Chi amor fugie, e' fosse mi' fratello.
- Per Dio, i' le farò tener bordello.
- Color che FAmor vanno sì schifando.
- Chèd e' non è più gioia che ben amaro,
- Rendetemi il castel, o veramente
- Il farò i[n]mantenente giù versare ;
- E poi avremo il fior ciertanamente,
- E si '1 faremo in tal modo sfogliare
- Che poi non fia vetato a nulla gente. —
- CCXXIII
- Venus la sua roba à socorciata,
- Crucciosa per senbianti molto, e fiera,
- Verso '1 Castel tenne sua caminiera,
- E ivi sì s' è un poco riposata.
- E riposando sì ebe avisata,
- Come cole' eh' era sottil' archiera,
- Tra due pilastri una balestriera.
- La qual natura v' avea conpasata.
- In su' pilastri una imagine avea asisa ;
- D'argiento fin senbiava, sì luciea;
- Trop' era ben taglata a gran divisa.
- Di sotto un santuaro sì avea :
- D'undrapo era coperto sì, in ta' guisa.
- Che '1 santuaro punto non parca.
- — IVA -
- CCXXIV
- Trop [IO avea quel' imagine '1 [vi]sagg'io
- Tagliato di tranobile fazone.
- Molto pensai d' andarvi a prociessione,
- E di fornirvi mie pelligrinagio.
- E sì no mi parìa paruto oltragio
- Di starvi un dì davanti ginochione,
- E poi di notte esservi su boccone,
- E di donarne ancor ben gran lo gagio.
- Chèd i' era ciertan sed i' toccasse
- Le r[e]lique, che disotto eran riposte.
- Che ogne mal eh' i' avesse mi sanasse ;
- E fosse mal di capo, over di coste,
- Od altra malatia, che mi gravasse,
- A tutte m' avrìa fatto donar soste.
- ccxxv
- Venus allora già più non atende,
- Però ched ella sì vuol ben mostrare
- A ciaschedun, ciò ched ella sa fare .
- I[n]mantenente l'arco su' sì tende,
- E poi prende il brandone e sì 1' aciende.
- Sì noUe parve pena lo scocare,
- E per la balestriera il fé volare,
- Sì che '1 Castel ma' più non si difende
- I[n]mantenente il fuoco sì s' aprese,
- Per lo castello ciascun si fugio,
- Si che nessun vi fecie più difese
- Lo Schifo disse : Qui no sto più io. - -
- Vergogna si fugì in istran paese,
- Paura a gran fatica si partio.
- — 114 —
- CCXXVI
- Quando '1 castello fu così inbrasciato,
- E chelle guardie fur fu gite via,
- Alor sì v' entro entrò Cortesia
- Per la figluola trar di quello stato.
- E Franchez' e Pietà da l'altro lato
- Sì andaron collei in conpagnia.
- Cortesia siile disse: Figlia mia,
- Molt' ò avuto di te il cuor crucciato,
- Che stata se' gran tenpo inpregionata.
- La Gielosia agi' or mala ventura,
- Quando tenuta t' à tanto serrata.
- Lo Schifo, e Vergogna con Paura
- Se son fugiti, e la gol' à tagliata
- Ser Malabocca, per sua disaventura.
- CCXXVII
- Figluola mia, per Dio, e per merzede,
- Agie pietà di quel leal amante,
- Che per te à soferte pene tante
- Che dir noi ti porìa in buona fede.
- I[n] nessun altro idio chette non crede,
- E tuttora acciò è stato fermo e stante.
- Figluola mia, or gli fa tal senbiante
- Che sia ciertano di ciò e' or non crede. -
- Bellacoglienza disse : F gli abandono
- E me, e '1 fiore, e ciò eh' i' ò 'n podere,
- E ched e' prenda tutto quanto in dono.
- Per altre volte avea alcun volere,
- Ma nonn' era sì agiata com' or sono.
- Or ne può fare tutto '1 su' piaciere. —
- - 115 —
- CCXXVIII
- Quand' i' udi' quel buon risposto fino
- Chella gientil rispuose,
- Ed a la balestriera m'adrizai,
- Chè quel si era il mi' dritto camino.
- E sì v' andai come buon pellegrino,
- Ch' un bordon noderuto v' aportai,
- E la scarsella non dimenticai,
- La qual v' apiccò buon mastro divino.
- Tutto mi' arnese tal chent' i' portava,
- S' ò di condurr al porto in mia ventura,
- Di toccarne le relique i' pur pensava.
- Nel mi' bordon non avea feratura,
- Che giamai contra pietre noli' urtava ;
- La scharsella sì era san costura.
- CCXXIX
- Tant' andai, giorno e notte caminando,
- Col mi' bordon che non era ferrato,
- Che 'ntra duo be' pilastri fu' arivato.
- Molto s' andò il mi' cuor riconfortando.
- Dritt' a le r[e]lique venni apresszmando,
- E mantenente mi fu' inginochiato,
- Per adorar quel corpo beato ;
- Po' venni la coverta solevando.
- E poi provai sed i' potea il bordone
- In quella balestriera, eh' i' v' ò detto,
- Metterlo dentro tutto di randone ;
- Ma i' non potti, eh' eli' era sì stretto
- L' entrata, che '1 fatto andò in falligione .
- La prima volta i' vi fu' ben distretto.
- — 110 -
- ccxxx
- IV più volte falli' alltii ficcare,
- Perciò che 'n nulla guisa vi capea ;
- Ella scarsella e' al bordon pendea,
- Tuttor disotto lafaciea urtare,
- Credendo il bordon me' far entrare,
- Magia nessuna cosa mi valea ;
- Ma a la fine i' pur tanto scotea,
- Ched i' pur lo faciea oltre passare.
- Sì eli' io allora il fior tutto sfoglai,
- E la semenza eh' i' avea portata.
- Quand' ehi arato, siila seminai ;
- La semenza del fior v 'era cascata,
- Amendue insieme siile mescolai.
- Che molta di buon' ei-ba n' è po' nata.
- CCXXXI
- Quand' i' mi vidi in così alto grado.
- Tutti i mie' benfattori ringraziai,
- E più gli amo f gi eh' i' non feci mai.
- Che molto si penar di farmi grado.
- Al die d'amor ed a la madre i' bado.
- E[d] a' baron de l'oste chiamo assai
- D' esser lor fedele a senpre mai,
- E di servirgli, e non guardar ma' giiado.
- Al buono Amico e a Bellacoglienza
- Rende' grazie mille e mille volte ;
- Ma di Ragione nonn' ebi sovenenza.
- Chelle mie gioie mi credette aver tolte ;
- Ma contra lei i' ebi provedenza,
- Sì eh' i' r ò tutte quante avute e colte.
- - 117 -
- CCXXXII
- Malgrado di Richeza la spietata.
- Ch' unquanche di pietà non sep[)e usai'c.
- Che del camino e' a nome Trojìpo -Dai(
- Le plaque di vietarmene l'entrata;
- Ancor, di Gielosia eh' èssi spietata,
- (]hed a gli amanti vuole il fior guardare ;
- Ma pure '1 mio non sep' ella murare,
- Ched i' non vi trovasse alcuna entrata.
- Ond' io le tolsi il fior eh' ella guardava,
- E si ne stava in sì gran sospezone,
- Cliella sua giente tuttor invegtiiava.
- Bellacoglienza ne tenne in pregione,
- Perch' ella punto in lei non si fidava,
- E sì n' or' ella dona di ragione.
- OTES
- NOTES
- Les chiffres romains expriment le numéro d'ordre des sonnets, les chiffres
- arabes renvoient au Romande la Rose, édition P. Marteau. Les notes
- suivies du signe (A) sont dues à M. A, D'Ancona; le signe (M) indique
- celles de M. E. Monaci. Le texte des citations du Roman de la Rosea.
- été revu sur le mt. 438 de la Bibliothèque de la Faculté de médecine
- de Montpellier.
- I
- 1749 : Li dieu d'amors qui, l'arc tendu,
- 1950 : Ainsi m' aide, ainsi me nuist.
- Cf. 1349, suiv. D'ileuques me parti atant,
- 4. C'est le verger de Déduit, v. 607 :
- C'est cil qui est cest beau jardin.
- Qui de la terre alexandrin
- Fist ça les arbres aporter
- Qu'il fîst par le vergier planter.
- 7. AUo[r]. La r qui supplita non credo caduta della penna del
- copista; qui ebbe luogo la nota assimilazione fra liquide sì
- frequente nel toscano : cnf. Ili, 8; XVII, 14; e XLVI, 10;
- LXIV, 3, 7; CLXXX, 3 (M).
- 8. Les cinq flèches sont : Beautés, Simplece, Franchise, Com-
- paignie, Beau-Semblant : v. 963-984. Cortesia au lieu de
- Franchise est expliqué par les vers :
- Une autre en y out apelée
- Franchise : eissi ert nommée
- De valour et de courtoisie.
- En effet, nous voyons v. 1833 :
- Ainz m'a fait por mielz afoler
- La tierce flèche eu cors voler
- Qui Cortoisie ert apelée.
- Si plus loin Franchise paraît comme flèche distincte, c'est le
- résultat d'une interpolation. Le mt.- 438 donne :
- 9
- - 122 ~
- En mon séant lores m'assis,
- Mont angoissous et mont pensis ;
- Mont me destraint iceste plaie,
- Et me semonst cjue je me traie
- Vers le beuton qui m"atalente,
- Mes li archiers me respuante.
- Si m'en doi bien espuanter
- 'Qu'eschaudei doit eve douter.
- L'amant reprend néanmoins courage et arrive
- Si prez du bouton que sentoie
- La douce oudour qui en issoit.
- C'est alors qu'Amour lui lance encore une flèche, Compaignie,
- dont les effets sont l'objet d'une description distincte, comme l'ont
- été ceux des quatre auti'es flèches.
- Les manuscrits 246 et 247 de Montpellier etMéon, reproduits par
- MM. Michel et Marteau, donnent (leçon du 246, le plus ancien
- des deux manuscrits):
- Vers le bouton qui m'atalente ;
- Mes li archiers me represente
- Une autre flesche de grant guise :
- La quarte fu, s'out nom Franchise.
- Ce me dut bien espoventer,
- Eschaudes doit l'iaue doubter.
- Il est à remarquer que les effets particuliers de cette flèche ne
- sont point décrits. Ni la traduction de Chaucer, ni le manuscrit
- cité par M. Monaci {Giornale di filologia romanza, Luglio,
- 1878) ne connaissent ici de flèche appelée Franchise. J'ajouterai
- que le dernier éditeur du R. d. 1. R., M. Marteau, cite précisément
- le passage que je crois une interpolation, comme un de ceux qui
- prouveraient que Guillaume de Lonis n"a pas eu le temps de revoir
- son ouvrage.
- 9. à non Bieltà : non est pour nome, comme non et on pour
- uomo. Les premières personnes du pluriel sont aussi en
- n : aven, sian, etc. C'est ime particularité du dialecte
- florentin .
- 12. san dollanza : san est pour sunza = senza; il re\'ient par-
- tout. Cf. « sans doutance )>, provenç. doptanza.
- 14. apella l'tton. Corr. opellal tcon = uomo l'apella (m). — On
- — 123 -^
- trouve néanmoins dans la suite uon ou huon avec l'article,
- équivalant au français Von.
- II
- 1955 : Lors est demaintenant venuz.
- 2037 : Il m'a lores requis hostages.
- 2. Dieresi in Tussaï (m).
- 3. E' pour eo, « io ».
- 11. Comme M. Monaci l'avait déjà remarqué, ce vers fait allu-
- sion aux légendes si connues du Vieux de la Montagne et
- du Prêtre-Jean. Le premier dans les textes anciens est ap-
- pelé Veglio ou Yellio : v. dans le Morgante l'épisode qui
- le concerne, c. XVIl-XX. Les poètes italiens du moyen
- âge citent souvent comme un modèle la fidélité de ses dis-
- ciples. Guido delle Colonne :
- Perch' io son vostro più leal e fino
- Che non è al suo sengnore l'Assesino.
- Pour le Prêtre-Jean v. Fr. Zarncke, der Priester Johannes,
- Leipzig, 1876-1879. — On sait le parti qu' Ardeste a tiré
- de la légende relative à ce personnage : il cite les deux for-
- mes italiennes du nom :
- Gli diciam Presto o Preteianni noi.
- Ili
- 2038 : Amis, dist-il, j'ai mainz hommages
- 2076 : Outrageus est qui plus demande.
- 1. L'auteur italien affecte de rejeter la date du mois de mai
- donnée dans le R. d.la R.; ses souvenirs personnels se rap-
- portaient-ils plutôt au mois de janvier, ou a-t-il voulu pro-
- tester contre l'abus fait en Italie comme en Provence des
- descriptions du printemps? Le passage suivant, que j'em-
- prunte aux Canti del popolo italiano de MM. Comparettiet
- d'Ancona, II, 43, est plus conforme aux habitudes tradi-
- tionnelles et rappelle le début du R. d. 1. R. :
- Il primo giorno di calen di maggio
- Andai nel!' orto per cogliere un fiore,
- E vi trovai un uscellin selvaggio •
- Che discorreva di cose d' amore, etc.
- 8. segnio maggio, seigneur suzerain. Comme le fait remarquer
- — 124 —
- plus haut M. Monaci, I, 7, il n'y a pas lieu de suppléer IV
- qui disparaît devant la liquide ; quant à la forme archaïque
- maggio, elle est partout.
- IV
- 2081 : Or a de s' aumoniere traite
- 2124 : Que je commant as finz amanz.
- 1 . Coir. Con una chiave d'or mi fermò 7 core.
- 3. Corr. Va netV e parato, (a).
- 8. C'est l'amour fin et loyal dont parlent constamment les
- Troubadours et leurs imitateurs de tous pays. Ces deux
- mots, comme fedele, reviendront souvent.
- 14. Argomento, moyen. Cf. XXIX, 7; XLVIl, 3; CXCVIII, 4.
- 2125: Sire, dis-je, por Dieu, merci,
- 2864: Mes cels ci te seront aidant.
- Ce sont les commandements du dieu d'amour. Rien dans le
- texte français ne répond aux quati-e derniers vers, dont le ton irré-
- vérencieux rappelle plutôt certains passage de Jehan de Meung.
- 1. Diérèse dans pacïenza.
- 5. servire. Corr. servir.
- 6. non n' alena. Cott. nonn alena {\) .
- 7. Ces charte, ou obligations souscrites, reviennent souvent. Cf.
- XLI, 5; LXIl, 8; CXXXVll, 11.
- VI
- 2855: Tout maintenant que Amors m'ot
- 3040: La traïson qu'avez couvee.
- 1. Parte s' Amor. Corr. Partes' Ainor {a). — Amor. Corr. Aiuorc
- {yv. — V. imité du v. 16447 : «Lor esles bâtent, si s'en partent.»
- 12. Cette massue doit venir d'une rubrique. L'arme de Dangierest
- « un baston d'espine », v. 3'275. Cf. XII. 4, et note.
- VII
- Allusions à l'ambassade de Pitié et de Franchise (XIll. X1VÌ et
- à l'arme dont Pitié se servira dans la bataille (CCVlll).
- 4 Pour tou^ ces personnages protecteurs de l'Amant, v.
- LXXIX.
- 6. Forse dieresi in daf/l'i'ìso (m).
- — 125 ~-
- 8. guardia queir ora. Corr. guardia ['w] queir ora (a). —
- Corr. guardi' a quelV ora (m).
- 13. Diérèse dans Pietanza.
- Vili
- Cf. 13378 : Se mestre Argus le bien contens
- I vousist bienmetre ses cures,
- Et venist o ses dix figures.
- Par quoi tout certefie et numbre,
- Si n'en péiist il pas le nombre
- Des granz contens certefîer,
- Tant séiist bien monteplier.
- C'est un exemple curieux des transpositions qu'aime notre au-
- teur. Ce passage est emprunté au discours de la Vieille. J'avais
- d'abord remarqué que c'était un équivalent des vers 3067 et
- suiv.
- Cuer ne porroit mie penser
- Ne bouche d'orarne recenser
- De ma dolor la quarte part.
- Or, comme l'auteur s'applique à tirer parti des pensées et même
- des mots qui l'ont frappé, nous retrouvons ces vers traduits dans
- le discours delà Vieille, CLI, 1, 2, à un endroit, il est vrai, où
- Jehan de Meung paraît, de son côté, se rappeler les vers de Guil-
- laume de Lorris.
- 1 . Arg/ius. Corr. Argusso. Nous trouverons à peu près partout
- Veitusso. Les poètes italiens qui imitaient ou traduisaient
- des textes français, terminent ainsi très-souvent les noms
- propres latins en us. Ils suivaient notre prononciation et
- ajoutaient l'o final italien. DanaV Intelligen:-a nous voyons
- Sestusso, Vergenteusso, Olinipusso, Argusso etc.. cf.
- C, 2 ei note.
- 3. a conto, regole, e. Tolgasi la virgola dopo regole (m).
- 4. com' on save. On pour uon ou uomo. Nous le rencontre-
- rons souvent. — save de savere, corame ave, si fréquent
- chez les vieux poètes, de avere.
- 7. mcsprigionC; franc, mesprison. prov. mespreizo, faute.
- 9. Ed alle mi. Corr. Ed allenii (a).
- 11-12. Punto àoyio pjromesse, virgola dopo inetto (m).
- — 126 —
- IX
- 3077 : En tel point ai grant piece esté,
- 3178 : Ne puet estre qu'il ne foloit.
- 7. a' troppo. Corr. à' troppo.
- 11. Punto dopo danza (m).
- 12. Che. Corr. Che (m).
- 14. non n'è. Corr. nonn è (v).
- X
- 3181 : Quant j'oï cest chastiement
- 3203 : Si m'ennuie qui me chastie.
- 2. die revient souvent dans l'expression die d'amore :^\, 12;
- XXXV, 13; XXX Vil, 9, etc., une fois avec le sens de
- Dieu : LXXX, 4. — era 'nservito. Corr. era 'n ser-
- vito (a).
- 7. Dopo gradito punto e virgola (m).
- 8. Punto doipo parlava (m).
- 12. Sedil. Corr. Sed i 'Z(m).
- 14 a mente. Forse a niente, (m).
- XI
- 3204 : Atant Raison s'est départie
- 3259 : Qui le chue et qui le blandist.
- 4. Punto dopo confortare, (m).
- 6. E dÀsi gli come. Corr. E disigli coni' e' (a).
- 10. Usanza., et plus bas dottanza, pietanza, tous mots de la
- langue des troubadours.
- 14. né sanza pietanza. Corr. ne san' pietanza (a) Cf. I, 12.
- XII
- 3260 : Tant parla Amis et tant dist
- 3282 : Si com vous saurez commander.
- -i. Corr. spino. Cf. VI, 12. L'arme de Dangier est un bâton
- assez solide pour renverser Franchise et briser ses armes.
- V. CCVII et CCVIII.
- 12, 14. Corr. amendallo, inghanallo, qu'exige la rime fallo.
- Cet adoucissement de \'r finale devant l, fréquent chez les
- poëtes et même chez les prosateurs anciens (V. Tavola
- Rotondo), est resté dans l'usage populaire. Cf à la rime
- — 127 —
- LXIV 3, 7 ; XC, 6, 7, et dans le courant du vers : XLVI,
- 10; CLXXX, 3. Pour la suppression ou radoucissemeot
- de 1'/' devant d'autres liquides que Z, cf. 1, 7 et note; et
- XLV, 1, 5, 8 et note.
- XIII
- 3369 : Si com g' estoie en ceste peine
- 3406 : Quant il voit que l'en le souploie.
- 3. Mt. 'man Francheza.
- 5. Diceria, discours. Cf. Lapo Gianni, C. Donna se "1 prego della
- mente mia, v. 5.
- 6 . Lire tuffai.
- 7. Valletto. Cf. R. d. 1. R., 10,306 :
- Li beau vallet, li preuz, li gent.
- 8. E prode, e franco. Tolgasi la virgola dopo jyrode (m).
- 10. serviente. Le mot est pris du discours où l'amant réclame
- la bienveillance d'Amour. V. 2101 :
- Mes serjant en vain se travaille.
- La forme italiane est plutôt servente ; cependant Lucano, disc,
- de César à ses soldats : <( Cattivi cavalieri e malvagi sergenti. >>
- 12. sofferà' pour sofferra.' suivant l'habitude qu'a ce texte de
- ne pas redoubler la consonne. Cf. LXVIIl, 9 ; so/fen-ia
- bien écrit, CXLIl, 13. — Pour la métathèse de l'r, v. LV,
- 12, et note.
- 14. aolente. Plus près du latin adolens que l'orthographe or-
- dinaire aulente. — Aolente per aulente può anche deri-
- varsi da olente, come da onore deriva aunore, auriente
- da oriente ecc. (m).
- XIV
- 3407 : Pitiés a dit : c'est veritez
- 3438 : Qui por nos deux ne velt rien faire.
- 1 . parlamento. Cf. Intelligenza, 121 : Pompée
- Dipinto v' è come fé parlamento.
- 2. Pitié n'est représentée en larmes qu'à la fin du R. de lu R.
- Cf. CCVIII, 10-12.
- 4. meo en une syllabe, Cf. VII, 5.
- 8 . intendimento : intention, prov. enlendemen.
- — 128 —
- Î2. Saluta, féminin comme en provençal la salut, fréquent dans
- les poésies lyriques de Dante.
- 14. Une syllabe de trop. Lire sans doute i au lieu de gli.
- XV
- V. 1-6 : 3439: Lors ne pout plus Dangier durer,
- 3446: Je n' i métrai jamais arrest.
- Dans le reste du sonnet, lo Schifo résume les paroles de Bel-
- Acuel (v. 3519) et, pour motiver l'intervention, assez inattendue, il
- faut l'avouer, du brandon de Vénus, lui, le représentant de la pu-
- deur, il conseille aux gentes messagères de recourir à la dame au
- dieu d'amour.
- 1 . « Franchise la bien eraparlée. » — Cf. 1288 : « Aeointables
- et beau parliers. »
- 9. Peut-être: figluola Cortesia: cf. 2887:
- Filz fu Cortoisie la sage.
- Cf. XLIX, 6: il consiglio Ragion; CXXIII, 8: la giente Gieso-
- Cristo ; CXLIV, 7 : Isotta, l'amica Tristano, et le titre de CXXVI.
- 1 1 . ricredentia. C'est le provençal recrezensa avec le sens de
- lâcheté; cf. 3819:
- Trop estes recréant et lasches.
- XVI
- .3479: Or sui chaiiz, ce m'est avis,
- 3532 : Et a erres du remanant.
- Lo 5c7a'/b, oubliant le conseil qu'il a donné, invite l'Amant à
- ne pas toucher à la fleur. Dans l'original, c'est Bel-Acuel qui parle.
- 5. gichilo, humble. Cf. Lapo Gianni:
- Il tuo sembiante sia cortese e piano
- Quando davanti le starai gecchita.
- XVII — XX
- 3544 : Mès Venus qui touz Jors guerroie
- 3607: Ai pris de la rose erramment.
- Remaniement : l'effet du brandon se produit avant le discours
- de Vénus, et dans l'original Rol-Acuel n'envoie pas à l'Amant les
- messagers Beau-Semblant et Dous-Regard.
- XVII
- 6. tranobile fazone. Expression épique. On trouve plus loin
- — 129 —
- tranobile, CCXXIV, 2 ; tratutta, XLVI, 9 ; CCXX, 4 ;
- tratutto, CXXXVIir, 12; ireiM«o, CLXXXII, 5 ; «rapia-
- ciente, CXLVI, 5; trapassatile, CLXIX, 9; CXCV, 6.
- 8. Comparaison étrangère à l'original.
- 1 1 . Corr. cuor[e] o mio (m).
- 14. ve[r], pour verso. LV se modifie ou disparaît devant larHi-
- quide du mot suivant. V. I, 7 et la note, et ajoutez aux
- passages cités LXXXVll, 10.
- XVIII
- 2. Corr. Venus so.
- 5. bello, e avenante etc. Corr. bello e avenante, etc, c così nel
- V. 8 e altrove (m).
- 10. piacietite. Covv. placier e.
- XIX
- 6. bisogniava. Corr. bisor/nïava eh' i' 'l ? (m) — . Le sens me
- paraîtrait demander .- Che non mi, ou Che non bisogniava.
- 8. Punto dopo tardo (m).
- XX
- 4. Che di gioia perde. Corr. Che di gioì' perde' (a).
- 7. quella. Col viso chiaro. Corr. quella col viso chiaro (a).
- XXI
- 3608 : Se j'oi joie nulz ne demant :
- 3662 : Estro à Estampes ou à Miaus.
- Le R. d. 1. R. ne dit pas que Malebouche éveille Chasteté, ne
- parle pas de la colère de Dangier, et n'annonce pas le second en-
- tretien de Raison, avant lequel s'arrête d'ailleurs l'œuvre de Guil-
- laume de Lorris.
- 2 . Dieresi in prezioso (m) .
- 12. ritornò. Corr. tornò (a).
- XXII
- Castità se plaint à Gielosia de l'abandon où elle est laissée. Elle
- est muette dans le R. d. 1. R., et l'allusion à la jalousie des Lom-
- bards et des Toscans est un trait i)urement italien. Le dévelop-
- pement dérive d'un passage du discours de jalousie à Bel-Acuel,
- V. 3677 suiv.
- Trop s'est de toi Honte esloignie.
- — 130 —
- 6. Cf. 3816 : Fols est qui en vous s'aséiire
- De garder rose ne bouton.
- 8. Punto dopo entrata (m).
- 14. /•ìa.Corr. /ïa,ecoslXXIV, 10;XXVII, 7,8;XLII, 3 ecc. (m).
- 14. possa mendare. Corr . posa' amendare (m).
- XXIII
- Deux passages principaux :
- 3733 : Honte, Honte, dist Jalousie,
- 3769: Mal lour fist onques beau semblant.
- 3659 : Et quant eie se fu levée,
- 3684 : Por moi et lie avelenir.
- Le R. d. 1. R. ne parle ni de l'Université de Bologne, ni de
- la Catalogne.
- 1. guardia. Corr. guarda.
- 7. dÀse le. Corr. dissele (m).
- 13. Cf. Dante, Par. VIII, 77: « L'avara povertà di Catalogna. »
- XXIV
- 3770 : A cel mot -vont Poor tremblant
- 3880 : S' eie le cuilloit en haine.
- 5. aina. Prononcer aïna. Cf. haine dans le vers français ci-
- dessus, et CCXII, 3.
- 10. maZ 6aZj7o, maltraité. Cf. R. d. 1. R., 3423:
- Or est-il mort et mal bailliz.
- 1 4 . Bonaggiunta Urbiciani parlant des effets de l'amour :
- S' egli è villano, in cortesia lo muta.
- Ici ce serait le diable qui aurait opéré le miracle. Pour ce lieu
- commun des troubadours que Dante n'a pas dédaigné, v. Nan-
- nucci. Manuale, I, 143.
- XXV
- 3805 : En cel conseil se sont tenues,
- 3866: S' onques Jalousie connui.
- 2-3. Il out en lieu de chevecel
- A son chief d'herbe un grant moncel.
- 8. Dieresi in Gielosïa; e così in ttdïo XXVI, 1 ; in Giclosïa,
- XXVII, 1 ; LU, 5; in cortesia, LVIII, 4; in Consiglio
- LXVIII, 2? in Pacïenza LXXIX,9; cwrïoit" LXXXIX, 8;
- religioso XC, 9; religione 12; ecc. ecc. (m).
- — 131 —
- 12. L'en ne puet faire espeviier
- En nule guise de busart.
- XXVI
- 3867: Lors levale vilain ra[um]uce,
- 3932 : M'a porchacié ceste sausse.
- 2. mispreso. Toujours dans le sens de commettre une faute,
- mesprigione. — Remarquer les rimes de même racine :
- 2, 3, 6; 9, 11, 13; 10, 12, 14. C'est une recherche. Pour
- les Soneti equivoci, bestizali e astizati, v. Gidino da Som-
- macampagna, Trattato dei ritmi volgari, p. 171-202. Dans
- le Morgante, c. II, ott. 8, discours de l'abbé à Roland :
- Così sempre s'aflfanna il corpo e l'ombra
- Per quel peccato dell' antico pome ;
- Io sto col libro in man qui il giorno e l'ombra,
- Tu colla spada tua tra 1' elsa e '1 pome
- Cavalchi e spesso sudi al sole e all' ombra ;
- Ma di tornare a bomba è il fin del pome.
- Dico che ognun qui s'affatica e spera
- Di ritornarsi alla sua antica spera.
- 0. ricignia, p. arriccia. Cf. rechinhar et rechigner.
- 10-14. Des or mais est changié li vers,
- Car Dangier devient plus divers.
- Et plus fel qu'il ne souloit estre .
- Car je sui en enfer choïz .
- 10. diverso. Cf. LVI, 10; CCIX, 5; Tesoretto, II, 78; Dante,
- Inf. VI, 13.
- XXVII
- Premier quatrain : 3939-3943 :
- Mes or est tenz, que ge vous die
- La contenance Jalousie,
- Qui est en maie sonpechon.
- El païs ne remeist machon
- Ne fort homme que l'en ne mant.
- Le second quatrain est tiré des reproches que Jalousie fait à
- Bel-Acuel et à Honte. Le premier tercet est tiré du discours de la
- Vieille, V. 13545:
- Mes la garde fust périlleuse
- — 132 —
- Por la grant beauté merveilleuse.
- Le second tercet est tiré du discours des Barons, v. 11124
- suiv.
- Mes que Venus i soit presente.
- 1. sospeccione. Cî soupechon. \ . CLXXI, 14 et note. Il em-
- ploie aussi l'orthographe sospezone.
- 10. sellei. Corr. s'elici = s' en lei [•si).
- XXVI II
- 3944 : Si fait faire au commencement
- 3994: Où il a rosiers à piente.
- 5. cassero. Corr. casser. Mot d'origine orientale. Cf. al-cazar.
- 10. tori. Corr. torri {\).
- 12. caditoie. Corr. caditoi'.
- XXIX
- 3990 : Dedenz le chastel a perrieres
- 4008 : S'il n' i éûst avant meslée .
- 3 . Manca una sillaba nella prima parte del verso (m) , — Corr .
- Ch' egli non .
- 8. ghatto, chat, sorte d'abri que les assiégeants faisaient avan-
- cer contre la place.
- XXX
- 4009: Jalousie a garnison mise
- 4034 : 11 garde la porte destrois ;
- 3. corne gli. Forse è da leggere com' egli (m).
- 11 . iera ici et v. 14 pour era, français iere. Cf. LXXVII, 5 et
- note.
- 11-13. La rime indique les formes plutôt provençales prove-
- densa, intensa.
- 12. di dietro. Corr, dietro (a).
- XXXI
- 4053 : Jalousie que Dex confonde!
- 4078 : Eie sout toute la %'ielle dance.
- 14. del ligniagio Salvagnione. «ScZvam, in italiano Salvagno,
- è presso i romanzieri francesi celebre tipo di ladro : e se
- la vecchia era di quel lignaggio, si avverava il proverbio
- che in casa di ladri non ci si ruba (.v).
- — 133 -
- XXXII
- 4079 : Tout maintenant que Jalousie
- 4089 : Puet eie estre tout aséiir.
- 4034 : Et si sachiez qu'as autres trois
- 4052 : Trueve a chascune quelque herne .
- 7. afese. Cf. afenda CCXX, 7; argogliosi C^Wll, 4.
- 8. ricador poi le prese. Coït, ricador (ricaddero) ^oz le sorte .
- Cf. CCV, 6 (a).
- XXXIII
- Ce sonnet et le suivant répondent, sans en être la traduction,
- au long monologue de l'Amant à la fin du poëme de Guillaume de
- Lorris. L'imagination de l'auteur s'élève pour trouver une inspi-
- ration égale à celle qui a dicté la comparaison du paysan et le
- portrait de la fortune. Les deux derniers vers sont une traduction.
- Rose, 3062 :
- Nul n'a mal qui amors n'essaie.
- Ne cuidezpasque nulz connoisse,
- S'il n'a amé, qu'est graut angoisse.
- Cf. Dante da Maiano :
- Nuir uomo può saver che sia doglienza,
- Se non provando lo dolor d'Amore ;
- Né può sentir ancor che sia dolzore,
- Finché non prende della sua piacenza.
- Nannucci cite à propos de ce quatrain les vers suivants de Gi-
- raud le Rouge :
- Nuls hom no saup que s'es gran benanansa
- S'enans no saup cals es d'Amor l'afans.
- XXXIV
- Plusieurs passages dans Guillaume de Lorris ; répond aussi au
- monologue de l'Amant dans Jehan de Meung.
- 3925 : Or revendront plour et souspir,
- 3932 : M'a porchacié ceste sausse.
- 3065: Amors mont bien vers moi s'aquite
- De la peine qu'il m'avoit dite.
- 2351 : Quand tu auras ton cuei- donné
- 2691 : Il n'est voirs que nul mal u'avient
- — 134 —
- 4289 : Et si l'ai je perdue espoir
- 4450 : Ja n' i sera autre mon lais.
- 1. Corr. sospir. — A frizione, afflizione: r pour l, comme dans
- compressione p. complessione, CVll, 9.
- 5 Corr. tal[e\ o distruzione ? (m).
- XXXV — XL
- 4455: — suite, passim.
- Tant comme ainsinc me démentoie.
- XXXV
- 4 . spera, speranza. Cf. prov. esper.
- 6. « Raison la bêle, l'avenant. » — corso. Sottintendendo
- troppo potrebbe credersi che avesse a dire : tu se' andato
- spacciato, etc. (a)
- XXXVl
- 4. messo 'n asiglio, -p. messo in assillo. La métaphore esttirée
- de l'épouvante furieuse dont est saisi un troupeau de bœufs quand
- il est tourmenté par la mouche asile.
- G. lassci. Usarono spesso gli antichi la geminazione della let-
- tera s per distinguerne il suono duro ; cosi anche i Pro
- venzali (m).
- 7. ^werero, ennemi ; cf. provençal guerrer, guerrier; franc.
- guerrier.
- XXXVl I
- 2. Poite ciaschun secondo dicretale. Poite potrebbe scioglierà
- in Poi t' è: secondo potrebbe voler dire favorevole, e il
- senso sarebbe : Poi ciascun decretale f è secondo. Anzi
- levando il punto alla fine del verso antecedente, il senso
- generale sarebbe questo: Poichii ciascun decretale ti è fa-
- vorevole, il falsare tal saramento è san [sdima) peccato.
- anche potrebbe espungersi l'è di e san peccato e inten-
- dere Poite per Puote, e vorrebbe a dire : Ciascuno può,
- secondo il decretale, falsare senza peccato tal saramen-
- to (a). — Poite per Puote non mi sembra probabile; pre-
- ferirei Poi V è, ponendo vii'gola dopo peccato ; e trovo
- giusta la prima confettura del D'A., la quale mi fa cre-
- dere ciascun secondo invece di secondo ciascun sia da
- attribuire -ad una scorsa del copista anziché dell' autore (m).
- — 135 —
- 8. disavorato. La forme italienne serait dissaporato. Cf. Intel-
- ligenza, st. 4 : assavora lo. Provençal : assaborar, des-
- saborar: Brev. d'Amor: Se ienhon dessaboradas. — Fran-
- çais: savorer, assavorer.
- XXXVIII
- 1 . Convien correggere ««©[i] o trar[é\ (m).
- 11. Cf. CCXXIl, 9. — Bernard de Ventadour:
- Que val vivre ses amor,
- Mas per far enueg a la gen?
- 13. tuttavia. R. d. la R. 3318, toutes voies.
- XXXIX
- g. ditutto. Corr. di[s']tiitto ;= « disdutto « o « disdotto » (m).
- C'est le français déduit, plaisir. Cf. Intelligenza, 70 : dis-
- dotti; 204, sdutto.
- XL
- 3. lavoro. Corr, lavar, e così al v. 12 (a).
- XLl
- 1-11. 6057: Neporquant si ne voil-je mie
- 6100 : Par Hecho sanz querre autres prueves.
- 1 . Ragione. Corr. Ragion.
- 3. « Met, s'il te plaist, à moi t'entente. »
- 7. Francia. Corr. Pranza.
- 7-8. Porrei virgola dopo Francia, e punto dopo parte (ai).
- 12-14. Cf. XLIll et renvoi au R. d. 1. R. — La comparaison
- emphatique au soleil et à la lune n'est pas dans le texte
- français .
- XLII
- 7503 : Mes je vous pri por Dieu merci,
- 7526: Puisque mon cuer aillors s'atent.
- 2-4 . Dante dà Maiano :
- Per lungia sofferenza
- Non cangio la mia intenza
- Da voi. Donna valente.
- 6. gradato. Varrà per« disceso»? oppure si dovrà leggero già
- dato ? (m) .
- XLIII
- 1-11 : 3084: El ne fu vielle ne clianue.
- — 136 —
- 3101 : Por qu'il soit teil que il la croie.
- Quelques traits sont tirés du même passage que XLI ; ainsi v. 4 :
- Et te mire en mon cler visage .
- Lauteur a ainsi fondu ensemble les deux portraits de Raison.
- 12-14 : Commencement du développement sur Socrate:
- 6109, suiv.: A Socrates seras semblable
- 6451, suiv.: Ja soit ce que devant dit t'aie
- 7171, suiv.: Por ce fu Socrates itelz
- XLIV
- Premier passage sur Socrate.
- 7. noie. Corr noi'.
- 9. bilanza, p. bilancia, rimant ayec pesanza, amanza.
- XLV
- 4827: Ne cuidez pas que j "es dessemble.
- 4866: Son tenz, chastel, cors, ame et les.
- 1, 4, 5, 8. La rime doit être en almi, comme lindiquent salmi et
- spalmi, (p. sjjarmi); U faut donc lire ascoltalmi et bia-
- simalmi, à moins d'admettre que l'auteur s'est souvent
- contenté de la rime par assonance. Cf. XII 12-14; XC,
- 6,7.
- 11. bleza. C'est le français blesser.
- XLVl
- 1-!1: 4595: Quant j'oi bien Raison entendue
- 4606 : Ne mais a moi tout seulement.
- 12-14 : Cf. les deux réponses de l'Amant :
- 7193 : Dame, fis-je, puet autre estre,
- 7503: Mes je vous eri por Dieu merci,
- Et ces vers auxquels Durante songeait sans doute,
- 2999 : Ce est ma mort, ce est ma vie,
- De nule rien n'ai plus envie.
- 1 . Cf. 4596 : Qui por noient s'est debatue
- XLVIl
- 7531 : Quant Raison m'ot si s'en retome,
- 7543: Mes or me dites quelz nouveles.
- 4. de laccio -pev del laccio, sdoppiamento come LXXXVII, 11,
- / luogo per II luogo ; LXXXVIII, 4 De luogo per Del
- — 137 —
- luogo; XCVII, 2 / lupo per II lupo, ecc. (m). —Cf. CLXIV,
- 1, Ne libro pour Nel libro; CLXXXVI, 1 Ne letto pour
- A'eZ letto; CCXIII, 3 etCCXV, 10 eia p. ella ; CLXXX, G,
- Alor p. Allor. — L'expression elle-même est au K. de 1.
- R. V. 3500 entre autres :
- Et Amore plus et plus me lie.
- Et tout ades estraint ses las.
- 6,7. Direi di leggere /«'['^^J maggior tormento, ovvero lasciando
- com' è, leggere nel seg. ched e' fu invece di ched i fu
- (A).
- XLVIII
- Cf. 7562, suiv. Ha trop i a fors ennemis.
- XLIX
- 7545 : , , . .Et je li conte
- Si comme avez oï eu conte ;
- l)uis s'écarte du texte et commence aux v. 9-14 le second discours
- d'Ami : 7585-7608 :
- Compainz, ne vous desconfortez,
- Quant vous ne le poez lessier.
- 3. Al buon Amico che non fu di Puglia. Forse : Non fu falso e
- bugiardo come un pugliese. Forse i pugliesi dopo il tradi-
- mento fatto a Manfredi, a cui accenna Dante Inf. XXVIIl,
- 16, avevano mala riputazione (.\).
- 5. Mt. che n sie acietato. — acietato, c.-à-d. accettato.
- 10 su' 'managio. Corr. omanagio. (a). — La correzione oma-
- naggio proposta dal D'A. è confermata dal LXXVII, 9, e
- dal CXIV, 4 (m). — Cf. le provençal homenatge G. Faidit :
- Pueis vi mon humil semblan
- E receup mon homecatge.
- 1 1 . Cette idée est partout : Peire Vidal :
- E per esfortz venz om lo bon sufrent.
- Jacopo da Lentino :
- Per soffrenza si vince gran vittoria.
- Cf. Dante da Maiano : Per lungia sofferenza.
- L
- 7635 : Mes prenez garde toute voie
- 10
- — 138 —
- 7700: Por ce porrez estre au desoure.
- 2. ma.lsenhiante. Corr. mal senbiante (a).
- 9-11 . Cf. 7723-7727, où cela est dit de la Vieille :
- Ainsinc vous estuet démener ;
- Les bras au col doit l'en mener
- Son ennemi pendre ou noier,
- Par chuer, par aplanoier,
- S' autrement n'en puet l'en chevir.
- LI
- 1-4. 7609
- 7634
- 5-14. 13029
- 13040
- Or vous dirai que vous ferez :
- Se par autre n'est destomez.
- Mais ti'op est malement janglerres
- Li lerres, il m' auroit honnie.
- 4. là ov' è. Corr. là 'v' è? Cf. LXIll, 14.
- 7. maltranello. Corr. mal tranello.
- 8. 'lenza. Corr. 'ntenza, ou plutôt tenza.
- 10. fa. Corr. fa' (a).
- LU
- 1-6 : 7701 : La \\e\e qui Bel-Acuel garde,
- Servez ainsinc : que Mal-Feu l'arde !
- Et ce faites a Jalousie,
- Que notre Sires la maudie,
- 7-8 : 7747 : Et se vous ne pouvez donner,
- Par promesse estuet sermonner.
- Prometez fort, sanz delaier,
- Comment qu'il aille du paier.
- 9-14 : 7733: Aprez ausine vous contendrez
- 7743 : Por apaisier lor présentez :
- 8 . lo pour lor.
- 10. Mt. Betouricieri. Le copiste a confondu c et t, ce qui prouve
- l'ancienneté du texte qu'il avait sous les yeux et n"a pu
- déchiflier Vf, Le R. de la R. parle ici de « chapeaus de
- fleurs », mot traduit par covriciefo CXC, 13. Cuevre-chief
- figure d'ailleurs parmi les présents à offrir à une dame,
- v. 10124.
- — Mt. 'nlecciatoi. Le mot est bien écrit CXXXVlll. 10.
- LUI
- 7747 : Et se vous ne povez donner
- 1.
- 2-3.
- 12.
- 14.
- — 139 -
- 7778 : Loi- estassent du col la corde.
- Mt. proessa.
- Le texte : « Jurez fort et la foi bailliez. »
- molle fr. moiailler; mollare n'a plus ce sens qu'a gardé
- l'adjectif molle. Les terminaisons en e à la première con-
- jugaison sont fréquentes chsz les anciens poëtes.
- bolle. R. d. 1. R. 8181 : '< Mes par traïson le boulez. » Cf.
- CCIV, 12.
- LIV
- 7789 : Et se a elz ne puez aler,
- 7812 : Se mont n'estoient vezié.
- LV
- 7813: Cist portier, c'est chose sévire,
- 7850 : Mont durement, quant on les lait.
- Le sonnet laisse de côté les portiers allégoriques du R. de la
- R. et s'adresse directement à la Dame.
- 12. enterra par méta thèse p. en-M. Cf. sofferà' =: sofTerrai
- XIII, 12 et LXVlll, 9; interrai LXXV, 5; enterai r.^
- enterrai, LXXXVll, 2; mosterà = mosterrà CLXXXI, 14.
- Chez les poëtes italiens anciens, les exemples abondent.
- Dans le R. de la R., j'en relève quelques-uns sans chercher
- beaucoup :
- 4515 : Or te demousterrai sans fable
- 11108: Qui remousterront lor proece
- 11120: Franchise et Pitie souferront
- Contre Dangier et l'asserront.
- 13117: Et s'el ne velt je enterrai
- 14599: Moult volentiersi enterroient
- LVI
- 1-11 : 7851 : Li mariniers qui par mer nage.
- Cerche mainte terre sauvage.
- Tant regarde-il à une estolle.
- Ne queurt-il pas t©uz jors d'un voile
- Ainz le treschange mont souvent
- Pour eschiver tampeste ou vent;
- Ainsinc cuer qui d'amer ne cesse
- Ne cort pas touzjors d'une lesse.
- - 140 —
- Or doit chacier, or doit foir,
- Qui velt de bone amor joir.
- I . marinaio, Corr. marinai'.
- 5. fuyire. Gorr. furjir.
- IO. diversa. Cf. XXVI, 10 et note.
- LVII
- 1Û279: Briefment de toutes les puceles
- 10306 : Li beau vallet, li preuz, li gent.
- 'Les deux derniers vers, ajoutés comme transition, conviendraient
- mieux au discours de la Vieille.
- 8. podestà. Nous avons déjà rencontré plusieurs fois des for-
- mes diverses de ces mots dérivant du latin tas, tatis ; voici
- le tableau complet des rimes où ils figurent :
- II, 10, 12, 14: fedeltate, veritate, lealtate.
- LVII, 1, 4, 5, 8: richesta, presta, testa, podestà.
- LXXXVIII, 2, 3, 0, 7 : ascoltate, veritate, salvitate, ghigniate.
- LXXXIX, 7 : amista.
- XC, 1 : povertà.
- evi, 1, 4, 5, 8: povei'tate, nimistate, amistate, neciessitate.
- CIX, 2, 3, 6, 7 : poverfac/e, vevitade, pleiade, mendichitate.
- CXI, 11 : santate.
- CXVI, 2, 3, 6, 7 ; aiïmstade, ventade, dignitade, tagliare (corr.
- tagliate).
- CXVII, 1, 4, 5, 8 : dislealtate, heUade, ghignate, povertate.
- CXXXV, 2, 3, 6, 7 : ascoltiate, veritate, niixiistade. amisiade.
- CXLVII, 2, 3, 6, 7 : bieltate, cominciate, duritate, fallate.
- CXLXXXVIII, 8 : franchitate.
- CCIX, 1, 4, 5, 8 : pietoc/e, boutade, diversi^arfe, derate.
- J'ai souligné la forme en ade parce qu'ici elle ne donne qu'une
- rime par assonance.
- LVIII
- 1-8 : 8597 : Si sont eles voir presque toutes.
- 8668 : Qu'elz ne courent fors as borsées.
- 9-14: Idées empruntées au discours de la Vieille.
- 12. La mesure indique gioie, cf. CXCVI, 5; ou gioiel.
- LIX
- 7864 : Boen fait ces trois portiers proier :
- — 141 —
- 7910: Qui du fait parchonnier seront.
- 2. scondelto. Mot formé du français escondit, comme v. 7 dis-
- detto de déduit. R. d. 1. R. 8275:
- Et tant et de durs escondits
- 3 se non se. Corr. se non se' (m).
- LX
- 7971 : Et se povez à ce venir
- 8020 : Com preus et vaillanz et sénés.
- 5. respittar. Cf. Intelligenza, st. 211 : sanza respitto : Dante,
- Purg. XXX, 43 : col rispitto.
- 6 . chegala, p . la chega ^ la chiegga.
- 7-14. Ce discours remplace le tableau de la lutte que soutient
- l'Amant contre les trois portiers.
- 8. distretto. Dante da Maiano :
- Distretto a voi mi ten, Donna gioiosa.
- Lo dilettoso amore.
- Jacopo da Lentino :
- Cosi m'ave distretto il suo coraggio.
- Le roi de Navarre :
- Et son cler \'is qui trop m' i fet destraindre.
- Cf. Dante, Purg. Ili, 12 ; VI, 104.
- 10. « Merci criant etatendez. » Cf. Dante da Maiano
- Mercede aggiate dello mio tormento.
- LXI
- 8039 : Cuidez que dame au cuer vaillant
- 8062 : Et prend un autre ou mont s'abaisse ;
- 7. a la sua guisa. Expression provençale et française. Cf
- Tesoretto, II, 61; Intelligenza, st. 11, 164, 272. Dante
- dit : A guisa di.
- 9. papalardo. Cf. CXX, 12.
- LXIl
- 1-2. Transition.
- 3-4 : 8523 : Il affiert bien que l'en présent
- 8534 : Et des mores frcschcs aiez,
- 5-6: 10051" Ne jà n'ait cuer entalenté
- — 142 —
- 10057 : Qu' el n'a cure d'estre tenue,
- 7-14: 10041: S'illa trovoit néïs en l'euvre,
- 10049: Ne de lor secrez encerchier.
- 3. morselli. La mesure indique deux syllabes, d'où ma correc-
- tion. Cf. CIV, 14, et note.
- LXIII
- 8069 : Se Bel-Acuel povez trouver,
- 8096 : Tout ainsinc comme je 1' propos.
- Cf. Ovide, Ars Am. II, 203 suiv.
- 5. pignia anbassi. Jeter l'ambesas, ou le double as, était perdre
- la partie. Amour interroge l'Amant sur la manière dont il
- a observé ses commandements, et lui dit, v. 10763:
- ... se bien retenus les as,
- Tu n'as pas geté ambesas.
- Dans le Tesoretto, XXI, 241, nous trouvons que celui qui triche
- au jeu de la zara « Sovente pigne il dado. »
- Seu jacies talos, victam ne pœna sequatur,
- Damnosi facito stent tibi ssepe canes.
- 9. ad alti s. ent. luoghi. Buono Giamboni: e II regno del
- cielo è posto molto ad alti. »
- 12. un buscolino. Forse un bruscolino (a). Au texte français,
- poutie.
- LXIV
- De Bel-Acuel vous prenez garde
- Mont en vous s'en fiera.
- Et s'il avient que il la fiere,
- Ainz qu'il se parte de la place.
- donne (a).
- A lie (a).
- 9. titenza. Covv.'ntenza,ovwevo'tenza{.\.). — Tenza a le sens de
- tenzone, querelle, dans Jacopo da Lentino, C. Membrando
- ciò che Amore. On pourrait supposer un verbe tenzare,
- français tender (R. de la R., v. 3855), facile à confondre
- avec intenzare qui a le même sens. V. Rinaldo d'Aquino,
- C. Blasmomi dell' Amore, st. 2.
- 11 . I[n]mantenente. Il supplemento della 7i non è qui necessario ;
- lo stesso al CLXXVIII, 4, e altrove (m).
- 1-4:
- 8021 :
- 8038:
- 9-14
- :: 10099:
- 10106:
- 5,
- done. Covi'
- 8.
- Alle. Corr
- — 143 —
- LXV
- 10307: Famés n'ont cure de chasti,
- 10330 : Jamais de s'amor ne jorroit.
- 8. Ud linyhe. Corr. tu 7 tinghe (a).
- 9. viziala. C'est le provençal veziat ou visiai, français vezié
- (avisé) que nous avons cité S* LIV.
- 13. non n\ Corr. nonn (a).
- LXVI
- 10119 : Et s'il est tel qu'il ne velt mie.
- 10196: S'il velt que eie li pardoigne.
- 14. Corr. Allor la, et supprimer n après siile.
- LXVII
- 10213: Et s'ele chiet en maladie,
- 10238: Tels fables li conte ou semblables.
- 6. Ista notte. Corr. Istanotte (a). — Jehan de Meung imite ici
- Guillaume de Lorris, v. 2525 suiv.
- Teil fois sera qu'il t'iert avis .
- 10. Si ponga tra virgole di' ella V oda (a).
- LXVIII
- 8101 et suiv.
- Douz Amis, qu'est-ce que vous dites ?
- 8. Il manque une syllabe. Corr. CK io on fare ?
- 10. Masnada. Troupe de ser\àteurs ou d'hommes d'armes. Dino
- Compagni, Cronaca, L. I : « Nel quale asalto fu tagliato
- il naso a Ricoverino de' Cerchi da uno masnadiere de'
- Donati. )) On comprend qu'après de tels excès, si fié-
- quents au moyen âge, masnadiere ait fini par être pris
- en très-mauvaise part. Dans l'Intelligenza, st. 293, mas-
- nada est dit de l'entourage de Madonna. Rose, v. 2105 :
- Amors respont : Or ne t'esmaie,
- Puis que mis t'ies en ma manale.
- 12. « Car prestre Jehans se leva encontre nous, et tcix rois
- et teis ( et moût en nommoient ) : et touz les avons mis
- àVêpée.y) Joinville.
- LXIX
- Suite jusqu'à 8182 : Se mon conseil -roire voulez
- — 144 —
- disfìdaglia, et v. 8, ripentaglia, terminaisons provençales.
- Cf. CCXIV, 4, où trapresaglia est sans doute pour inlra-
- presaglia, dérivé de intrapresa. Pier delle Vigne :
- Così m'avven, come alla cominciaglia.
- l-ll: 8183
- 8190
- 12-14 : 8205
- 8208
- LXX
- Compainz à cel conseil m'acort,
- Se vouz la me vouliez aprendre.
- Je connois trop bien le sentier,
- Plus d'un yver et d'un été.
- LXXl
- 8191 : Oïl, un chemin bel et gent
- 8266 : Combien que ce doie durer.
- 1 . S' est évidemment pour Sì. traduisant Oïl, et l'expression
- Troppo-Bare est la seule employée ailleurs : v. LXXV, 3,
- où le vers est à peu près reproduit, et CCXXXII, 3. De là
- ma correction ; mais il serait très-conforme aux habitudes
- de l'auteur de supposer partout la forme Tro' — Donare,
- calquée sur le français.
- LXXll
- 1-8: 8561: Compainz entendez cette note
- 8589 : Qui s'amor doinst et point ne vende,
- et 10331 : Ausi compainz de votre rose
- 10343: Espoir en quatorze cités.
- 9-11: Ì0051 : Ne jà n'ait cuer entalenté
- 10068 : Tantost en a 1' amor perdue.
- 12-14 : 10247: Car j à fame ne saura
- 10260: Que nulz n'i doit avoir fiance.
- 11 . le. Corr. le' (a).
- 14. ghilla. Cf. R. d. 1. R., 3414.
- Qui onques Amors ne guila ;
- Provenç., guilar ; franc., guiler, guiller, ghiler : tromper.
- LXXIII
- 1 : 10347: Ainsi Ami m'a conforté:
- 3-14: 10641: Moult se tint mes cuers et veilla
- 10661 : N'encor ne m'en a nulz reté.
- 2. Possi. Corr. fo' ssi. (a)
- ~ 145 —
- 9. ev' era. Corr. e' v' era (a).
- 1 1 . non n' era. Corr. noiin era (a).
- LXXIV
- 10363 : Congié pren, si m' en part atant
- 10414 : Mes el n'est pas dedenz entrée.
- LXXV
- 10415: Des que les vi, vers els enclin
- 10592: Que m'amor aiez deservie.
- 1. Col capo inchino. Corr. Col capo inchin. — Rose: 10416:
- « Saluai les le chief enclin. »
- 11. Vengianza. Cf. Intelligenza, st. 251. Dante, Inf. XI, 54.
- LXXVl
- 1-11 : 10593: Dame, par Dieu, se je péiisse,
- 10598: Cel don, s'il vous plest, me donnez,
- et 10587: Mes jà par ci n'i enterrez.
- 10592: Que m'amor aiez deservie.
- LXXVII
- 1-4: 10624: Je qui ne poi rien conquester,
- 10625 : D'iluec me parti sans demoi'e.
- 5-14: 10669: Quant Amors m'a bien esprouvé,
- 10756: Plus par proiere que par don,
- 1, 4, 5, 8. La rime me paraît devoir être plutôt en «era.- pre-
- ghiera, fiera, iera, maniera. Nous avons déjà vu /îere à la rime
- XV, 4, iera pour era XXX, 11, 14. Ici on pourrait corriger sans
- peine auv. 5wo m'era ennonn. iera. Ces rimes sont plus confor-
- mes au caractère archaïque de notre texte. Cf. LXXIX, 1, 4, 5, 8 :
- CXXIX, 1, 4, 5, 8; CXXXIX, 2, 3, 6, 7, et notes.
- 3. lene. Corr. le ne (a).
- 7. ched egli ne incresciesse. Corr. ched e' gli ne incres-
- ciesse (a).
- 13 tutti. Corr. tu tti (a).
- LXXVIII
- 10811 : Li dieu d' amor sanz terme mètre,
- 10820: Por plus tost en ma rime mordre.
- 1 . tutto lo : faute d'impression : corr. lutto l.
- — 146 —
- LXXIX
- 10821 : Dame Oiseuse la jardigniere.
- 10851 : Es-tu venu en ma présence ?
- Dans les deux textes il y a vingt-trois barons : Simplece est
- traduit par Angielicanza, Déduitz par Solazo.
- Dame Oiseuse la jardigniere
- I vint o la plus grant baniere ;
- Nobleee de cuer et Largece,
- Franchise, Pitié, Richece,
- Hardement, Henor, Cortoisie,
- Deliz, Simplece, Compaignie,
- Séiirtez, Déduit et Léece,
- Jolieté, Beauté, Jonece,
- Humilité et Pacience,
- Bien-Celer, Contrainte-Astenance
- Qui Faus-Semblant o lie amaine.
- 1,4, 5, 8. Rimes en iera. 11 faut donc corriger iera et bandiera.
- I l . On trouve aussi Falsosenhiante.
- LXXX
- 10852: Atant saut Gontrainte-Astenance,
- 10864: Si vient moi par compaignie.
- Les détails sur les deux personnages sont pris au passage pré-
- cédent et ailleurs.
- 5. E me, e se. Tolgasi la virgola (m).
- 7, il manto di Papalardia. Expression empruntée au dis-
- cours de Faus-Semblant, où d'ailleurs l'auteur la repro-
- duit. CXX, 12.
- 8. Cf. Rose, 15296 suiv. (c'est la Vieille qui parle) :
- Vien-ge, dist-ele, à point as gans.
- Se ge vous di bones noveles.
- Toutes fresches, toutes noveles ?
- P. l'express, à gants V. Littré.
- 13. non n'è. Corr. nonne (a).
- 14. Ben paia noi. Corr. Ben paia noi; cioè padani noi (a).
- LXXXI
- 12537: Li dex sen rist do la merveille,
- — 147 —
- 12558: Tant ne soit batuz ne torchiez.
- 13. laidura, du français leidor at laiclure. Rose, passim.
- LXXXII
- 10869 : Or soit, dist il, atant parole
- 11060: Por plus tost le chastel destruire
- A l'exemple de Jehan de Meung, l'auteur italien a placé son
- nom à cet endroit de son poëme. Pour Durante v. notre introduc-
- tion. Le nom revient CCII, 14.
- 12. torel mi. Corr. tôrelmi (a).
- LXXXIII
- 11061 : Ainsi Amors à cels parole,
- 11098: Si com Richece li disoit:
- 10. acontezza p. aconlanza. Cf. LXXXIX, 9 ; CVl, 10, où il
- faut acontezza.
- 11. mene. Corr. me ne {h).
- 13. pino. Corr. p m (a).
- LXXXIV
- 11099: Por cen, Sire, par le cors Dei,
- 11120: Contre Dangier et l'asserront,
- Au V. 11099, Méon donne: « Et quant nous ot ce recordé », et
- au V. 11119 « s'offerront » au lieu de « souferront. »
- 1. amor. Corr. amore (a). — Rose: 11068: « Au diex d'Amor
- l'accord recordent. »
- 2. trovavar. Intendi trovavan. (a) — Cf. v. 7; LXXXV, 7;
- XCIII, 10.
- 3. Astinenza. Corr. Astinanza, français Astenance. De même
- LXXXIX, 13.
- 5. Mt. pacio. ha. vime exige patto.
- 6. Traduction du v. 4078 : « El sont toute la vielle dance. »
- L'auteur insiste sur cette science de la Vieille, CXXXVIl,
- 13, 14.
- 7. dear. Intendi dean (a).
- 10. tal la strellata. CovF. tal lastrellata (x). — C'est pour ras-
- trellata ; j'avais supposé la forme strellata p. strigliata
- venant de striglia.
- LXXXV
- 3-14 : 11229 : Puisque Richece ci me faut
- — 148 —
- 11268 : N'apert qu'en moi point d'amor ait.
- 7. fn.cciar. Entendez foxcian.
- 9. poveri. Govv. pover .
- 11. dono. Corr. don (a).
- 14. riccore. richesse, et noblesse, considération. Il a ici le se-
- cond sens « Touz les méïsse en grant hautece. » — Les
- vieux lyriques italiens emploient constamment ce mot, qui
- est le provençal ricor. Bernard de Ventadour :
- Ges Amors segon ricor no vai .
- LXXXVI
- 11269: Sire, font-ils, c'est veritez.
- 11309: C'est nostre acort, c'est nostre otroi.
- .5. Vers d'allure épique.
- 13. Che. Corr. Che'.
- LXXXVll
- 11310
- 11337
- Et 11370
- 11384
- Par foi, dist Amor, je l'otroi:
- Di nous les lieus où tu converses.
- Moult bone engendréure i firent,
- Tu ne seras pas li primiers .
- 6. « Tu seras mes rois des Ribaux », c'est-à-dire prévôt de
- l'Hôtel, officier qui avait une sorte de juridiction sur les
- jeux de hasard et les filles de mauvaise vie. Dans les
- Sonnets, Faus-Semblant est fait roi des Barattiers ou de
- la Baratterie: la plaisanterie disparaît.
- 7. Ch' è peza che. Rose : 13517: (( Pieça que bien mo le di-
- soient. )> Cf. XCXIX, 10, et note.
- 12. i\'è di. . ., ne di. Corr. E di. . . , e di. Texte français :
- Tout convient que tu nous descuevres
- Comme tu sers et de quelz ue\Tes.
- LXXXVIII
- 1-11. 1 1385 : Sire, quant vous vient à plaisir,
- 11408 : Neporquant jà ne l'amerai.
- 12. Cf. 11377: Et que ta vie nous espoignes :
- N'est pas bon que plus la repoignes.
- 13. Cf. 12646: Faus-Semblant qui bien se ratorne,
- Out ausi com pour essaier
- Vestus les dras freire Sohier.
- — 149 —
- 13. frate Alberto. Quel est ce personnage? — Redi dit avoir
- vu dans un manuscrit un sonnet d'un Alberto Frate,
- t. VI, p. 120, éd. de Naples, 1778. Il est aussi question
- d'un frate Alberto dans le Decameron. Notre auteur au-
- rait-il pris un de ces personnages pour type de l'hypo-
- crisie? — Plus loin, CXXX, 3, il donne au représentant
- 'des ordres mendiants un surnom transparent, et l'ap-
- pelle frate Alberto d'Agimoro, ce qui fait penser à la
- morale facile d'une autre époque. Or, dans la chronique
- de Salimbene, nous voyons que le frère Helyas, général
- des Franciscains, fut 'révoqué parle Pape et remplacé par
- nn frère Albert. Salimbene est très-sévère pour le frère
- Helyas ; mais Durante pouvait être d'un sentiment diffé-
- rent et se ranger parmi les ennemis du frère Albert, le
- nouveau général. Il est certain que l'auteur des Sonnets
- n'aime guère la cour de Rome, et nous savons par Salim-
- bene que le frère Helyas se rallia à l'excommunié Fré-
- déric II, et chevauchait à côté de lui lors des sièges de
- Faenza et de Ravenne. A cette occasion, en Toscane, les
- paysans et les enfants tourmentaient les frères Mineurs
- qui se montraient en public, en leur chantant ce refrain :
- <( Or attorna frat' Ella Che près' ha la mala via.» — V. dans
- notre introduction le sonnet: 'c Messer Brunetto, questa
- pulzelletta. . . », où il s'agit encore de frati Alberti.
- LXXXIX
- 11409. G' entent des fans religions,
- 1 1433: Et qui povreté vont preeschant,
- 4. M t. parerer.
- 6. Cf. Rose, 12605 : « Qu'ils s'en iront en tapinage. »
- 13. astinenze. Corr. astinanze. Cf. LXXXIV, 3.
- XC
- 11433 et suiv.
- 1 . povertà. Cf. LVII, 8 et note. Cf. Rose, 1 1817 :
- Neporquant autres! grant perte
- Reçoit l'ame en trop grant coverte,
- 2. Mt. 438: « Aus seeines etaus tramaus. » Méon donne : » As
- saymes et as traïniaux. » La seine et le traraail sont des
- filets très-connus.
- — 150 —
- 6-7. La rime est agli. Corr. chilagli, raquistagli pour chUalli,
- raquislalli. V. XLV, 1, 4, 5, 8 et note.
- 14. Âna, substantif féminin. Cf. CX, 3: « Viver d'altru' ane -. Il
- signifie sans doute labeur, fatigue, comme le fiançais
- ahan.
- XCI. Suite.
- 2. Religione. Corr. Religion (a).
- XCII
- 1-8 : 11617 : Si fais cheoir dedans mes pièges
- 11628: Ge lor ai bien la bouche close
- 12-14: 12038: Se cil de Saint-Amor ne ment
- 12058 : Fist essilier par grant envie
- 1. Color concuislo. Corr. conquisto (a).
- 9-11. Ce tercet a une importance particulière. Jehan de Meung,
- à propos des démêlés de la Sorbonne et des ordres reli-
- gieux, parle uniquement de Guillaume de Saint-Amour.
- L'auteur des Sonnets croit devoir mentionner aussi un
- auti-e personnage, sans doute plus connu en Italie, qui
- fut impliqué dans ce débat, Sigier ou Siger de Brabant.
- Nous ne referons pas ici l'histoire de ce professeur illustre
- de l'Université de Paris. Nous nous bornerons à emprun-
- ter quelques détails à l'article excellent de Victor Ledere,
- Histoire Littéraire, XXI, p. 96-127. Les critiques conte-
- nues au mémoire de M. Potvin, Bulletin de TAcadémie
- royale de Belgique, 1878, 3, ne visent que la confusion
- des noms de Sigier de Brabant et de Sigier de Courtray, et
- n'enlèvent rien au mérite de celui qui a le premier éclairci
- un point obscur du commentaire de Dante.
- Emu des persécutions dont Sigier avait été la victime, Dante la
- placé dans le Paradis au nombre des Saints qui représentent la
- théologie: c. X, 136suiv.
- Questi, onde a me ritorna il tuo riguardo,
- E il lume d' uno spirto, che 'n pensieri
- Gravi, a morire gli parve esser tardo.
- Essa è la luce eterna di Sigieri,
- Che, leggendo nel vico degli Strami,
- Sillogizzò imàdiosi veri.
- Ces terzine ont provoqué (iiverse.s conjectures. Nous remar-
- — 151 —
- qiierons d'abord que, Sigier étant mort de misère à Orviéto, le
- premier passage de Dante devient parfaitement clair : au lieu de
- donner à V exT^ressioiï pensieri gravi le sens de « méditations pro-
- fondes », il suffit de traduire par « pensées douloureuses »: cf.
- gravare et gravanza. Le malheureux qui dépérissait ainsi en pays
- étranger, n'avait que trop de raisons d'être triste et de trouver
- que « la mort était lente à venir.» D'après Dante, la persécution
- s'était attachée à Sigier pour son enseignement, pour les vérités
- désagréables qu'il soutenait dans ses cours. Cela peut être, mais
- nous savons que Sigier avait pris une part active à la querelle fa-
- meuse
- Entre la gent Saint Dominique
- Et cels qui lisent de logique.
- Les dominicains, éditeurs des œuvres de Saint Thomas, dans leur
- sommaire de son opuscule contre ceux qui attaquent les religieux,
- publié en 1266, nomment ensemble, comme les principaux auteurs
- de ces attaques, Guillaume de Saint-Amour et Sigier. Le succès
- même de l'enseignement du professeur, recteur un moment de
- l'Université, succès attesté par un anonyme dans le Gesta Bei per
- Francos de Bongars, 11,358 , ne put qu'irriter davantage ses
- adversaires. Eu 1277 et l'année suivante, un inquisiteur général de
- la foi pour le royaume de France, le dominicain Simon du Val>
- siégea dans les villes de Caen, d'Orléans, d'Evreux, de St-Quentin.
- Il donne commission, dans cette dernière ville, aux frères Prêcheurs
- et aux frères JNIineurs « de citer Sugger de Brabant et Berner de
- Nivelle, chanoines de St-Martin de Liège, probablement et véhé-
- mentement soupçonnés du crime d'hérésie, dont ils passaient pour
- s'êti'e rendus coupables dans le royaume de France, et de les faire
- comparaître en personne devant son tribunal à St-Quentin en Ver-
- mandois. » Dès lors on ne sait plus rien de Sigier. Les Sonnets
- nous le font retrouver à Orviéto, mourant (c a ghiado, in gran do-
- lore. » Il avait donc été condamné au bannissement, puis interné
- dans une ville d'Italie.
- Le fait, tout choquant qu'il nous paraisse, ne doit pas surprendre:
- un pa['e n'a-t-il pas prononcé également l'exil de Saint-Amour, de
- rallié de Sigier? — Le souvenir de cette présence de Sigier à Or-
- viéto est probablement l'origine de l'application qui lui est faite
- d'une légende plus ancienne par André d'Orviéto, dont les gloses
- manuscrites à la Divine Comédie sont de la fin du XIV® siècle.
- — 152 —
- Si la biographie de Sigier se trouve ainsi complétée, le passage
- du Paradis cité plus haut ne semble guère pouvoir être allégué
- désormais comme une preuve suffisante de la réalité des voyages
- de Dante à Paris : il est trop évident que l'on connaissait à Flo-
- rence l'histoire du théologien qui s'éteignait à Orviéto. — Nous
- avons déjà relevé dans notre Introduction cette sorte de communauté
- de sentiment entre l'auteur de la Commedia et celui des Sonnets,
- qui se traduit par leur sévérité pour les moines mendiants et par
- leur sympathie pour Sigier.
- 11 . Nella corte di Roma, dans le territoire soumis à la juridic-
- tion du Pape. — Orbivieto ou Urbivieto, forme ancienne
- d'Orvieto.
- 12. Pour Guillaume de Saint- Amour, v. Histoire Littéraire,
- XIX. Le bref d'interdiction l'exilait de France; mais il se
- réfugia à Saint-Amour, village où il était né, et y resta
- jusqu'à l'avènement de papes mieux disposés pour la
- France et l'Université. Nous trouverons plus loin un ré-
- sumé, d'après Jehan de Meung, de la lutte de Guillaume
- de Saint- Amour contre les Frères mendiants, CXIX, CXX.
- Cf. CXII, 5 suiv. — L'épithètè buon, « honnête», est appli-
- quée encore à Saint-Amour, aux deux endroits où il est
- parlé de lui, et à l'auteur lui-même Ser Durante, CCII, 14.
- XCIIl
- 1-7: Falsembiante insiste sur son habileté; — 7-14: il reprend
- le premier point du discours de Faus-Semblant.
- 10. seguor . cioè ser/uono (a).
- XCIV
- 1 1471 : Quant qu' ainsi Faus-Semblant sarmonne
- 11485: Sainte Religion flourir.
- 3 . inronpendo. Corr. in ronpendo (a). — Il y a en effet au texte:
- << en rompant sa parole. »
- 13 Che. Corr. Chè.
- XCV
- 11486: Maint Saint a 1" en véii mourir
- 11498: Qui Saintes sont, seront et furent.
- 2. sante. Corr. Satile.
- 9. Point-virgule après nomando.
- — 153 —
- 10. e Santi. Corr. e' Santi.
- 12. Tener. Corr. Tenneì-{A). — anfanti: orthogr, d'après la pro-
- nonciation française.
- 14. E cotte. Corr. Cotte (a).
- XCVI
- 11499 : Neïs les onze mille vierges
- 11510 : Solonc la droite entention.
- 6. pera., zQ'sA.-k-dxeQ 'perisca. Cf. Pier delle Vigne. C. Amore in
- cui vivo. st. 3. L^ présent pero est partout.
- 7. chera, subj. de cherere, que l'on trouve chez Dante; nous
- avons vu la forme, déjà plus éloignée du latin, chcga. LX, (î.
- 8. fur. Mot peu lisible, peut-être Jlar = fian.
- 10. non vi toglie. Corr. non vi to' (.\).
- XCVII
- 11523 : Qui de la toison dan Belin,
- En lieu de mantel sebelin,
- Sire Ysengrin afubleroit,
- Li leu qui mouton sembleroit,
- Por qu'o les brebis demorast,
- Cuidiez-vous qu'il nés devorast ?
- Jà de lor sane mains ne bevroit.
- Mes plus tost les en decevroit :
- Jà n'en seroit mains familleus.
- Ne mains mais, ne mains perilleus,
- ('ar, puisque ne le conuoistroient,
- S"il vouloit fuire, el le suivroient.
- Les deux tercets appliquent la comparaison du loup à Falsem-
- biante, ce que le texte français néglige de faire. Il continue par le
- vers :
- S'il agaires de tels loviaus.
- Questo Sonetto fu attribuito a Dante , v. Canzoniere, ediz. Fra-
- ticelli, p. 280 : dove perù si ha soltanto la prima quartina , quasi
- epigramma o motto arguto intorno al quale si fece tutta una sto-
- riella. Che fosse traduzione d'un passo del Roman de la Rose fu
- già avvertito dal Puymaigre, Poët. et romane, de la Lorraine
- p. lU, dal Kathery, Influence de l'Italie sur les lettres franc. , p. 29,
- e da me nelle note alle Novelle del Sercambi, p. 282. 11 Bilancioni
- nelle Kimo di Bindo Boniolii, p. 184, pubblicava intero il sonetto,
- 11
- — 154 —
- non già intero stampato dal Trucchi, I, 296, e senza dubitazione
- lo attribuiva a quel rimatore. Il Papanti per ultimo, Barile nella
- tradizione, ecc., p. 43, riproduceva il sonetto secondo la stampa
- del Bilancioni e secondo la lettera del cod. Laurenziano 198 : e
- secondo questa lezione lo riferiamo qui anche noi :
- Chi nela pelle del monton fasciasse
- Un lovo, e nelle pecoi'e el mettesse,
- Credete voi perchè '1 monton paresse
- Ch' el perzò le pecore servasse ?
- la lor carne eh' el non divorasse
- Quanto più tosto giunger lo' potesse,
- Purché il pastore non se n' avedesse,
- Qualunque è l'una non se la manasse ?
- Io prego ognun che del guardar s'amanni
- Da questi che son frati ripentuti.
- Che per divorar altrui portan gli panni,
- E dicono : Signor, se Dio m'ajuti,
- Che la lor santità è pur diganni,
- E di zò molti exempli n'ò veduti. — (a.)
- L'historiette à laquelle M. d'Ancona fait allusion est la suivante:
- Dante aurait composé ou le premier quatrain, ou le sonnet tout
- entier, à la prière de la comtesse Caterina, pour faire comprendre
- au comte Guido Salvatieo, mari de cette dame, qu'il ne devait
- plus recevoir chez lui un moine dont l'indiscrétion fatiguait sa
- femme. — Voici le texte du premier quatrain, tel qu'il fut publié
- pour la première fois par Zatta (Opere di Dante, Venezia, 1758,
- IV, II, p. 263) d'après le manuscrit III, n° 21 de la Riccar-
- diana :
- Chi nella pelle d'un monton fasciasse
- Un lupo, e fra le pecore mettesse.
- Dimmi : Cre' tu perchè monton paresse
- Ch' egli però le pecore salvasse?
- Le texte conservé en Italie est un remaniement du sonnet XCVII,
- fait par un homme du métier; pour corriger le v. 11, il suffit de
- mettre deux points à la fin du vers précédent et de supprimer Clie àe-
- \a.nt per divorar. Les quatrains, le premier surtout, sont conservés
- assez fidèlement, sauf quelques modifications naturelles de la part
- de quelqu'un qui n'avait pas le R. d. 1. R. sous les yeux. Au y. 1
- — 155 —
- nella T[)Ouv della s'accorde mieux avec \"\ì»\ìen fasciare qu'avec le
- français affubler; un au lieu de il aux v. 1 et 2 (Zatta), au v. 2
- (Bilancioni), indique que l'on ne songeait plus à Dan Belin et à
- Sire Ysengrin; au v. 2, par contre, si nelle est la leçon de M. Bi-
- lancioni, Zatta donne fra, le, exact équivalent de traile ; v. 3, le
- pronom 'l manque chez Zatta,' comme dans le texte primitif et dans
- l'original français ; l'altération des vers 4, 5, prouve que l'auteur
- ne connaissait pas les deux vers si francs et si fermes de Jehan
- de Meung. Le changement subi par les v. 7, 8 a la même raison.
- Jehan de Meung insiste sur l'erreur des brebis, mais il và donner à
- l'erreur de Sainte Eglise un développement qui est la matière du
- S* XCVIII. Dans le rifacimento apparaît le berger, c'est-à-dire le
- Pape. Pour les tercets qui, dans l'original, s'appliquent si bien au
- personnage de Faus- Semblant, ils deviennent une exhortation à
- se défier des mauvais moines. Cela achève de changer le carac-
- tère de notre apologue : ce n'est plus un fragment du discours de
- Paus-Semblant, c'est une petite satire formant un tout complet.
- On reconnaît cependant çà et là des traces de l'original : les
- 'panni, équivalent de Vabito divisato, le verbe divorare reparais-
- sant ici encore dans les tercets.
- M. D'Ancona a vu avec sa justesse ordinaire que le premier qua-
- train était passé en proverbe: Carducci, Cantilene e Ballate,
- p. 28, note. C'est sans doute ce qui a sauvé cette épave, la seule qui
- ait pu surnager en Italie, de l'œuvre de Durante. M. Borgognoni
- (Propugnatore, 1869, disp. 6, p. 658), dans un article sur Bindo
- Bonichi, émet l'avis que les moines, trop clairement désignés
- dans ce sonnet, l'ont poursuivi d'une rancune toute particulière, le
- mutilant sur les manuscrits où ils le rencontraient. Il est possible
- que le remaniement reproduit plus haut ait été fait sur un texte
- très-incomplet où, du second quatrain et des tercets, il ne serait
- resté que quelques mots de lisibles. L'auteur aurait alors suivi les
- rimes pour le quatrain et aurait refait les tercets de son mieux.
- 9. divisando. Cf. CXVIII, 12: panni decisali; CXXVII, 13:
- arme devisate.
- XCVIII
- 11523: S'il a gaires de tels loviaus
- 11548 : Ci ne te piles pas atendre.
- Les tercets où l'auteur va jusqu'à accuser Dieu d'oublier l'Eglise,
- lui appartiennent en propre. Jehan de Meung, nous l'avons
- — 156 —
- déjà remarqué, est, en somme, plus lespeclucux ou plus réservé.
- Ceux qui trahissent les intérêts de l'Eglise, sont évidemment les
- Papes; mais ce trait-ci n'est pas plus hardi que bien des mots de '
- Dante.
- XCIX
- 11549 : Mais atant pais, ci m'en retor,
- 11566: Qui jamais ne l'apercevront.
- l-~. Brunetto Latini, Tesoretto : XXI, 266, coupe court à un
- développement semblable. On sait qu"il avait lu avec pro-
- fit le Roman de la Rose :
- Ma questo lascio stare,
- Che tocca a ta" persone,
- Che non è mia ragione
- Di dirne lungamente.
- 9. vero. Corr. ver (a).
- 10. peza. L'expression était alors française: Rose. 3503:
- « Graut piece ai iluec demouré. »
- 14. adato. Corr. addato, c'est-à-dire accorto. Cf. C, 6.
- C
- 11567 : Qui l'apercevra, s'il est sages,
- 1 1576 : Tant i if us se oïz ne véiiz.
- 2. Proteus. D'après les habitudes de notre texte, corr. Pro-
- teusso. Cf. VIII, 1 et note ; XVIII, 2 et note ; CCXX, 1
- et note ; CCXXII, 1 et note ; CCXXIII, 1 et note.
- 3. Le manuscrit donne Mirare, mais le sens réclame Mutare,
- (( muer » au texte français.
- 6. adea. Corr. addea. Cf. XCIX, 14 et note.
- 9. fazoïie. Coït. fazon\k).
- CI
- 1I5S1 : Trop sai bien mes amis changier,
- 11594: Or cordelier, or jacobinz.
- 7-S. Jehan de Meung ne fait qu'une éuumération ; Durante sou-
- ligne et commente.
- 8 . Imitation des vers 12073, 12U74 (^ui sont traduits CXX, 12-
- 14. V'o//jr'^ remplace ìnìriuahUa ou/*i»rt)Y/ (renardie),
- que l'auteur a fini par accepter. Comme la forme pro-
- vençale est colpllliatije, peut-être convient-il de corriger
- ainsi le vei's :
- — 157 -
- Che collor CLiopro me' mi' vol[iellagio.
- Mais le verbe volpeggiwe peut avoir colpuijgio pour tenne cor-
- rélatif, de même quo nous trouverons follaggio CLXXVI, 2, ré-
- pondant à folleggiare.
- 9. Jehan de Meung ne parie ni à^ ermites ni de pèlerins dans
- son énuraération des métiers de Faus-Semblant. A en juger
- par les romans de chevalerie, les Italiens les tenaient en
- médiocre estime .
- 10. Mt. gustiziere. J. de M. ne nomme ni Justicier, ni avocat.
- En revanche, le v. « Or sui desciple et or sai mestre »
- n'est pas traduit.
- 11. Contrainte-Astenance, V. 12610 « s'a,tovne comme beguine »,
- età cet endroit le mot est traduit -pavrendula, v. CXXIX,
- 2, mot emprunté à la suite du discours de Faus-Semblant .
- Cf. Cil, 10. Portrait des Béguins, Rose, 12499 :« jNIès
- Béguins à granz chaperons. »
- Cil
- 11595: Si preign por suivre ma compaigne
- 11606: Or sui novice, or sui professe;
- Le sonnet offre un portrait complet de Contrainte-Astenance.
- Faus-Semblant s'était borné à indiquer les costumes qu'il prend
- pour suivre sa dame.
- 7. benvoglienza. Corr. benivoglienza.
- 10. <( Or sui rendue ». Cf. CXXIX, 2.
- 13. Altror ..., allror, Corr. Altr or ..., altr or (a).
- cm
- 11607: Et vois par toutes régions
- 11616: Moult sont li fait au dit divers.
- 12. Mt. manucar. Cf. LXXXIV, 2, 7; LXXXV. 7 : XCIll, 10.
- 14. Comparaison transposée. V. CVIl, 14 et note.
- CIV
- 11769: Ci se volt taire Faus-Semblant;
- 11782: Tels com il affiert à devins.
- 3 . non fede pa^ senììiante. Forse par, che mi parrebbe troppo
- ardito trovarci tale e quale il pas francese (.v). — pa\ Esita
- il DA. a riconoscere qui il pas francese; Tammisse il
- Carducci nelle Rime di M. Frescobaldi (Pistoja, 1866,
- — 158 —
- XXVII, 19, V. nelle note) il quale non traduceva dal fran-
- cese (m).
- 11, ipocri.sto. Cet à peu près plaît à l'auteur, qui le répète
- CXXIII, 4.
- 14. dentro. Corr. entro (a). — Peut-être vaudrait-il mieux corri-
- ger morsei.
- CV
- 11780: Voire voir, mes j' empie ma pance, ot suiv.
- 12147: Por la sauveté de lor âmes, et suiv.
- 12253: Mes quant chastier me voudrez,
- Errant ma grâce vous perdrez, et suiv.
- 3. mene. Corr. me ne e così altrove (m).
- 6. Faus-Semblant théologien ! V. supr. v. 11782. L'auteur des
- Sonnets emploie une fois cette expression pour les adver-
- saires de Falsembiante, CXII, 5, et quatre fois pour lui
- ou ses amis, ici, CXXVI, 6; CXXXI, 7; CXXXII, 5; Ma-
- labocca impatienté finit par qualifier théologien et théolo-
- gienne de divinatori, CXXXIV, 10.
- 8. Ancor u' ò. Corr. Ancor vo' per voglio (a). — Correction
- très-bien justifiée. Rose, 12257 : « Les autres voil-ge tous
- reprendre. »
- 12. Image très-heureuse que je ne i^etrouve pas dans Toriginal.
- 14. gastigar 'mi stess' è. Corr. gastigarmi stesse (a).
- CVI
- 11783 : Tu vas préechier povreté.
- 1 1790 : Tant éiist il ausi bone ame.
- 7. per Tuscia ValtruiForse : per Vuscinl altrui (a). — La cor-
- rezione usciale proposta dal D'A. mi pare sicura ; cnf.
- portale CXXXVII, 1 (m).
- 10 . acontanza. Correggi aconteza ? ma altre consonanze atone
- qui non mancano (m).
- 11. dal un. Corr. da l'un (m). — E più. Pent-ètre E 'l piii . Cf.
- CVII, 5.
- CVII
- 11791 : Quant je voi touz nuz ces truanz
- 11802: Se en lict à chien oint querroie.
- 2. dellitame pour de = di litanie. — strar. Corr. star (m).
- 3. gli fa sì ucorando. Cnf. LVI, 5?e CXX, 3 (m).
- - 159 —
- 8. an'. Corr. an (m).
- 9 . conpressione pour complessione. Cf. afrizione XXX1\ , 1, et
- note.
- 11 . dirà Corr. darà. Rose, 11800 « Que dourra qui son coutel
- lèche? »
- 13 . Proverbe italien.
- 14 . Proverbe français. Méon donne saing au lieu d'orni, du Mt.
- 438. L'image a plu à notre auteur. Y. CHI, 14.
- CVIII
- 11803 : Mes du riche usurier malade
- 11816 : Por cen i vois, si le conseil.
- 2. vo 'l Corr. vol^vollo, lo vo (m).
- 10,14. La rime indique 5frm^n?o, pingnio.Ci.ritengnio LXXXl, 5.
- Gnene p. gliene est dans les bons auteurs.
- 14 . che. Corr. che (m).
- CIX
- 1 1817 : Neporquant autresi grant perte
- 11838 : Etparjurs ou Dex est mentierres.
- 2,3,6,7. Les rimes sont en ate. Cf. LVII, 8, et note.
- 4 . quesf a 'ntenzione. Corr. questa 'nlenzione (a).
- 10 . Virgule après criò. — ricore. Rose ; « Tant met son cuer
- en sa folie. » L'antithèse richezza et riccore fait ressortir
- cette vanité née de l'opulence. V. LXXXV, 14, et note.
- 12 . virgola dopo dolore (m).
- ex
- 11865: Puissanz hom doit, bien le recors,
- 11900: Que soustenir en tel malice.
- 3. une. Cf. XC, 14.
- 9. Diviser autrement les mots, ajouter l'article devant buono,
- suivant l'habitude de notre auteur, et lire : E sì difendea
- \il] buono Giustiziano, c'est-à-dire Giustiniano. Cf. XCII,
- 12 et note.
- 10. 11 verso dovrebbe mettersi in parentesi, e leggersi nella
- legi invece di legie per ragion di rime, o, meglio, mutare
- avegi in avegie e fegi in fegie (a).
- CXI
- 11901 : Ne font pas ceu que faire doivent
- - \m —
- 11922 : Se cil qui fist Adarn ne ment.
- 7. doverla. Corr. dovria (a).
- 9. sono. Corr. son.
- 13. ancor. Corr. ancora (a). — vendute. Corr. comprale.
- CXIl
- 11839 : Se Salemon dist de par lui
- 11864: Ainz gesoient es mesons sales
- Cf. 11931, suiv. Car saint Poi commandoit ouvrer.
- 1 . Gesii et V. 9 Giesù. Toujours Gieso quand il dit Gieso-
- Cristo.
- 2. I suoi. Forse E' suoi (a).
- 3. pane. Core, pan (a).
- 4. Rese, 3095 : « se la letre ne ment. »
- 5. « Li mestre de divinité. » — Encore l'épithète buon.
- 8. Traduit du passage imité au St. précédent, v. 11921 : o 11
- mange son dampnement. » La rime veut un mot en erra,
- so ferra ?
- 13. vivieno già, noi vi cielo. Corr. vivien, già noi (a).
- CXIII
- 11987: Vez ci les cas especiaux :
- 12006: Non pas laissier de fain morir..
- 1-5-6. Diérèses à ispeziali, bestiali, iscienzia.
- 8. e lor guadagni. Corr. e'lor[s.).
- 14. alar li. Corr. atarli (a).
- CXIV
- 12007 : Ou s' il a d' ouvrer la science,
- 12032 : Sanz metre i double entendement.
- 4. SII managio. Corr. su' 'managio [k].
- 5. povero. Corr. pover (a).
- 7. Corr. [E] gran merciede farli ? Cf. CXIII, 4, 14.
- 8. Corr. scienza.
- 10. alzare. Corr. 'nalzare. Rose: 12488 ... « essaucier cheva-
- lerie. »
- 11. fallerià. Corr. falleria (m).
- 14. nella terra. Corr. inlu (a).
- cx^'
- 1-8: 11955: Di moi donques comment puet vivre
- — 161 —
- 1 1961 : Le puet il faire? Oïl. Comment ?
- 9-14: 11923: Et sachiez là où Dex commande
- 1 1930: Et qu'il Tensive par bone euvre.
- 5. Si metta punto interrogativo dopo gote (a).
- 9. Où Jehan de Meung a dit « Oui^, Durante répond « Non»,
- et il appuie son avis d'un argument emprunté à un pas-
- sage précédent: il est évidemment plus logique.
- 10. a ■poveri. Corr. a poveri (m). — sieva, pour segua. Cf.
- CCXVIII, 9, et note.
- 12. tine. Corr. ti ne, e forse invece di E questo, deve leggersi
- E d'està (a).
- 13. opere. Corr. ojjre (a).
- CXVI
- 12197: Une autre coustume ravons
- 12220: Si que l'en nous en reprendroit.
- 2. prendiamo. Corr. prendiani (a).
- 2, 3, 6, 7. Rimes en ate, comme l'indique tagliare, corr. tagliate.
- Cf. LVII, 8, et note.
- 7. tagliare. Covr. tagliate, cioè impedimenti con alberi abattuti,
- ecc., per tagliar la via (a).
- 14. ne sarta. Corr. s ariane (x).
- CXVII
- 12075 : Qui deable quii sont cest dit?
- 12086 : N'est vie qui tant me desplaise.
- 4. lealtade.CovT. lealtate, corame V indique ghigtiate . Cf. LVll,
- 8 et note.
- 7. Chèd a nessun non n' è. Corr. Che da nessun nonn è {xj.
- CXVIll
- 12087: Mes esgardez que de deniers
- 12102: Robe, robés etrobéors.
- 3. piatitori. Distraction du copiste. Il faut ruhatori, pour ro-
- béors, mot traduit v. 14 par ingannatori.
- 4. argogliosi. Nous avons vu orgolliose XV, 4. A propos d'ar-
- goglio dans Albertano Giudice, Nannucci remarque:
- « voce ancora viva nello nostro popolo. » Cf. XXXII, 7,
- et note.
- 4-1 1. Jehan de Meung ne parie pas de tout cela, mais peint
- avec energie la misère du menu peuple que ces loups dé-
- — 162 —
- vorent et dépouillent. L'aristocratique Durante n'a de
- compassion que pour les gentilshommes qui, ayant gas-
- pillé leur fortune, sont réduits à faire des paniers pour
- vivre. Cette tirade est d"un prodigue qui a vendu « casa o
- terra » et qui craint d'aller dormir aux n Stinche » . Cf.
- CXLII, 13 et note.
- 7. atermino tori, marchands à terme, « che sopravendono a
- credenza.'. CXXIV, 10. Cf. texte français aux deux passa-
- ges.
- 10. siar . Intendi sî'aw (a).
- ex IX
- 12049 : Qui groucier en voudra, si grouce,
- 12067 : Se je n'avoie de quoi vivre ;
- 1 . CM se ne vuol. Corr. CM se 'n vuol (a).
- 2. Chèd i'vipur. Corr. Chèd V (vi) pur (m).
- 4. corne furo. Corr. coni' fur (a).
- 5. siri ]^ouT sire. Cf. CXXX. 1.
- 6. Guillaume, en effet, était né à Saint-Amour : notre auteur
- est très-bien informé.
- 7. Rose, 11369; dise, de Faus-Semblant :
- De Barat et d'Ypocrisie
- Qui m'engendrèrent et norrirent.
- 12. e si. Corr, e sì (m).
- cxx
- 12068: Bien me vouloit tenir por yvre,
- 12074: Del mantel de Papelardie.
- 14. Dubito che invece di rinaldia possa deversi leggere ribaldia
- (a). — Rose : 12073: « Et affubler ma renardie », d'où la
- correction rinardia. V. CI, 8 et note.
- CXXI
- 12261 : Si n'ai mais cure d'ermitages :
- 12272 : Mielz qne nulz poisson de sa noe.
- 4. Mt. plutôt quebboscagi = que' boscagi.
- 10. palazi. Covv. palagi.
- 14. Le vers est en blanc au mt.
- CXXII
- 12239: Si m'entremet de corratages,
- 12252: Mon servise avez deservi.
- — 163 —
- 2. altror...., altror. Corr. altr' or'.. ., altr' or' (a). — P. les
- formes ora, ore, or, et les mots composés ancora, ancore, etc.v.
- A. Gaspary, Die Sicilianische Dichterschule, p. 211, n,l.
- 1 1 . Biràllami, cioè se me la dirai (a) .
- CXXIII
- 12273: Je sui des valiez Antecrist,
- 12282: Quel vie l'en i doit mener.
- 12. facciamo. Corr. facciam (a).
- CXXIV
- 12283 : S'il i a chastel ne cité
- 12298 : Donc l'en doie faire justice :
- 2. Paterino. Corr. Paterin (a). — V. p. ce mot CXXVI, 7.
- 8 . dubita. Il metro vorrebbe dotta, come al v. 14 (m).
- 13. duolo, Covr. duol (a).
- cxxv
- 12299: Par trestouz les Saints que l'on proie
- 12311 : Ou de porc au mainz une loigne,
- 4. Le sens me semble exiger o que ne donne pas le mt.
- 10. cappotti. Corr. cappon (A).
- CXXVI
- 12312: Il aura de corde une loigne.
- 12346: Qui vaudra pis que la pitance.
- 4. M t. fier.
- 7 . Les persécutions commencent à Prato en 1223 ; à Florence,
- rinquisitiou commence à fonctionner en 1243, sous la di-
- rection de Fra Ruggiero dei Calcagni ; l'année suivante,
- la répression s'exerce à Poppi et à Prato, où des femmes et
- des gentilshommes sont livrés aux flammes. Après la dé-
- faite des Patarics à Florence, en 1244, l'Inquisition employa
- surtout les armes de la délation, de la confiscation des
- biens, de l'exil; et, au commencement du XIV° siècle, les
- Patarins ne sont guère plus qu'un souvenir historique. Le
- second tercet a comme un écho de persécutions contempo-
- raines. Il a été écrit, non par un Patarin, mais par un de
- ces nobles, gibelins en politique, épicuriens de doctrine,
- qui furent, au XIII" siècle, comme leur plus illustre re-
- présentant, Frédéric II, les protecteurs des adversaires
- de l'Église romaine. V. Perrens, Histoire de Florence, 1,
- ch. 3 : « l'Hérésie à Florence, n
- - 164 —
- " CXXVII
- 12541: Faus-Semblant, distAmor, di moi
- 12577: Ce dist Amor apertement.
- 12. ogni on. Le copiste a oublié le trait suro de onp. uom.
- CXXVIII
- 12578 : Donc s'armèrent communément
- 12607 : Corn bone gent pitouse et sainte.
- 4. Mt. lor.
- CXXIX
- 12608 : Tantost Abstinence-Contrainte
- 12644 : Escrepe out plaine de soussi.
- I, 4, 5, 8. Les rimes doivent être en iera d'après filiera. Cf.
- LXXVII, 1, note.
- 2, venduta, fr. rendue. Cf. CI, II et note.
- 6. Trait emprunté au portrait de Faus-Semblant, qui suit im-
- médiatement.
- 9. el laccio. Forse e 'l laccio (a). — Rose: « A un blanc laz de
- fil pendiies. » el pour nel^7
- 9. bordone. Corr. bordon (a). — di ladorneccio p. ladronec-
- cio : (( De larrecin out un bordon. »
- cxxx
- 12645 : Quant el fu preste si s'en tome
- 12660 : Que l'en apele Coupe-gorge.
- 1. coro p. core. Cf. CXIX. 5.
- 2. Il manque une syllabe.
- 4. robo. Evidemment ro&«. — P. /'/y?/c A^fterfo, v.LXXXVIII,
- 13 et note.
- CXXXI
- 12661 : Tant va chascun et tant s'aprouche,
- 127 19 : Qui lor a dit : Or çà venez,
- 7. dissi. Corr. disse.
- II. avanti. Corr. avante, comme l'indique la rime.
- CXXXII
- 12720: De vos nouveles m'aprenez,
- 12744 : J'escouterai que ce sera.
- 1. s'inchiede. Corr. si 'nchiede (m).
- 13. Vers en blanc. Le texte français est:
- - 165 —
- L'ostel, dist il, tel com vous véés,
- Prenés, jà ne vous iert nées,
- Et dites quanqu' il vous plaira.
- CXXXIII
- 12745: Grant merci Sire. Adone commence
- 12819 : Se vous ne vous en repentes.
- 12. gran. Corr. grande.
- 14. ove. Corr. "ce ou o" : Cf. Ll, 4, note, et LXIII, 14; ou suppr.
- vo\
- CXXXIV
- 12820: Certes, dist-il, vous i mentes;
- 12845 : Comment par ci vint et parla.
- 7. Bello. Corr. Ben lo (a).
- CXXXV
- 12846 : Adonques Faus-Semblant parla :
- 12898 : Quant tex genz avez aservie.
- 3. Mt. vertale.
- 5. cierlano. Corr. ciertan. (a)
- 6,7. Corr. nimistate, amistate .
- CXXXVl
- 12899
- 12948
- Faus-Semblant ainsi le li prueve.
- Quassée l'ont, outre s'en passent.
- 9-11. Dans l'original, Contrainte-Abstinence ne prend point part
- au meurtre de Malebouche.
- 11. collo rasoio. Corr. col rasoi', ou laisserrasoi'o et supprimer
- E au commencement du vers.
- CXXXVll
- 12961 : Es-vous Cortoisie et Largece
- 12988: Sanz estre à nul jor défaillant :
- 2. trovarono. Corr. trovavo.
- 3. castro. Corr. cassero ou castello. Cf. XXVlll, 5. C'est le
- palais situé dans l'enceinte et où l'on tient Bel-Acuel en-
- fermé.
- 14. marzia. Corr. marzia, cioè ringrazia: ant. fr. inercicr.
- Cnf. CCI, 12 (m).
- CXXXVIll
- 12989 : Et s'il vous plesoit, douce mere,
- — 106 —
- 13024 : Ce li aura cent mars valu.
- 8. distrutto. Corr. distretto (a\ — Cf. LX, v. 8 et note.
- 1 1 . Mt. questa nohil (jliirlcmdeltfx. La rime et la mesure indi-
- quent nobile ghirlanda.
- CXXXIX
- 13025: Se Dex m'ait, s'estre péijst
- 13051 : Jamais ne les puet encuser.
- 2, 3, 6, 7. Ici encore les rimes me semblent devoir être en iera.
- Cf. LXXVll. où les mots sont les mêmes, et note.
- 3. La misura domanda una sillaba di più, forse così invece di
- sì (Mj.
- 10. Le copiste me semble avoir oublié di devant nuoci.
- CXL
- 13041 ; De ce, font-ils, n'estuet douter,
- 13120 ; Du tout me tieug à son pensé.
- 3. guari Covv. guar {k),
- 4. El dianolo. Corr. El diavol.
- 8. pensata, gallicisme.
- CXLI
- 13121 : La Vielle illuec plus ne sejorne,
- 13196: Qu'il ne vousist point retenii*.
- 3. latravo. Corr. là trovò (a).
- 5. ridea. Corr. ridia (a).
- 6. riconfordando.Corr.ri confortando. Cf. dolende CLXX.Xl,i.
- 9. Veccia. Corr. Ve' cciò (a).
- 13. E quella di domandar. Per la misura si vorrebbe E quella
- a domandar (m).
- CXLII
- 13197: Et la Vielle sanz autre conte
- 13261 : Donc les flors euleut plus que basme.
- 1 . biasimo. Corr. biasmo (a).
- 2. [è] est nécessaire pour le sens.
- 13. Image qui revient dans la bouche de l'Amante CCII,4, et
- qui, comme l'expression far carte, marque l'habitude de
- recourir aux pires de ces bourgeois que notre auteur aime
- si peu. Cf. ex VIII et uotL'.s.
- — 167 —
- ex LI II
- 13262: Par foi, j'eu craindi'oie avoir blasme,
- 13310: De prendre rien que je vous doigne.
- 1 . dubito. Corr. dotto, cnf. la nota al CXXIX, 8 (m).
- CXLIV
- 13315 : Bel-Acuel, sanz dire autre chose,
- 7. Comparaison qui n'est pas dans l'original. Cf. Dante da
- M alano :
- Nulla bellezza in voi è mancata :
- Isotta ne passate e Blanziflore.
- 8. Laissé en blanc au manuscrit,
- CXLV
- Suite jusqu'à
- 13348: A boen port estes arivez.
- 1. Cf. Rose, 1326: Franches genz et bien enseignies.
- 7. Or non consigliar te. Corr. Or vo' consigliar te [s).
- 8. hr andane. Corr. brandon (a).
- 10. ricorda. La rima fa supporre rimembra (m).
- CXLVl
- 13349 : Sachiez, se je fusse ausi sage,
- 13362: De ma grant beauté renommée
- CXLVIl
- 13360 : Trop iere lors de grant renon ;
- 13377 : Tant i avenoit de contens.
- 4. E molte genti. Corr. E molta gente ? (m).
- 6. mostra' vi. Corr. mostravi (a).
- 10, en anta . Sans doute p. innanti.
- 13. disdetto. Corr. disdotto (a). — Cf. XXXIX, 6 et note.
- CXLVIII
- 13389 : Bêle eire et jocue et nice et foie,
- 13414: Que je n'ai pas sanz grant domage.
- 9. non. Corr. ne ?
- 10. Chèlla. Corr. Che lia, et mettre point-virgule à la fin du
- vers .
- 14. 'Imal. Corr., d'après l'original, aiment
- - 1(3.S -
- CXLIX
- 13413 : Et puis que j'ai sens et usage,
- 13420 : J'iere jà hors de ma jovente ;
- 5. e' barattati. Corr. barattati (a).
- 6. a hi'.on ora. Coir, a buon or' (a).
- 13. ftgluola. Corr. figli{uol)a (m).
- CL
- 13421 : Mes huis qui jà souvent ouvroit
- 13444 : Ainz qu'il s'en fust outre passés.
- f). quel torno. Corr. 'w quel torno (a).
- 14. earnalm''nle. Sans doute coralmente, rnot si fréquent chez
- les vieux lyriques.
- CLI
- 13445: D'autre part, mes enfés gentils,
- 13467: Que par ap rendre ma doctrine.
- 1 . Rose, 3067 : « Cuer ne porroit mie penser » et suiv . Cf.
- VIII, note.
- CLIl
- 13468 : Por ce, beau filz, vous endoctrine
- 13494 : Sanz prendre en pitié ne respit :
- 9. che *•' V fosse. Corr. .s' ï fosse (a).
- CLI II
- 13495: Car au senz que Dex m'a donné
- 13516: Qu'ils n'ont garde de ma menace.
- 9. dubitan. Corr. clottan, cnf. la nota al CXXIV, 8 (m\ — Il
- est possible que le copiste, ayant sous les yeux dubtar (tv.
- doubter, catal. dubtar), y ait vu une faute et qu'il ait re-
- pris l'orthographe latine du mot.
- CLIV
- 13517: Piéça que bien le me disoient
- 13536: D' aquerre à faire sa dépense.
- l 'i . La rime doit être en ensa] il faut donc coir, adensa. C'est le
- français adeser, écrit d'après l'étymologie addensare .
- Cette idée revient souvent dans le texte français; ainsi v.
- 15052:
- C'est de %iellece qui ne cesse,
- Qui chescunjor de vous s'apresse.
- — 169 —
- Pour le sens d'adeser, v. Roland, v. v. 1997, 2159, 2436, 2437,
- 2438.
- GLV
- 13537: Lors ni'envign en ceste contrée
- 13564: Ainz que ma beauté fust gastée.
- 2. ligire pour licere, par cette altération d'e en i, si fréquente à
- l'infinitif dans les vieux textes, par le c/ pour le c, comme
- dans cinochioniTponr ginocchioni ÇCarduino, éd. Rajna, st.
- 70). Il est pris ici substantivement comme le français leîsir
- ( Rose, 'pasHin ), ou loisir, anglais leisure. Texte original:
- Et por ce que tenz et espace
- Nous est or venu si à point,
- CLVI
- 13603 : Beau filz, qui velt joïr d'amer
- 13641 : Et à prendre les mains ouvertes.
- Discussion des commandements d'Amour résumés au St. IV.
- 5. cuore. Corr. core. La fin des lignes de ce sonnet devait être
- un peu effacée, d'où les fautes du copiste,
- 8. ancora. Corr. ancore (a).
- 10, 12, 14. D'après poco, corr. loco, gioco. Cf. XXXIV, 2, 3, 5, 6:
- loco, gioco, poco, foco.
- 11. Vobriga. La rime doit être en argra, peut-être: lo sparga.
- Esser largo et spargere sont synonymes. V. Purg.
- XXIX, 97, 99.
- 13. Proverbe auquel il est souvent fait allusion. Monte Andrea da
- Firenze :
- Segnerò lo proverbio che è da Barga.
- CLVII
- 13642 : Donner est grant folle, certes,
- 13652 : Tel don puis-je bien consentir.
- 4. dono. Corr. don (a).
- CLVIII
- 13685 : Et se ce ne vous puet souffire
- 13696 : Donc grant avoir ert amassez
- 13. Tutti. Intendi Tu Iti (a).
- CLIX
- Les deux premiers vers en traduisent trois : 13697, suiv.
- Bon acointier fait homme riches.
- 12
- — 170 --
- Le reste, sauf le v. 1 1, est de l'auteur italien.
- CLX
- 13700: Bel-Acuel quanqu'il velt en sache
- 13764 : Quant las en sont et s'en ennuient :
- 1. a sol. Corr. a solo.
- CLXI
- 13765: N'en puetfame à bon chief venir.
- 13860 : Et fist comme marras tre amere.
- 6. Une syllabe de trop pour la mesure . Le texte français est :
- « Que refist Jason de Médée? » Je proposerais de lire
- Giesonai', ou de le remplacer par Giesono, cf. CX, 6.
- CLXII
- 13861 : Mil examples dire em-porroie, et passim.
- 1. assenpri. Assempro pour esempio est partout au XIII^ siè-
- cle. Au commencement du mot, a se substitue souvent aune
- autre voyelle: dans ce texte, nous avons vu argogliosi p.
- « orgogliosi, )) afendere pour « offendere. » Sanatare pour
- « senatore » se rencontre à chaque instant, comme canos-
- cenza pour « conoscenza.» Après b, p,f, l'r remplace sou-
- vent l: sembrare ; dans le Tesoretto XIX, 182, rassenv
- prare; dans la langue populaire, /"rG^/e/Zo pour a flagello.»
- Par contre, r s'adoucit dans albilro pour « arbitro. »
- CLXlll
- passim jusqu'à :
- 13870 : Que touz les mete à grant mesese.
- 4. imetV a. Corr. 't meW a (a).
- CLXIV
- 1 4097 : Beau très douz filz, se vous vivez
- 14126: Li dieu d'amors et la deesse
- 5. congio, français « congié. »
- 10* a ballo sta, overo. Corr. a ballo, overo (a).
- H. luogora pour luoghi. Ces pluriels sont fréquents à cette
- époque. Bono Giamboni, Préface à Paul Orose, logora,
- nomerà; ailleurs sedia ra ; Giulio d'Alcamo, /bco/Y/, schian.
- torà; Intelligenza st. 1 pratora; st. 25 sessecantora ; st.
- 38 ^la torà, etc., etc.
- — 171 -
- CLXV
- 14127 : Mes bien se soit auçois mirée
- 14152: La bêle forme dupiévoie.
- CLXVI
- 14173: Et s'el n'est bêle dévisage,
- 14179 : Que beauté de cheveléiire.
- Pour les V. 5, 6, v. 13899 suiv.
- Et s'el ont mestier d'estre taintes
- 12. E faccia. Corr. Faccia.
- CLXVII
- 14180 : Touz jors doit femme mètre cure
- 14198 : Car art aide moult à nature.
- 2. A prender ella. Corr. J. prendere lia o A prender ella (a).
- 3. par. Corr. par[e] (m).
- 9-12. Développement de limage que l'original traduit v. 8 ne fait
- qu'indiquer.
- CLXVIII
- 14199 : Et s'ele pluseurs en acroche
- 14214 : Car perduz est li remanant.
- 8. gioie. Corr, gioì. L'apocope de la voyelle finale, est fréquente
- lorsque les syllabes finales io, ia, ie, sont précédées d'une syl-
- labe accentuée : marinai', rasoi', noi', etc. Le groupe pouvait
- être considéré comme ne formant qu'une syllabe. Cf. Gaspary,
- Die Sic. Dichterschule, p. 63, n. 1. — recate. Corr. recata.
- CLXIX
- 14215 : Amer po\Te homme ne li chaille
- 14228 : Tost ou en haste ou à lesir.
- 7. La rime exige l'orthographe «5'Z^a.
- 14. Drude rie signifie alors des marques d'amour sans aucune
- nuance déshonnête.V.Redi, t. IV, p. 72-75. Cf.G. Faidit :
- E '1 fin liai amador
- E las domnas ses bauzia
- Mantenguesson drudaria.
- CLXX
- 14229 : Et bien gart qu'el n'aint ne prise
- 14244 : De pucele ainsi decéiie.
- — 172 —
- 5. grande. Covv. gran.
- 7. Vers étr-angement défiguré. Corr. E Tolomeo g là dicie in sua
- legienda. Texte fr. '< Car ainsinc le dit Tholomée."
- 8. amore. Cow. amor.
- CLXXI
- 14245 : Et s'il vient aucun prometierres
- 14259 : Demeure les amans atise
- 10. Con'.5i guarda bene la sua 'ntenzïone.
- 12. Diévè%e k risponsïone .
- 13. La mesure me semble demander une syllabe de plus : corr.
- attender oÀ ?
- 14. sospesone. Corr. sospeccîone. Cf.XXVIl,l.
- CLXXll
- 14259 : Demeure les amans atise
- 14275 : Et qu'ils facent pez et concorde.
- 9. pregherie. Corr. pregheria.
- 12. malesta. C'est peut-être une forme archaïque pour molesta,
- plutôt qu'une faute du copiste. 'V. CLXII, 1 et note.
- CLXXIIl
- 14276 : Cele qui puis à lui s'acorde,
- 14294 : N'entende à rien fors à l'avoir.
- 6. tenuta. La rime est en ata. Corr. piagata ? Cf. CLXXIX, 1 1 .
- 7. avete. Corr. avevate.
- GLXXIV
- 1 4295 : Foie est qui son ami ne plume
- 14306 : Com qui l'auroit chier achatée.
- CLXXV
- 14307 : Mes au plumer rafiert maniere, et suiv.
- 2. non sine. Corr. non sin, cioè se ne (a).
- 5. cianheriera, « chamberiere. » Aujourd'hui, par contre,
- camerière (v. 9) est français.
- 8. amoniera, >i aumosniere » : pris au passage de CXC.
- 13. non lo : Per la misura si vorrebbe noi (m).
- CLXXVI
- Suite jusqu'au v.
- 14338 ; Qu'êI l'a trop durement grevé.
- 2. follagio, Rose, 3166: « Te fist entrer en tel folage. »
- — 173 —
- CLXXVII
- 14389 : Et s'ele voit qu'il s'aperçoive.
- 14374 : Tant qu eie ait la pécune éiie.
- 12. duole. Corr. duol (a).
- CLXXVIII
- Développement qui n'est pas au R. d. 1. R., et qui me paraît
- peu naturel.
- 1. diavolo. Corr. diavol.
- 4. un gaggio. Corr. '« (in) gaggio et supprimer la virgule.
- 10. Kalen Magic. Corr. Kalen di Magio.
- CLXXIX
- 1-5: 14379 ; Et s'il ne li a que porter,
- 14388 : Qu'il n'a de Sainz en paradis.
- 5-14 : passage du S*. CLX.
- 7-9. Ce petit discours remplace l'apostrophe à «saint Liéfart
- de Meun » et permet à l'auteur sa répétition d'ingan-
- nare. V. CXVIII, 14.
- CLXXX
- 1-1 1 : 14393 : Si doit fame, s'el n'est musarde,
- 14413 : Tout puisse eie mielz par la porte,
- 12-14: 14301 : Car ce que l'en a pour noiant
- 14306 : Com s' en 1' avoit chier achatée .
- 8. conpiuta. Corr. conpita.
- 12. travoglia. Corr. travaglio.
- CLXXX 1
- 14421 : Puis doit la dame souspirer
- 14432 : Sanz estre par amers amée.
- 4. dolende. Corr. dolente.
- CLXXXII
- 1-11 : 14433 : Et quant orra ceste parole
- 14454: Qui sol cuide sa fame avoir.
- 14. L'héliotrope, pierre qui rendait invisible la personne qui la
- portait. Elle figure dans tous les lapidaires. Cf. Inf. XXIV,
- 93; et surtout Decamerone, g. VIII, n. 3. Les mésaven-
- tures de Calandrino ont rendu ce talisman célèbre.
- — 174 —
- CLXXXIII
- 14477 : D'autre part els sont franches nées
- 14570 : Car touz jors avoir la voiToient.
- 6. gran. Corr, grande.
- 8. tr ornar. Corr. tornar.
- 12. Mt. natura francheza, mais le signe de \'n est oublié ti'ès-
- ' souvent.
- CLXXXIV
- 14803 : Et s'il ne se deigne escondire,
- 14826 : S' il n"a poor d'estre acoupis.
- 8, più. Covr. 'piii[ché] (m).
- CLXXXV
- 14841 : Lors se c'est uns autres amis
- 14869 : Entre ses bras dedenz sa couche,
- 3. El' un. Corr. E l' uno.
- 12. Une syllabe de trop; corr. egonella.
- CLXXXVI
- 14867 : Si commant que de prison saille.
- 14882 : Mains est plesans, mains a de pris.
- CLXXXVll
- 14895 : Et quant se seront mis en l'euwe,
- 14912 : Ce qu'el ne prise une chasteigne.
- 10, che vi sia. Corr. che sia.
- 11. senbiante. Etourderie du copiste: corr. senhianza.
- 13, Quando Vuom. Corr. E quando Vuom.
- CLXXXVIII
- 14913 : Et s'il, por els asséiirer,
- 14938 : Trestoute lor joliveté.
- CLXXXIX
- 14939: Et s'el n'a pas lesir d'aler
- 14972 : Qui saura toute sa couvine,
- 2. là ov' ella. Corr. là '»' ella ?
- CXC
- 14997: Mes gartquejà ne soit si sote
- 15036 : Fame qui de largece a teche.
- — 175 —
- 13. od aguglier. Corr. o aguglier (a).
- CXCI
- 15031 : Mes hom qui bien sage seroit,
- 15058 : Ne valt pas un grain de moustarde.
- 4 . chellacci. Entendre che lacci.
- CXCII
- 15059 et suiv.: Ha! las, ainsi n'ai-jo pas fet.
- 3. danaro. Corr. danar.
- 12. Mt. Che moltosto.
- 13. Mt. si battuta,
- CXCIII
- Suite jusqu'à:
- 15141 : Par ces buissons gratant mes temples.
- 2. Mt. conosiente.
- CXCIV
- 15149 : Ainsi la vielle a sarmonné :
- 15188 : Vivoit en j angle et en envie.
- CXCV
- 15206: Quant la vielle out tant fabloié,
- 15224 : Ne croi-je rien, soit voir ou fable ;
- 2. « Et dist comme bien enseigniés. »
- 12. Il manque une syllabe ; corr. E se vaimi.
- 14. vuole. Corr. vuol.
- CXCVI
- 15225: Mez du vallet que vous me dites,
- 15264: Je serai tout vif desmembrez.
- 3. Sed e' la sa. Corr' Sed e' la si à. Texte:
- S'il a grâces, si li dcmorent.
- Ge ne bé pas que soient moies,
- Ains les li quit.
- CXCVII
- 15265 : Et la vielle moult l'asséûre.
- 152S0 : Filz qui tant vaus et qui tant fez.
- CXCVI 11
- 15281 et suiv.: Leur paroles atant faillirent,
- CXCIX
- Suite jusqu'à:
- 15326 : Se je puis trouver l'uis ouvert.
- — 176 —
- ce
- 15327 : La vielle atant de moi se part.
- 15342: Et son hest qui confort me porte.
- 14. Mt. intrama corto.
- CCI
- 15361 : Quant cele porte que j'ai dite,
- 15385 : Et de son chapel me mercie.
- 13. gioie. Corr. gioV. Cf. CLXVIII, v. 8 et note.
- CCll
- 15386 et suiv. : Sire, fiz-je, ne vous poist mie,
- 2. Diérèse dans degnïasteï
- 4. ïïiogior. Corr. magiore.
- CCIII
- Suite jusqu'à :
- 15451 : A poi que je ne vous -affronte .
- 6. Tra' C adietro. Corr. TràV adietro.
- 12. Allusion italienne.
- CCIV
- 15452 et suiv. : Lors saut Poor et aqueurt Honte,
- 6. Ched eie 7 mi. 11 y a plutôt au mt. Chedelelrai, et la se-
- conde l semble une correction faite sur un t.
- CCV
- Suite.
- 3,4. Dans le mt., ces deux vers sont les derniers du sonnet.
- 14. diciean et niente comptent chacun pour trois syllabes.
- CCVI
- 15688 : Lors me rasaillent de rechief ;
- 15758 : S' orron comment chescun bataille.
- 1 . Mt. andacar.
- 3. Mt. cogniobor.
- 4. bacie ou boce p. « voce » est fréquent dans les anciens tex-
- tes, et s'est conser-vé en Toscane dans les dialectes popu-
- laires .
- 9 Mt. partir. — baratta, bruit que fait une armée. Cf. Intel-
- ligenza, st. 274, et Chanson des Saisnes :
- Or set bien qu'il est dedanz l'ost perceux :
- Jà i aura barate et granz criz et granz huz.
- - 177 —
- CCVII
- 159;:59 et suiv. : Franchise vint premièrement
- 4. Une syllabe de trop : supprimer si.
- 10. Si s' aperse. Franchise ramène le bras droit en arrière pour
- brandir sa lance : « Brandit la hanste de sa lance. " Cf.
- Dante, Purgat. XXXI. 100:
- La bella donna nella braccia aprissi.
- CCVIII
- Suite jusqu'à:
- 1 6089 : Dangier crie : Secors ! secors !
- 9. Une syllabe de trop : corr. spunton.
- CCIX
- 16090: Atant ès-vous Honte le cors
- 16115: C onques li cops ne li greva.
- 2. derate, au v. 8 indique la rime en aie.
- 5. diversitade. Cf. XXVI, 10.
- CCX
- 16116: Et Honte requerre le va,
- 16122: Que l'en apele Bien-Celer.
- 12. di stretti. Corr. distretti.
- CCXI
- 16123: Bien-Celer fut moult bon guerriers,
- 16153: Qui trop souloit estre couarde:
- 7. Allusion italienne.
- 13. Cf. 16093: <( Trop avès, dist-ele, vescu.»
- CCXII
- 16154 : Honte sa cousine regarde,
- 16195: Et Poor dit que si fera.
- 5. Il manque une syllabe : corr. la battaglia.
- CCXllI
- 16196: Dist Séûrté : Ce que sera,
- 16258 : One en estor ne vi tel couple.
- CCXIV
- 16259: Si renforça li chapléïs,
- 16282: Ne vous ert dit certaineté.
- — 178 —
- 4. trapresaglia. Coir, 'niro.prescujlia pour intrapresaglia dérivé
- de intrapreso.? Cf. LXIX, 1 et note.
- 7. trieva. V. CCXVIII, 9 et note.
- 11. Dans le texte français, Franchise est accompagnée de Douz-
- Regart.
- CCXV
- 16307 : De l'ost se partent li message
- 16334! S'ombroioient de jouste un vivier.
- Très-modifié : suppression de l'épisode d'Adonis : par contre
- détail circonstancié du message confié à Franchise ; les
- deux derniers vers ajoutés.
- 8. Ciecierono. CCXVll, 3 ; Cicierone; CCXVIII, 6 : Ciceron.
- — Le mt. 438 donne partout Chicheron au lieu de Citéron.
- J'ai fait remarquer ailleurs qu'il préfère le c/i au c ; la con-
- fusion si fréquente de g et de t achève d'expliquer l'alté-
- ration du mot.
- 9. Mt. Che vi fosse ca diessa
- CCXVI
- 1G420 : Cil qui n'ierent pas sejomé,
- 164.30 : Moi ne mon art, ne mon brandon.
- Dans le texte français, cet entretien a lieu à Citéron même
- quand Vénus est revenue de la chasse, et le discours
- des messagers est résumé en deux vers.
- CCXVll
- 1643.5 : Lors fit sa mesnie apeler ;
- 1 6442 : Pris en son colombier moult beaus ;
- 9. Au texte français, il est parlé du limon, mais pas du limo-
- nier.
- 12. Une syllabe de trop: corr. A corde di fil d'or.
- 13-14. N'est pas au texte français.
- CCXVIII
- 16443 et suiv.: Toute lor chose ont aprestée.
- 9. La forme trieve, rencontrée déjà CCXIV, 7, est ici confirmée
- par la rime. Cf. Tesoretto, VI, 30, où Zannoni maintient
- tregua rimant avec Eva, sous le prétexte que <( il solo
- Magliabechiano legge trieva. » Nous avons vu déjà sieva
- pour segua CXV, 10.
- — 179 —
- CCXIX
- Suite jusqu'à :
- 16552: Por ce qu'il jurent vérité.
- 10. si aportaro. Etourderie du copiste, le terme omis répondait
- sans doute à cuiries.
- 14. La rime devait être en aie. Cette préoccupation des décré-
- tales est un trait bien italien.
- CCXX
- 21433: Venus qui d'as.saillir ert preste,
- 21440: Dist Honte, point ne m'en esmoi.
- L'auteur laisse de côté l'épisode de Nature et de Genius, qui a
- près de cinq mille vers.
- 1 . Venus. Corr. Yenusso.
- 7. afenda. Cf. XXXII, 7 et note.
- CCXXI
- 21441 et suiv.: Quant la deesse entendi Honte :
- 7. orandone. Corr. brandon.
- 10. 00' figluoi. Corr, col figluol.
- CCXXII
- Suite jusqu'à :
- 21504 : Jamais par amors n'ameroit.
- 1. Venus. Corr. Venusso.
- 5. Une syllabe de trop : corr. diavol.
- 9. gioia. Corr. gioV.
- CCXXIII
- 21505 : Venus à plus dire n'entent,
- 21532: Qui fust jusqu'en Constantinnoble ;
- 1 . Venus. Corr. Venusso
- 9. Une syllabe de trop : supprimer avea et le poiut-vii'gule à
- la fin du vers ?
- CCXXIV
- 21559 : Mes l'image dont ci vous conte,
- 21584 : Tant ert de beauté précieuse.
- 1 . Mt. imaginel saggio.
- 3. Cf. 21465 : « Touz iront à procession. »
- 4. Cf. 21477 : « Touz i feront lor pénitence. »
- 5. paria. Corr. sarta,
- — 180 —
- 10. Mt. rlique; de même CCXXIX, 5. Le mot est bien écrit
- CCXXVIII, 11 ; mais, dans les trois passages, le vers a
- une syllabe de trop, ce qui pourrait faire supposer que
- l'auteur prononçait r'iique. En lisant relique, il faudrait
- remplacer disotto par sotto.
- CCXXV
- 22041 : Venus n'i va plus attendant;
- 22069 : Fuit s'en Poor, Honte le lesse.
- L'auteur laisse de côté l'histoire de Pygmalion.
- CCXXVI
- 22070 : Embrasée, le chasteau lesse,
- 22107 : Trestuit ont le porpris vuidié,
- 3, entra entrò. Corr. entrò dentro.
- 14. Une syllabe de trop : supprimer sua?
- CCXXVI I
- 22108 : Beau très douz filz, por Dieu merci,
- 22141 : Que bien voi qu'il aime sanz guile.
- CCXXVIII
- 22142 : Et je l'en rent merciz deux mile
- 22163: Miels c'onques Dedalus ne sont,
- 2 . Vers incomplet au mt.
- 9-11. Ce tercet emprunté au passage
- 22379 : Tout mon harnois tel com le port,
- 22382: Se je l'en puis tant apreuchier,
- devrait être placé le second .
- 1 1 . Une syllabe de trop : supprimer ne ?
- CCXXIX
- 22383 et suiv. : Lors ai tant fet et tant ené
- 5. Mt. rlique: corr. apressando?
- 7. quel. Corr. quelle.
- CCXXX
- Suite jusqu'à:
- 22530 : En fiz eslargir et estendre.
- .5. bordon. Corr. bordone.
- CCXXX 1
- 22543 : Quant en si haut degré me vi,
- — 181 —
- 22561 : Qui tant en moi gasta de peine,
- 7. Il manque une syllabe: cori', loro.
- 8. non guardar ma/ guado. Ci>it. non guardami' a guado ? —
- Pour le sens, cf. Tesoretto, XXI, 241, où le mauvais
- joueur
- Sovente pigne il dado
- E non riguard' a guado ;
- et Dante, Paradis, VII, 90 :
- Senza passar per un di questi guadi,
- c'est-à-dire mezzi.
- 9-10. Le texte de Méon omet ces deus bienfaiteurs dans l'énu-
- mération que fait l'Amant. Les mts. 438 et 246 sont
- d'accord avec l'imitation italienne, et donnent après le vers
- 22554 ce Qui m'orent aidé mielz que nus » les deux vers
- suivants :
- A Bel-Acuel et à Ami
- Qui m'ont esté si bon ami.
- 10. Diérèse dans grazie?
- 11. Ragione. Corr, Ragion.
- 12. gioie. Corr. gioì'.
- CCXXII
- 22562 : Maigre Richesce la vileine
- 22574 : Moult en a or fet bone garde.
- 3. camino. Corr. camin.
- — -'-^'^»9oecv<"^—
- ERRATA
- Page 4, VI. LA SCHIFO Lisez: LO SCHIFO.
- V. 7, chu — chu'.
- VII, V. 8, chu — chu.
- — 5, VIII, V. 4, figure corn' on — figure, corn' on.
- — — IX, V. 7, a' — a .
- — Il, XX, V. 12, dele — de le.
- au lieu de XX au second sonnet. — XXI ,
- XXI, V. 8, fù — fu.
- — — — V. 9, delà — de la.
- — 13, XXV, V. 13, aie — aie.
- — 14, XXVI, V. 13, sii — sì '1.
- — 27, LU, V. 1, guardia — guarda,
- — 33, LXIV, V. 10, Chella — Ch'ella.
- LXV, V. 13, chu — chu'.
- — 34, LXVI, V. 4, chu — chu' .
- — 37, LXXIII, V. 13, guardi — guardi'.
- — 38, LXXIV, V. 4, guia. — giva.
- — 40, LXXVIII, V. 1, tutto lo — tutto "1.
- LXIX — LXXIX.
- — 41, LXXXI, V. 11, in n — inn.
- — 44, LXXXVI, V. 4, del' oltragio. . — de l'oltragio.
- — 46, XGI, V. 11, insignirei — infignirei.
- — V. 12, po' — però .
- — 48, XCIV, V. 13, Che — Che.
- XCV, V. 2, sante — Sante,
- — V. 11, monde — mondo.
- — 53, CV, V. 5, altru — altru'.
- — 54, evi, V. 11, dal un — da l'un.
- — 56, ex, V. 3. altru — altru'.
- — 58, CXV, V. 2, a — à.
- — V. 10, a. — a'.
- — 184 —
- Page 59, CXVII, v. 4, colu Lisez : colu' .
- — V. 12, con — c' on.
- — 73, CXLIV, V. 3, SI — Si.
- — 78, CLV, V. 2, ligire — ligire.
- — 82, GLXII, V. 6, so — so'.
- — 92, CLXXXIII. V. 10. ciòvi — ciò vi.
- — 103, CCV, V. 9, Sì eh T — Sì ch'i'.
- — 122, 1. 15, reproduits — reproduit.
- — — 1. 25, de Chaucer — attribuée à Ghaucer.
- — ^ï'N/ftSÇ'ec^ys^. —
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